Retour de Rome - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Retour de Rome

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Oui j’étais un des 15 000 prêtres rassemblés à Rome à l’appel du Saint-Père pour la clôture de l’année sacerdotale. Je suis arrivé le Mercredi matin à 11h à la Basilique Saint-Jean de Latran où se rassemblaient, le Mercredi et le Jeudi matin, les francophones, les hispanophones et les lusitanophones. La Basilique était absolument pleine. Le premier coup d’œil était saisissant : une église immense remplie uniquement de prêtres en aube et étole blanche. Je suis arrivé pour la messe. Celle-ci était magnifique, chantée par les séminaristes du séminaire français, présidée par le secrétaire de la congrégation pour le clergé et en présence des cardinaux Vingt-Trois et Ricard. Ensuite, déjeuner dans un restaurant entre francophones, près de la basilique Sainte-Marie majeure, après une heure d’attente pour récupérer la mallette du parfait « prêtre congressiste » ! Là j’ai réalisé que nous étions bien plus que prévu, qu’il avait fallu dédoubler les lieux de célébrations…
Le soir, Vêpres entre Français (environ 800) présidée par le cardinal Vingt-trois ; puis je pars à la recherche de mon hébergement, la Maison Mère des religieux des Sacrés Cœurs. Là je trouve une petite communauté internationale où le français, l’anglais et l’italien sont tour à tour utilisés éventuellement dans la même phrase ! C’est cela l’Église !
Le lendemain, de nouveau, à Saint-Jean de Latran . J’écoute une conférence du cardinal Ouellette (Canada). Il insiste sur notre lien tout spécial, à nous, prêtres, avec la Vierge Marie, comme les Apôtres, au cénacle. Il nous fait aussi remarquer que nous sommes environ 400 000 dans le monde, mais que nous ne sommes, en fait, qu’un seul Prêtre. Après la conférence, adoration et confessions. Je comprends mieux, alors, que c’est à une véritable retraite que nous sommes appelés. Ensuite, après avoir raté le lieu du repas (qui a changé depuis la veille !) je pars en pèlerinage solitaire, à travers les rues de Rome. Je vais prier à Sainte-Marie majeure, à Sainte-Praxède, à Saint-Clément puis au Gésu (où est mon saint patron) à Saint-Ignace puis enfin à Sainte-Agnès avant de rejoindre la place Saint-Pierre pour la grande veillée avec le Saint-Père. Au hasard des rues, je rencontre des amis, ainsi que sur la place Saint-Pierre. Nous, les prêtres, nous sommes vraiment ici chez nous à Rome ! La place se remplit peu à peu. Je suis arrivé assez tôt. Je suis donc au quatrième rang. La veillée commence par des témoignages entre autre celui du futur curé d’Ars, qui nous parle du Saint-Curé. À ce moment, je prends conscience de l’audace de l’Église. En effet sur la façade de la Basilique au milieu de la place, au-dessus de l’autel, l’un de nous et l’un des plus petit est là. Une grande bannière le représentant domine la place. Ce curé d’un village de 200 habitants, qui n’est jamais sorti de France, est représenté sur une des places les plus célèbres du monde, honoré par toute l’Église.

Quand le Pape arrive c’est une explosion de joie. Quand il prend place et se retourne vers l’assemblée, ses yeux brillent. Il est visiblement très ému et heureux. Il a suscité le plus grand rassemblement de prêtres de l’Histoire. Et nous sommes là autour du Seigneur, du successeur de Pierre et de l’humble curé d’Ars. Le Pape répond sans notes aux questions de cinq prêtres. Il nous encourage et nous prodigue très paternellement ses conseils. Il nous ramène à l’essentiel : la vie de prière, les sacrements mais aussi le repos ! Il resitue la théologie au cœur de l’Église, relativise les expériences, nous conforte dans le choix du célibat qui montre comme une anticipation du Royaume. « Le monde futur entre dans la réalité de notre temps ». Le célibat, nous dit-il, témoigne que nous prenons Dieu au sérieux. Bien sûr, le Pape nous parle de l’Eucharistie qui est libération de nous-même, pour nous offrir par amour aux autres. Finalement il nous invite à l’espérance face au manque de vocations sacerdotales, dans certaines régions du monde, mais aussi à l’action de grâce pour les jeunes prêtres et les séminaristes. Ensuite vient le temps de la prière. Une petite procession eucharistique traverse la place et nous avons un temps d’adoration suivi de la bénédiction par le Saint-Père. Tout cela dans un recueillement, un silence impressionnant. Un temps de grâce exceptionnel !

Le lendemain matin, nous sommes donc plus de 15 000, la place remplie de prêtres jusqu’à l’obélisque. Nous concélébrons avec le Saint-Père, dans un profond respect du Sacrement de l’Eucharistie. Tout se déroule paisiblement. Nous sommes invités à deux temps de silence qui sont respectés de manière admirable. Dans son homélie le Pape commente le psaume 22 nous invitant à être, comme le Christ et saint Jean-Marie Vianney, de bons pasteurs. La messe se termine par la consécration au Cœur de Marie, une invitation à la ressemblance avec Marie, à la sainteté. J’ai alors revu en imagination la mosaïque du Sacré-Cœur de Montmartre où le Cœur de Marie est comme un miroir qui reflète les rayons qui jaillissent du Cœur de Jésus. C’est peut-être à cela que, nous, prêtres, nous sommes appelés : réfléchir les grâces venant du cœur du Christ.