Qui est Dieu - France Catholique

Qui est Dieu

Traduit par Isabelle

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Selon le premier concile du Vatican (1869 – 70), c’est un dogme de Fide de ‘Eglise catholique «  qu’il y a un seul Dieu vivant et véritable, créateur et seigneur du ciel et de la terre, tout puissant, éternel, incommensurable, incompréhensible, infini dans sa volonté, sa compréhension et toutes ses perfections ».

Il est important de nous remettre ces vérités en mémoire, car nombreux sont, dans le monde religieux, ceux qui en ont rejeté des aspects importants, même parmi des communautés chrétiennes non catholiques, comme je l’ai déjà écrit dans ces pages.

La Foi en Dieu de l’Eglise commence avec la Création. Dieu est créateur de tout ce qui existe. (Gen. I, 1 ; Ps 33 : 8-9 ; Ps. 124 : 8 ; Ps 146 : 5-6). Cependant pour les catholiques, Dieu n’est pas simplement un artisan divin qui travaille avec un matériau éternel préexistant, mais Il est la source de laquelle dépend l’existence de toute réalité contingente, dont la matière. (Actes XVII : 25 ; Col. I : 16 – 17)

Puisque Dieu est la source de toute réalité contingente, et de ce fait, n’est pas Lui-même une réalité contingente, il doit, par nature, être auto existant, ce qui veut dire qu’il a l’attribut d’aséité.. En bref, Dieu existe nécessairement. A la différence de l’univers et de tout ce qu’il contient, Il EST, tout simplement. Aussi, quand Moïse rencontra Dieu dans le buisson ardent, et Lui demanda de s’identifier :

Dieu dit à Moïse, « Je suis qui je suis ». Et plus loin, « Tu diras aux Israélites, ‘Je suis’, m’a envoyé vers vous. » (Ex III, 14)

En d’autres termes, Il est Celui qui existe par Lui-même. C’est clairement impliqué, non seulement dans les passages où on nous dit que Dieu est illimité dans sa puissance (Job 42 : 2  / Je 32. 17  / Mt XIX : 26) , mais aussi quand l’Ecriture nous dit, dans un langage métaphorique, que la nature de Dieu demeurera toujours.

En tant que créateur et support de tout ce qui existe, Dieu est la Cause première. Par « cause première », nous n’entendons pas que Dieu soit « premier » d’une série temporelle de causes. Nous voulons plutôt dire qu’Il est la Cause métaphysique première. C’est-à-dire que Dieu est premier au sens de fondation. Il ne peut pas contenir en lui-même une explication de sa propre existence.

Pour cette raison, l’origine de l’activité que nous observons doit être causée par, – ou fondée sur – ce qui est en soi nécessaire et non conditionné. Certains peuvent insister sur le fait que nous n’avons pas besoin d’expliquer l’origine de l’activité que nous observons en faisant appel à quoi que ce soit d’autre que les forces causales proches qui précèdent cette activité. Par exemple, on n’a pas besoin d’expliquer mon arrivée dans l’existence en faisant appel à quoi que ce soit d’autre que l’acte de procréation de mes parents. Toute autre explication est considérée par certains comme superflue. Cependant cette réponse confond deux manières de concevoir les causes, et les causes en série qui les font arriver.

La différence est dans le fait de savoir s’il faut qu’il existe une cause première (ou une cause sans cause) d’une série de causes per accidens (par ex. le présent peut-il être le résultat d’une série infinie d’évènements passés ?) Ou doit-il exister une cause première (ou cause sans cause) d’une série de causes per se. (Un évènement présent X, par ex. peut-il être le résultat d’une série infinie de causes, à cet instant précis ?)

Pour les catholiques, Dieu maintient l’existence de l’univers à chaque instant, puisque l’univers, comme il consiste entièrement en éléments contingents en relations de causes à effets les uns avec les autres, ne pourrait pas plus exister sans une Cause première de soutien, qu’une machine présumée en mouvement perpétuel ne pourrait exister sans un Moteur que rien ne meut, qui lui garderait son perpétuel mouvement.

En voici une illustration adaptée d’un exemple utilisé par un de mes anciens professeurs, le défunt James Sadowsky, S.J. Imaginez que l’univers soit constitué entièrement et exclusivement de gens qui ne pourraient rien faire sans commencer par en demander la permission à quelqu’un d’autre, et supposez que cet univers ait toujours existé. Imaginez ensuite que tout le monde soit en action. A moins qu’il n’y ait, en dehors de la série d’origine de  «  permetteurs » et d’acteurs, un Premier donneur de permission (qui par nature n’a pas de permission à demander pour pouvoir agir), personne ne pourrait jamais agir, puisque demander une permission est un acte qui lui-même nécessiterait une permission.

Pour cette raison, le catholique maintient qu’il est faux de penser à Dieu comme s’il était un être incroyablement grand (ou l’Être le plus grand) – comme semblent l’enseigner certains chrétiens – mais plutôt que nous devrions penser à Dieu comme à l’Être qui donne l’existence, mais ne la reçoit pas.

C’est cela que Saint Paul semble avoir eu à l’esprit quand il prêchait devant l’Aéropage :

Le Dieu qui a créé le monde et tout ce qu’il contient, Lui qui est Seigneur du ciel et de la terre, ne vit pas dans des sanctuaires faits de mains d’hommes, et il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, puisqu’il donne lui-même à tous les mortels la vie, le souffle et toutes choses. A partir d’un seul ancêtre, il fit toutes les nations pour qu’elles habitent la terre entière, et il assigna à chacun le temps de son existence et les limites des lieux où il vivrait , pour que tous cherchent Dieu et peut-être tâtonnent afin de le trouver – alors qu’en vérité il n’est pas loin de chacun de nous , car « en Lui nous vivons, bougeons et avons notre être » ; comme l’ont même dit certains jeunes poètes, « car nous aussi sommes de sa descendance ». (Actes XVII : 24-28)

Saint Paul fait là une déclaration philosophique à propos de Dieu, comme étant la Cause première de tout ce qui existe, soutien transcendant bien qu’immanent. (« le Dieu qui a créé le monde et tout ce qu’il contient », « en Lui nous vivons, nous nous déplaçons, et avons notre existence. ») Et il adapte rapidement à cette déclaration philosophique un langage poétique que son auditoire puisse comprendre : « Car nous sommes de sa descendance. »

Bien sûr, la compréhension de Dieu par les catholiques va plus loin que cela, incluant la doctrine de la Trinité. Mais nous devons d’abord remettre en ordre la création, puisque « une petite erreur au début peut amener de graves erreurs dans les conclusions finales ».

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/06/22/who-is-god/

Tableau : La création par JJ Tissot 1900 [Le Musée juif, New York]