Réveiller l'Europe ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Réveiller l’Europe ?

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« À l’Europe, nous pouvons demander : où est-ta vigueur ? Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et t’a rendue grande ? Où est-ton esprit d’entreprise et ta curiosité ? Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion ? »

Cette interpellation du pape François au Conseil de l’Europe rejoignait celle qui avait précédé au Parlement européen. J’ai le sentiment que c’est exactement ce qu’attendait de cette visite à Strasbourg Martin Schultz, le président social-démocrate de ce parlement, qui tenait de toutes ses forces à la venue du pape. Ne partage-t-il pas le même jugement sur la situation morale de l’Europe et de ses institutions communautaires ? Une Europe qui ne dispose plus de l’assentiment des peuples et à laquelle il convient de rendre de l’énergie, avec le renouveau de sa foi en sa vocation ? Contrairement à beaucoup de ses collègues de la gauche européenne, Martin Schultz ne partage pas l’anticléricalisme ambiant et se montre persuadé que l’évêque de Rome, venu d’un autre monde, pourrait agir puissamment en faveur d’un réveil.

Pourtant, à bien des égards, le message de François avait de quoi mécontenter au-delà de Jean-Luc Mélenchon, ceux qui ne supportent pas le rappel de la défense de l’être humain, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. La philosophie de la personne, qui a les yeux tournés vers le ciel et les pieds solidement ancrés dans le sol, implique des conséquences exigeantes qui vont dans le sens contraire d’un individualisme replié sur une monade indifférente aux relations vitales qui s’imposent pour le corps social. « De l’individualisme indifférent naît la culture de l’opulence auquel correspond la culture du déchet. » Ces mots martelés à Strasbourg sonnaient comme un appel vibrant à une prise de conscience déterminante pour les Européens. Avec une Europe qui n’est plus ouverte à la vie et à sa fécondité.

« Il ne faut pas que la Méditerranée devienne un grand cimetière. » François, depuis son passage sur l’île de Lampedusa, est souvent revenu sur la question cruciale de l’immigration et du sort pathétique de ceux qui fuient leurs pays d’origine. Il a assorti son cri du cœur de quelques remarques précieuses sur les dimensions d’un drame qu’il faut aussi traiter à la racine. Il s’agit, en effet, d’agir sur les causes et non seulement sur les effets.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 novembre 2014.