Religion : facteur de division ? - France Catholique
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Religion : facteur de division ?

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« L'Esprit-Saint » par Gian Lorenzo Bernini, vers 1660 [baldaquin de la basilique Saint Pierre au Vatican]

« L'Esprit-Saint » par Gian Lorenzo Bernini, vers 1660 [baldaquin de la basilique Saint Pierre au Vatican]

© MatthiasKabel / CC by-sa

La religion a mauvaise réputation dans notre société séculière au jugement sélectif. Les Dictateurs du Relativisme proclament que la religion – ils entendent généralement par là le christianisme – devrait être éliminée parce qu’elle est « facteur de division ». Elle sépare les gens en les obligeant à prendre parti. Dernièrement, les vieux bobards des Croisades, de l’Inquisition, des Guerres de Religion, de l’impérialisme religieusement motivé ont été complétés par les affirmations que les services religieux sont immoraux durant la menace due au coronavirus et que les appels à la prière détournent du véritable ouvrage, contenir le virus.

À partir de ces accusations, les anciennes comme les nouvelles, les Dictateurs du Relativisme concluent que la société serait plus pacifiée et plus unie sans la religion et les opinions inspirées par la religion pour diviser les citoyens.

Étant données les réalités des conflits religieux du passé et la menace actuelle du coronavirus, il semble légitime de considérer leur question : la religion est-elle facteur de division sociale ?

Naturellement, il ne sera d’aucun secours vis-à-vis des Dictateurs du Relativisme de souligner que le Christianisme a été la plus grande force jamais vue pour unir le monde, reliant en harmonie toutes sortes de peuples n’ayant rien d’autre en commun. Pour chaque guerre de religion, l’histoire peut trouver des dizaines d’exemples du christianisme unissant et non divisant des sociétés entières et les peuples divers les composant. Et dernièrement, d’innombrables travailleurs et bénévoles altruistes ont œuvré à arrêter le coronavirus et à aider les malades précisément en raison de leur foi religieuse.

Cela n’aidera pas non plus à débattre avec les Dictateurs de noter que les principes moraux du christianisme – obéissance au Décalogue, adoption des vertus cardinales, charité envers les autres, promotion de la vie de famille et de l’éducation, respect de l’environnement – sont précisément ce qu’une société saine devrait désirer, ce dont elle aurait besoin, pour prospérer.

On ne les émouvra pas davantage par la vérité évidente que les sociétés sécularisées ont secrété au cours des siècles plus que leur part de conflits. La Révolution Française, le Communisme, le National-Socialisme sont des idées séculières qui se targuaient d’unir tout le monde derrière une cause unique mais qui à la place ont causé d’horribles conflits et des divisions profondes et ont répandu le sang en abondance.

Non, il faut répondre à leur question sur leur terrain, au milieu des mines qu’ils ont placées contre nous.

Comme le prophète Isaïe l’a annoncé, Jésus-Christ est le « prince de la paix » qui, comme nous le savons, a prêché – et ensuite montré durant Sa Passion – que nous devrions « tendre l’autre joue » et « aimer notre prochain comme nous-mêmes ». Comme formule pour la paix civile, on ne trouvera pas mieux.

Cependant, avant de mourir, Jésus a averti les Apôtres que « vous n’êtes pas du monde, mais je vous ai choisis et séparés du monde et de ce fait le monde vous a pris en haine » (Jean 15:19). La haine, un comportement interdit aujourd’hui dans de nombreux quartiers, provoque la division, et Jésus a clairement anticipé l’animosité à laquelle ses disciples devraient faire face. Autrement, il n’aurait pas prié le Père pour que « ils soient un, tout comme nous sommes un » (Jean 17:11).
Pour finir, le Seigneur, qui se définit Lui-même comme « doux et humble de cœur » a également fait cette déclaration saisissante :

Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais une épée. Car je suis venu opposer un homme à son père, une fille à sa mère, une belle-fille à sa belle-mère ; et un homme aura des ennemis dans sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi. (Matthieu 10:34-38)

Jésus dit-il tout simplement qu’il est venu pour diviser et que ceux qui professent son Nom également ?

La réponse, correctement comprise, est oui.

La paix de Jésus n’est pas une tolérance civile facile par laquelle chacun fait semblant de s’entendre par peur d’une sanction. Sa paix, ainsi que l’explique Saint Jean Chrysostome, survient quand « la maladie est éliminée, quand le cancer est extirpé. C’est seulement par une chirurgie aussi radicale que le ciel peut être réunifié à la terre ». C’est-à-dire que la paix que Jésus apporte est la vérité, la seule base pour une unité civique juste. La vérité seule a le pouvoir authentique de guider la société parce qu’elle extirpe les idées dangereuses qui peuvent mener un peuple à la ruine.

Le christianisme devrait-il donc être banni de la société puisque, de l’aveu même de son fondateur, il divise les peuples ?

Le vrai problème, ce n’est pas la religion mais nous qui, avec nos esprits aveuglés par le péché (la véritable cause de division dans notre monde) ne pouvons pas toujours percevoir – ou ne voulons pas percevoir – la vérité. La véritable unité est la maison bâtie sur le roc de la vérité, vérité incarnée par Jésus-Christ.

Connaissant notre faiblesse, le Christ a envoyé l’Esprit-Saint pour guider Son Église afin que nous saisissions convenablement ses enseignements. Des individus pris séparément peuvent comprendre la vérité de travers, mais l’Église comme entité ne faillira pas. Les guerres de religion ne sont pas causées par la vraie religion mais par des individus agissant de travers au nom de la religion.

Alors nous répliquons aux Dictateurs du Relativisme : vous ne voulez pas de division parce que vous ne voulez pas la vérité. Et vous ne voulez pas la vérité parce que vous voulez organiser le monde selon votre caprice personnel, ce qui est la maladie que la vérité cherche à éliminer. Le slogan populaire, énoncé tout d’abord par Paul VI, dit : « si tu veux la paix, œuvre pour la justice ». Mais il ne peut y avoir de justice sans la vérité dont dépend la justice. Le pape conclut : Jésus-Christ est notre paix.

Le christianisme est diviseur précisément parce qu’il existe pour guérir le monde d’une division toujours plus profonde : la séparation de la société d’avec la vérité. L’accusation des Dictateurs du relativisme est inversée : une société qui rejette le christianisme est une maison divisée contre elle-même qui ne peut pas durer et qui ne durera pas.