« Réhabiliter le désir de Dieu » - France Catholique

« Réhabiliter le désir de Dieu »

« Réhabiliter le désir de Dieu »

Et si notre vie spirituelle était liée à la profondeur de notre désir ? Et si nos désirs révélaient que nous sommes faits pour être comblés ? C’est ce qu’explique Sophia Kuby, philosophe de formation, à la suite de nombreux saints.
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« Le passage de Jésus et la Samaritaine ne parle que du désir de la femme et de Jésus d’être reconnu comme la source d’eau vive et Sauveur. »

« Le passage de Jésus et la Samaritaine ne parle que du désir de la femme et de Jésus d’être reconnu comme la source d’eau vive et Sauveur. »

© Cybershot800i

Le désir est-il moteur de la vie spirituelle ?

Sophia Kuby : Absolument ! Je dirais même plus : le désir, profondeur de la vie spirituelle. Je vous pose la question contraire : quel serait le bon moteur de notre vie spirituelle sinon notre désir ? L’accomplissement du devoir ? Être en règle avec un code moral ? Un sentiment de culpabilité ? La peur ? Bien sûr, le devoir, la morale, la faute, la peur sont des réalités importantes de la vie humaine. Mais nous ne pouvons les affronter avec courage et sagesse que si notre vie est bâtie sur une vraie relation avec notre Créateur qui nous a faits, qui nous connaît, qui nous aime et nous guide. Cette relation n’est rien d’autre que notre vie spirituelle. Cette relation-là, comme toute relation saine et profonde, se noue parce que nous y sommes attirés et parce qu’elle fait résonner en nous le désir profond qui nous donne la force d’aller plus loin.

Qu’est-ce que le désir ?

Le désir est la preuve que nous sommes faits, sans exception, pour le bonheur. Et nous le savons, car nous sommes capables de désirer autre chose que ce que nous avons ici et maintenant. Le désir est le bonheur anticipé. Et puisqu’il anticipe une réalité qui n’est pas encore là, il se montre toujours sous la forme du manque.

Si le désir est une intuition d’un état d’assouvissement total et complet, nous ressentons forcément et fréquemment le manque. Et heureusement ! Car sans le manque, nous ne serions pas non plus capables de pressentir le bonheur et d’y aspirer. En ce sens, le désir est toujours infini, car rien dans ce monde n’a la qualité de nous assouvir totalement et durablement. Il faut donc chercher la réponse ultime à notre désir dans l’infini. Pour un croyant, c’est l’éternité avec Dieu, l’union éternelle avec celui qui nous a créés par un acte d’amour pur, qui a pris notre chair par pur amour, qui est mort pour nous rouvrir le chemin à Lui. Si nous connaissons Dieu, nous pouvons croire que l’éternité avec lui sera exactement tout ce que notre cœur désire tant.

Pourquoi voulez-vous « réhabiliter le désir » ?

Le désir est trop souvent vu comme un obstacle à la vie chrétienne. Et il est vrai que par son caractère insatiable, le désir est bien souvent une source d’agitation et de tentation, plus qu’une aide. Nous pouvons donc conclure que la bonne solution serait d’apprendre à contrôler ce désir jamais satisfait, à lui couper les ailes. La conséquence de cela n’est pas seulement que nous tombons dans le pharisaïsme, mais que nous vivons notre vie à moitié morts.
Et si nous découvrions que le désir est un dynamisme profondément bon, qu’il est, certes, une force qu’il faut éduquer et orienter dans la bonne direction, mais qu’il est cette étincelle nécessaire pour allumer le feu intérieur sans lequel nous ne pouvons faire ni petites ni grandes choses, comme le dit sainte Catherine de Sienne ? Réhabiliter le désir, surtout pour la vie spirituelle, est donc une urgence si nous voulons goûter à la joie d’une relation profonde avec Dieu et être des personnes vivantes, joyeuses, libres.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.