Quel « avenir » sans enfants ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Quel « avenir » sans enfants ?

Traduit par Isabelle

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« L’avenir » a été un sujet chaud au Synode sur la jeunesse, la foi, et le discernement des vocations. Virtuellement tout le monde, les évêques comme les laïcs, travaillent dur pour trouver des raisons de croire que, en dépit des statistiques déprimantes concernant la jeunesse qui tourne le dos au christianisme et la tiédeur de ceux qui n’ont pas tout lâché, nous ne devrions pas nous laisser gagner par le pessimisme ou, pire, par le péché du désespoir. Il y a de « l’espoir » – disent-ils – pour « l’avenir ».

Mais il y a une omission révélatrice. Oui, les adolescents et les jeunes adultes représentent l’avenir immédiat. Pourtant, s’ils ne se mettent pas à avoir des enfants en plus grand nombre que les une ou deux générations qui les précèdent, « l’avenir » va se heurter à un mur démographique. Et pas tellement loin dans « l’avenir ».

Tout ceci est lié, bien sûr, à un sujet dont l’archevêque Bruno Forte – auteur en 2014 d’un passage scandaleux dans le rapport de mi-temps du synode sur la famille à propos de « l’évaluation » des relations homosexuelles – a dit hier qu’on n’avait pas discuté de façon explicite pendant les 10 premiers jours : Humanae Vitae, dont l’Eglise ne célèbre pas exactement le 50ème anniversaire, mais à qui elle fait une sorte de mémorisation cette année.

Comment peut-on parler du mariage, de la famille, de la sexualité et ne pas mentionner l’outil de destruction le plus saillant de tous : la contraception ? La plupart des évêques et même le pape, évitent le sujet autant que possible – pour la raison évidente que cela vous met automatiquement en porte à faux avec une des convictions les plus profondes du monde moderne : le droit au sexe sans risque d’enfant. Et il y a peu de gens prêts à supporter la mise à l’écart et la critique que cela apporterait.

Il y a une mention difusée dans un des cercles en langue française, sur le besoin de mariages stables et d’ouverture à la vie. Voilà.

Paul VI sera canonisé Dimanche. Même les gens qui se souviennent de lui avec affection admettent qu’il est un personnage ambigu. En 1963, quand il est devenu pape, le chaos de Vatican II était déjà bien en cours. Il a fait des efforts pour limiter ses excès les pires, mais est surtout resté à l’écart, tandis que les forces du désordre détruisaient la liturgie, la Foi, la vie religieuse, et beaucoup de traditions vieilles de 2000 ans.

Sans aucun doute,le seul domaine où il a montré une vertu héroïque a été son refus d’adhérer aux soi-disant experts qui l’encourageaient à abandonner l’enseignement constant de l’Eglise sur la contraception. Il a prédit avec raison qu’un désastre suivrait l’adoption généralisée d’une mentalité contraceptive – dans la famille, les relations entre les hommes et les femmes, et la société en général.

Il a reçu de lourdes critiques pour avoir défendu cette vérité – qui a été confirmée au-delà de toute discussion raisonnable par l’histoire qui a suivi (et la science sociale tant aimée des organisateurs du synode). Et il a tenu bon, en dépit du fait que cela a déchiré l’Eglise de bien des façons.

Différentes factions ont surgi, bien sûr, mais beaucoup de gens ont choisi le monde plutôt que la foi, en ce qui concerne la contraception, et en sont venus, de ce fait, à douter de tout le témoignage moral d’une tradition morale sans faille qui remontait aux premiers jours de l’Eglise.

Ces sujets peuvent être ou ne pas être des bases convenables pour sa canonisation. Mais il serait difficile d’en trouver d’autres.

Dernièrement, nous avons entendu dire que l’anniversaire d’ Humanae Vitae fournit une opportunité à l’Eglise « d’approfondir » sa compréhension de cette encyclique. L’archevêque Monseigneur Forte l’a répété quand il était interrogé à ce sujet par un journaliste hier. Mais il n’est pas difficile d’imaginer ce à quoi ce « approfondissement » conduirait dans ces jours troublés.

Comme dans l’enseignement récent sur l’indissolubilité du mariage, il se pourrait que nous voyions une formulation qui dirait que l’on ne peut pas appliquer simplement une règle universelle à toutes les situations. Chaque cas est « différent » et nous aurons besoin d’accompagnement et de discernement, pour trouver un moyen de contourner l’enseignement, qui le laisse en place formellement, mais sans réel effet sur la vie des gens.

Ou plutôt, sans effets positifs. De même, le droit au sexe sans risque d’enfant est semblable à un précurseur chimique du « sexe gay ». Une fois qu’on a stérilisé les relations entre les hommes et les femmes, on a supprimé le terrain qui permette de comprendre pourquoi les actes homosexuels se heurtent aussi bien à la nature qu’à Dieu nature.

Par le passé, l’Eglise – le dernier bastion de la foi en la divinité, la raison, et l’ordre créé – aurait parlé du mariage et de la famille à travers l’anthropologie qu’impliquent de telles vérités. A présent, et en regardant vers l’avenir, l’Eglise semble avoir finalement remarqué qu’elle a oublié d’enseigner la vérité sur Dieu et l’homme pendant un demi-siècle.

Alors où en est-on ? Eh bien, on ne peut pas commencer par la philosophie, ni la théologie, ni même les simples faits de la vie puisque on a depuis longtemps enseigné à la plupart des gens que cela n’avait pas d’importance. Les Jeunes, en particulier, sont loin, et sourds à l’ancienne musique de l’Evangile et de la Création.

A la place, on parle d’accompagnement, d’écoute, de discernement. Pour le petit nombre de personnes qui sont à l’intérieur du cercle magique de la foi, tout cela paraît prometteur. Mais pour ceux qui sont en dehors, ceux qu’il est vraiment nécessaire de travailler à convertir, on pourrait aussi bien être un témoin de Jéhovah qui frappe à la porte pour distribuer le dernier numéro du « Mirador ». Les plus gentils parmi eux vous chasseront comme des pauvres, malheureux, excentriques. Quant aux moins gentils…

J’ai entendu des européens dire que les guerres culturelles dans lesquelles Saint Jean Paul II et Benoit XVI s’étaient engagés n’avaient pas marché. En un sens, c’est vrai. Ils ont en partie redressé l’Eglise et ramené beaucoup de brebis égarées, mais pas encore assez pour faire une différence.

Le jour vient – il n’est peut-être pas proche, mais il viendra – où le monde sera obligé de choisir entre quelque chose comme la théologie du corps de Jean Paul II, et l’extinction – en tout cas en Occident. Dans les nations islamiques, et dans les autres cultures non occidentales qui n’ont pas avalé la pilule empoisonnée de la contraception, les enfants ont encore de la valeur. Leurs populations s’accroissent et ils sont religieux.

L’occident est peut-être engagé trop loin pour éviter le suicide démographique. Mais peut-être que l’Eglise – dans un synode à propos de « l’avenir » – pourrait au moins rappeler aux gens que, sans enfants, l’avenir qu’ils envisagent sera de très courte durée. Et nous n’aimerons pas le monde que nous habiterons quand ce sera fini.

12 octobre 2018

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/10/12/what-future-without-children/