Voici près d’un mois, dans ces mêmes colonnes (France Catholique du 21/10), nous nous faisions l’écho d’un sondage OpinionWay réalisé pour la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) et publié dans l’hebdomadaire Marianne (12/10), indiquant que 85 % des professionnels de la fin de vie se déclaraient défavorables à l’idée de donner la mort. Ce chiffre nous avait conduits à intituler cette revue de presse : « Tout n’est pas joué ». Cette idée prédomine toujours. Elle aurait même tendance à se trouver confortée. Après s’être montré volontariste, Emmanuel Macron semble désormais s’interroger sur le bien-fondé d’une fuite en avant. Et il est possible que sa rencontre avec le pape François, le 24 octobre dernier, soit liée à cette distanciation. « Est-ce qu’Emmanuel Macron est déjà en train de reculer ? » en vient à se demander Guillaume Tabard dans son éditorial de Radio Classique (02/11), tout en estimant que ces hésitations ne suffiraient pas à empêcher le vote d’une loi de légalisation.
Retournement de circonstance ?
Qu’en est-il vraiment ? S’agit-il juste d’une temporisation destinée à éviter la fragmentation de sa majorité, et surtout l’embrasement d’une frange de l’opinion publique ? C’est l’hypothèse que défend Matthieu Goar dans Le Monde (08/11). « Ce changement de stratégie a une raison : éviter que le débat ne s’enflamme. Le contre-modèle étant les discussions autour du mariage pour tous qui, après des débuts plutôt consensuels, avaient abouti à une mobilisation des opposants de la Manif pour Tous dans la rue », écrit-il.
Cette inflexion n’est-elle que le fruit de l’opportunisme, sinon du cynisme ? Pourquoi écarter l’idée selon laquelle le président aurait pu être marqué par les propos tenus par le pape le 21 octobre, peu avant sa visite au Vatican : « Si on tue avec des justifications, on finira par tuer de plus en plus. » De retour, Emmanuel Macron aurait ainsi glissé qu’il ne souhaitait pas que les mineurs puissent accéder au droit à l’euthanasie, si celui-ci était reconnu : il s’agit là d’une rupture nette avec le « modèle belge », qu’il appelait pourtant de ses vœux, et qui témoigne d’une réticence difficilement imputable au seul calcul politique.
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