Respectez les personnes - et la vérité - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Respectez les personnes – et la vérité

Traduit par Claude

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L’archidiocèse de Washington a publié un Plan Pastoral pour Implanter Amoris Laetitia. Il inclus beaucoup d’excellentes choses, telles que la note emphatique de la page 18 intitulé « L’enseignement de l’Eglise n’a pas changé ».

Qui explique:

Non, l’enseignement de l’Eglise n’a pas changé. la vérité objective n’est pas affectée. Oui, la capacité de l’individu à comprendre et à s’approprier l’enseignement et sa signification est encore un facteur déterminant pour juger la culpabilité personnelle. Non, les jugements de prudence qu’ont des individus à propos de leur propre situation ne mettent pas de côté l’ordre moral objectif. Oui, la culpabilité de chacun devant Dieu suit sa propre conscience, et une décision de conscience d’agir d’une façon ou d’une autre requière conseil et formation spirituelle. Dans le ministère pastoral catholique il y a une interaction des directives morales objectives et de l’effort de les vivre selon la capacité de chacun à les saisir et ainsi à faire des jugements prudents appropriés.

Il est cependant saisissant, que, dans un plan pastoral diocésain mettant en application un document d’enseignement papal, il soit jugé nécessaire d’affirmer que l’enseignement de l’Eglise n’a pas changé. Cela rebute ceux qui disent que Amoris Laetitia a changé l’enseignement de l’Eglise. Ce qui ne peut pas être parce que « la vérité objective de la foi reste inchangée ». La doctrine morale de l’Eglise ne peut être défaite en général ou même au cas par cas, dans laquelle chacun peut trouver et choisir ce qui est bon, ou mal, pour lui.

« Direction et formation spirituelle » de la conscience sont nécessaires, ce qui signifie que ceux qui affrontent des choix moraux difficiles doivent faire l’effort de se renseigner sur l’enseignement de l’Eglise à travers l’étude, la réflexion méditative et l’avis et le conseil de professeurs qualifiés qui à la fois connaissent cet enseignement et y croient.

Notre compréhension de l’enseignement de l’Eglise devrait au delà de la simple connaissance de telle ou telle doctrine. Nous devons aussi accepter dans la foi que la doctrine est à la fois véridique et bonne, et que Dieu attend de nous que nous vivions en accord avec sa Doctrine, que c’est possible, et que toutes les difficultés perçues sont surmontables avec l’aide de la grâce de Dieu.

Le devoir des pasteurs est de guider le fidèle qui vient à lui pour acquérir une vie vertueuse et pour renoncer à toutes les tentations de justifier la chute dans le péché en revendiquant qu’un commandement (tel que «  Tu ne commettras pas d’adultères »), est impossible à suivre ou ne s’applique pas en raison de certaines circonstances atténuantes.

Un pasteur ne devrait jamais dire : « Voici ce que l’Eglise enseigne. Mais faites ce que vous avez envie de faire », comme s’il était un arbitre neutre. Non, le bon berger, fait tout ce qu’il peut pour conduire le fidèle à obéir à la loi de Dieu sans exception, ce qui est le seul « jugement prudent approprié ».

Une décision prise en conscience sachant de pécher est toujours objectivement mauvaise, même quand la culpabilité de la personne peut être partiellement ou complètement mitigée parce que c’est toujours une faute de violer la loi de Dieu.

Ainsi je partage les réserves de Edouard Peters au sujet de la phrase du document Washington qui dit :

«  Les prêtres sont appelés à respecter les décisions prises en conscience par les individus qui agissent de bonne foi et du fait que personne ne peut s’immiscer dans l’âme d’un autre et poser un jugement à leur place. »

Peters observe justement que si « la phrase signifie que les prêtres doivent respecter la décision des catholiques divorcés-et-remariés-civilement, et vivant comme s’ils étaient mariés, d’approcher pour la Sainte Communion, et doivent leur administrer le Sacrement, alors l’exhortation tombe en violation du Canon 915 et en violation de la Discipline Eucharistique que ce canon a toujours explicité ». (Le Canon 915 prohibe l’admission à la Sainte Communion à tous ceux qui persistent obstinément dans la manifestation d’un péché grave.)

Le prêtre n’est pas obligé de donner la Sainte Communion à ceux qui ont obtenu un jugement de divorce civil et ont fait l’essai d’un autre mariage civilement. Il doit avertir chacun de cette situation par rapport aux clauses du droit canon. Il n’importe pas qu’ils aient décidé, en conscience, qu’ils aient le droit à la Sainte Communion, pour une raison ou une autre. Le droit canon régit le comportement extérieur et le « remariage » civil et la cohabitation sont des conduites vérifiables de manière extérieures.

Les prêtres doivent en conscience soutenir les lois canoniques. La réprimande légale de ceux qui persistent dans un grave péché manifeste est un appel à abandonner le chemin de vie pécheresse et d’embrasser la fidélité au 6 ème commandement et aux promesses du mariage.

Alors que signifie « respecter les décisions prises en conscience »? Est-ce que je dois être d’accord avec ces décisions? Me retenir d’essayer de convaincre quelqu’un qu’il a fait une terrible erreur de jugement s’il décide qu’il peut pécher en bonne conscience? Est-ce que je manque de respect si je contredis sa décision et son raisonnement? Est-ce que je dois modifier mes pensées et mon comportement pour accommoder une mauvaise décision? Est-ce que critiquer et ne pas coopérer avec une décision prise en conscience est l’échec d’un accompagnement adapté ?

Bien sûr que non, dans tous les cas. Le respect pour une personne signifie qu’on lui montre de l’amour. Ainsi nous partageons avec lui et nous le soutenons pour de bonnes décisions; ainsi nous risquons de l’offenser en le contredisant ou le réprimandant lorsqu’il choisi ce qui est mal. Respect n’est pas une formule pour priver un pécheur d’un mot de vérité qui le sauve et le mène à abandonner le péché pour embrasser la volonté de Dieu, telle que connue dans la Loi de Dieu.

Il est mal de demander à quelqu’un de violer sa conscience quand il a embrassé la vérité et vit en accord avec cette vérité. Les martyrs qui ont donné leur vie plutôt que de renoncer au Christ nous enseignent ce que nous devons faire. Ce n’est pas mal d’insister pour qu’un Catholique qui prétend que sa conscience l’autorise à vivre dans une union active d’adultère doive renoncer à ce jugement erroné pour le bien de son âme, le bien de l’âme de l’autre personne, et cesser de scandaliser la communauté chrétienne – et peut-être d’encourager d’autres à suivre son exemple.

Non, les jugements de prudence des individus à propos de leur propre situation ne mettent pas de coté l’objectif d’ordre moral. C’est en respectant l’ordre moral objectif, et en le vivant, que nous adorons Dieu et accomplissons sa volonté salvatrice pour nous. Respecter quelqu’un, c’est l’aider à embrasser cette vérité, quelque soient les péchés qui l’ont leurré dans la fausse idée que d’observer la loi de Dieu est impossible, inutile, ou indésirable.

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Le Rev. Gerald E. Murray, J.C.D. est un avocat canoniste et le curé de La Holy Family Church à New York City.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/03/21/respecting-people-and-the-truth/