Qui restaurera l'Eglise ? - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Qui restaurera l’Eglise ?

Traduit par Bernadette Cosyn

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La participation à la messe est en chute libre. De même que les contributions financières aux niveaux paroissial et diocésain. Depuis des années, les mariages catholiques et les baptêmes d’enfants se sont effondrés. La plupart de ces tendances n’ont pas commencé avec la crise des abus sexuels mais des preuves anecdotiques durant l’année passée suggèrent que la crise a accéléré ces tendances.

Qui restaurera l’Eglise ? D’où viendra le renouveau dont nous savons tous qu’il est nécessaire – et que nous nous languissons tous de voir ? Des évêques ? De Rome ? Je l’ai répété plusieurs fois : si elle doit venir, une authentique réforme de l’Eglise viendra par et à travers l’évêque de Rome et les évêques en communion avec lui. Pour ceux qui ont la foi, ce n’est guère moins qu’une tautologie. Cela ne nous mène pas bien loin.

Avoir confiance que le Seigneur protégera Son Eglise n’exige pas que nous croyions ou nous attendions à ce que cette réforme parte de Rome ou débute à l’initiative d’un des successeurs des Apôtres. L’histoire nous enseigne que la plupart des grandes réformes ecclésiales n’ont pas commencé par le pape. Ni par les évêques. Le schéma, toujours, est que le renouveau commence avec la sainteté, où qu’elle se trouve.

La sainteté n’est pas l’apanage du clergé. Laissez-moi reformuler cela : la sainteté n’est pas seulement pour ceux ayant reçu le sacrement de l’ordre. L’appel à la sainteté est universel, s’étend à tous les baptisés, et même à toute l’humanité. J’étais un jour à une conférence où quelqu’un commentait une déclaration que le pape François avait faite sur la sainteté. Une célèbre activiste de la justice sociale assise à côté de moi avait raillé : «  je n’ai jamais pensé à la sainteté un seul jour de ma vie ». Je suis enclin à la croire.

Et pourquoi pas ? Il y a quantité de bonnes œuvres à faire dans cette vallée de larmes et beaucoup de ces bonnes œuvres ne nécessitent pas même une miette de sainteté. Être une personne convenable ne requiert pas que nous luttions pour être parfaits comme notre Père du ciel est parfait. Mais nous sommes appelés à plus, bien plus.

Dans sa toute première homélie comme pape, François a averti les hommes qui venaient de l’élire contre l’inanité des bonnes œuvres qui ne proclament pas le Christ :

Nous pouvons bâtir beaucoup de choses, mais si nous ne professons pas Jésus-Christ, les choses vont de travers. Nous pouvons devenir une ONG charitable, mais pas l’Eglise, l’Epouse du Seigneur. Quand nous ne marchons pas, nous cessons d’avancer. Quand nous ne bâtissons pas sur le roc, que se passe-t-il ? Ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils bâtissent des châteaux de sable ; tout est balayé, rien n’est solide.

Si nous oublions cela – si nos efforts, si bien intentionnés soient-ils, se retrouvent séparés de la proclamation de la Bonne Nouvelle – alors nos efforts ne vont pas échouer, ils rendront les choses pires : « quand nous ne professons pas Jésus-Christ » dit le pape François, « nous professons la sagesse du démon, une sagesse diabolique ».

La perspective est celle-ci : le travail de restauration de l’Eglise – se préoccuper des besoins urgents du moment, chercher sincèrement la justice, restaurer le Corps du Christ martyrisé – ne passe pas avant le travail de proclamation de l’Evangile. Ces travaux sont une seule et même chose. Maintenant, en ce temps de crise, ce n’est pas le moment de mettre de côté l’évangélisation en vue de s’occuper de problèmes semblant plus urgents : « laisse les morts enterrer leurs morts ; toi va et proclame le Royaume de Dieu ».

L’archevêque Charles Chaput de Philadelphie l’a magnifiquement exprimé. Ses mots ont été prononcés en 2012 mais semblent parfaitement adaptés à l’heure actuelle :

Le péché est une partie du terreau humain et un défi permanent pour notre condition de disciples. Et si nos cœurs sont froids, si nos intelligences sont fermées, si nos esprits sont boursouflés et avides, recroquevillés sur un tas de possessions, alors l’Eglise de ce pays dépérira. Cela est déjà arrivé dans d’autres temps et lieux, et cela peut arriver ici. Nous ne pouvons changer le monde par nous-mêmes. Et nous ne pouvons pas réinventer l’Eglise. Mais nous pouvons aider Dieu à nous changer nous. Nous pouvons vivre notre foi avec zèle et conviction – et alors Dieu prendra soin du reste.

Le Seigneur est en train de purifier Son Eglise. Fort bien, disons-nous, il était temps. Mais voulons-nous Le laisser nous purifier ? Pouvons-nous vraiment nous attendre à ce que l’Eglise subisse une purification et en même temps nous attendre à ce que nous, qui sommes une partie de l’Eglise, serions épargnés par la souffrance et l’angoisse de cette purification ?

Qui restaurera l’Eglise ? Lui le fera. Et si nous le voulons, Il accomplira de grandes choses à travers nous. Cela coûtera tout – ce qui, en définitive, n’est rien.

Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et mon entière volonté, tout ce que j’ai et appelle mien. Tout cela, Tu me l’as donné. Je Te le rends. Tout est à Toi, fais-en ce que Tu veux. Donne-moi seulement Ton amour et Ta grâce, cela me suffit. (Prière de Saint Ignace de Loyola)


Stephen P. White est membre des Etudes Catholiques au Centre d’Ethique et Politique Publique de Washington.

Illustration : « La vallée des larmes » par Gustave Doré, 1883 [Musée du Petit Palais, Paris]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/09/26/who-will-restore-the-church/