Quand il arrive que le ciboulot tourne en rond - France Catholique

Quand il arrive que le ciboulot tourne en rond

Quand il arrive que le ciboulot tourne en rond

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18 septembre – Les réactions aux événements actuels démontrent d’une façon troublante que la sottise l’emporte souvent sur l’intelligence : on atténue l’efficacité du reproche en parlant d’émotion. Tout le monde en effet a été secoué par de forts sentiments d’horreur et de compassion : les premières heures, il était évidemment difficile de sortir du registre de la sensibilité. Quel enthousiasme ému chez tous ceux, artistes, journaliste, prêtres, politiciens etc., qui ont unanimement plaidé pour, comme cela se disait au Moyen Âge, une ’’accueillance’’ sans barrière, sans tri, sans même arrière pensée. Comme si les arrières pensées n’existaient plus, n’est-ce pas Messieurs Hollande et Valls… et tant d’autres.

Autrefois, l’on suggérait – quand une difficulté ou un problème ou un embarras semait le trouble dans une famille, un village, une communauté –, de prendre le temps d’examiner la situation, alors que l’extravagant et subit déferlement d’une foule hallucinée qui fuyait comme si la situation en Syrie et en Irak était devenue tout à coup explosive ! Il revenait aux responsables du pays de décider au plus vite et dans le calme des mesures adéquates.

Je me demande si la foule de tous ceux qui ont pris la parole ou leur porte-plume depuis la découverte de la fameuse photographie du pauvre petit corps d’Aylan ont vraiment suivi à la lettre ces recommandations élémentaires.

C’est ainsi, et très rapidement, que nous avons entendu certains évêques y aller franco, si je puis dire : mais leurs conseils d’accueillir sans se soucier du nombre m’a semblé digne des poèmes surréalistes écrits selon la technique de l’écriture automatique. On aurait au moins, et d’autres évêques y ont pensé, s’asseoir afin de voir, crayon en main, si l’Église de France et la France elle-même avaient les moyens d’une générosité tous azimuts, si elles disposaient du nécessaire en suffisance, sans quoi nous irions naturellement vers un désastre : car l’accueil en question ne serait pas sur quelques jours, il serait sur des mois et plus probablement sur des années.

Je crois d’ailleurs que ce désastre surviendra, et ce ne seront pas les bonnes âmes prédicatrices de la nouvelle ‘’accueillance’’ qui en souffriront le plus.

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Un État n’est pas un couvent : la charité monastique peut prendre le risque de se situer au-delà de toute prudence. Un gouvernement pourrait-il adopter une telle attitude ? Non, il ne le pourrait pas, ne serait-ce que parce qu’il relève, bien plus que de l’autorité du Président, de celle du peuple : ce que les politiciens oublient un peu trop souvent ; d’où par exemple leurs propos favorables aux référendums et le fait qu’ils n’y recourent pratiquement jamais. Le dernier qui fut organisé en France est, à cet égard, un cas d’espèce et d’école : le peuple avait dit ‘’non’’ à une majorité confortable des voix mais le Président de la République soi-même fit en sorte que le Parlement dise ‘’oui’’.
J’aime notre Pape François, mais je crains qu’il ait, lui aussi, voyant cette image atroce, succombé à l’émotion davantage qu’à la réflexion, au moins des deux ou trois premiers jours : cette photographie était présentée comme une sorte de leurre… Pourtant, il ne doit pas être de ceux qui se laissent avoir par les différents types de rouleaux compresseurs idéologiques que déploient le plus grand nombre des médias pour obtenir des consensus préfabriqués qu’ils croient nécessaire de nous faire adopter.

Souvent, je déteste le rôle néfaste que jouent les journalistes, surtout ceux des gros et gras médias, quand de telles situations se présentent. À peine l’événement connu, ils sortent des articles à dix mille signes et jettent sur le plateau de la balance des tonneaux de larmes, hypocrites ou non, qu’importe, comme si on ne savait pas qu’en général ils sont des conseilleurs qui ne paient jamais.

Exemple : le subtil mais désormais défraichi Jacques Attali proclame à qui veut l’entendre que « les réfugiés vont faire de l’Europe la première puissance du monde ». Admirable prophéties du genre de celles que les prêtres de Baal assénaient au peuple de Samarie jusqu’à ce que le prophète Élie vienne leur faire remarquer qu’ils étaient hors circuit…

Le ministre du ‘’Mammouth’’, Madame Najat Vallaud-Belkacem, déclare ; « Dans une petite commune qui s’apprêtait à voir disparaître une classe à cause de la baisse démographique, ‘’c’est vrai’’ que c’est formidable ». ‘’C’est vrai’’ que les sottises émises du haut de l’Échelle sociale ne coûtent qu’à ceux qui sont en bas. On reste confondu quand on entend de tels propos qui n’ont pas la moindre justification rationnelle. Ces enfants qui ne parlent pas un mot de français, qui ont des retards considérables par rapport au régime régulier des élèves de France, aussi mal enseignés qu’ils soient – on nous assure que tout va changer et qu’ils devront dès septembre 2016 avoir à écrire chaque jour une dictée, aussi faire quotidiennement des exercices de calcul mental ! –, ces enfants qui ont peut-être assisté à des horreurs et qui, de toute façon, ne peuvent que souffrir de traumatismes psychologiques ne seront pas immédiatement aptes à intégrer une classe normale : il faudra des années pour qu’ils s’adaptent à la société française. Ils seront trop peu nombreux à être semés de village en village et donc il faudra créer des classes spécialisées dans les chefs lieux d’arrondissements, plus aptes à les recevoir…

Comment n’aurions-nous pas constaté que le gros des troupes sur les routes étaient et sont des hommes, non des femmes : d’où, faut-il insister, les questions qui se posent quant à savoir qui ils sont. Les propos des gens du Daesch seraient-ils vraisemblables ? Quatre mille de ses hommes répartis sur l’ensemble des colonnes de marcheurs ? Seraient-ils seulement destinés à nous faire peur ? La peur serait plus éprouvée si ce nombre est vrai…

Il y a pire encore : comment a-t-on pu, sans avoir les nouveaux arrivants devant soi, les classer d’abord comme clandestins, ce qu’ils demeurent qu’on le veuille ou non, puis comme seulement migrants, ce qui est une tautologie, puis enfin comme réfugiés ? Ah, des réfugiés ?… Quelle proportion y a-t-il de vrais réfugiés, c’est-à-dire de personnes ayant fui sous les bombes ou sous les coups de la soldatesque islamique ? Qui a fui la prison, la condamnation à mort ? Qui n’a plus reçu aucune aide dans son pays et risqué de mourir de faim ? Je n’ai pas vu, dans les immenses files d’évadés de la Syrie et de l’Irak, beaucoup d’hommes au visage marqué par les épouvantes ou la famine…

Des réfugiés digne de ce nom il y en a certainement : mais ce ne sont pas eux qui crient le plus fort, narguent les policiers chargés de calmer le jeu. Les Turcs qui achètent des faux passeports syriens pour devenir de « simili-vrais-réfugiés » ne quittent pas leur pays pour les mêmes raisons que les Syriens chrétiens persécutés par les islamistes… Mais comme on les prendra pour ce qu’ils ne sont pas, ils auront les avantages du réfugié sans en avoir vécu les ennuis et les souffrances…

J’entends la rumeur : voyez, tous ces gens sont affamés, ils sont épuisés, il faut les aider, les secourir etc.. et je pense en effet qu’un certain nombre étaient épuisés et affamés… Cependant, j’imagine que les stigmates de l’épuisement se distinguent de ceux de la bonne forme… De même, ceux de la faim ne ressemblent en rien à ceux de la satiété : cela devrait se constater comme un nez entre les deux yeux. Surtout après avoir tant marché, dix, douze heures par jour ai-je entendu dire.

Madame Merkel, chancelière de l’État allemand, a eu au tout début un sursaut d’émotion qui lui a fait dire n’importe quoi : ce qui fut très largement atténué le lendemain : je suppose que les membres de son gouvernement ont fait valoir de bons arguments. Mais, comme le fait remarquer Gérard Leclerc, quelle responsabilité a-t-elle assumée dans des opérations semblables à celles que menèrent au Mali et plus à l’est les troupes françaises, aussi en Afghanistan, encore et avec des avions dans le ciel de l’Irak puis de la Syrie, quelle aide a-t-elle apportée à la France laissé benoîtement en première ligne ? Des sous ? même pas. Après tout, la chair à canon étant française, à la France d’assumer ses choix ! Aujourd’hui voici qu’on parle d’elle pour le Prix Nobel de la Paix ; je me souviens du Nobel donné à Barak Obama qui n’avait strictement rien fait en faveur de la paix, breloque qui fait toujours bien sur un plastron qui n’a jamais essuyé les larmes et le sang.

Maintenant, je clos ce chapitre en évoquant les plaintes du Secours populaire : tant de sans logis en France, de vieux qui finissent le mois plutôt vers le 20 que le 30 ! Tant de familles dans le même cas ! Ils sont des millions en dessous du seuil de pauvreté sans parler des chômeurs qui sont légions.

Comment se fait-il qu’on n’avait pas, hier encore, de quoi venir au secours de tout ceux-là et que soudain se découvre le Graal qui permettra de donner tout ce qu’il faut pour les arrivants ?

S’ils étaient tous irréprochables et sans reproche possible, je me tairais, mais le mensonge de beaucoup est flagrant : les passeurs se muent en victimes, les Turcs deviennent syriens, les migrants qui ne font que chercher un meilleur sort comprennent que c’est plus intéressant ou rentable d’avoir un passé de persécuté. Quant à ceux qui n’avaient aucune autre solution que l’exode il faut les recevoir le mieux possible tout en sachant qu’en la France du chômage il ne faut pas espérer de miracles.

La confiance n’est pas au rendez-vous. Trions et commençons par garder les chrétiens. Au moins avec eux, qui ne sont pas tous obligés d’être des petits saints quoiqu’ils soient passés par les affres de la persécution, nous pourrons mieux nous entendre ! En attendant qu’ils puissent un jour revenir en leur terre ancestrale.

Ce n’est que mon avis, et tant pis si je pense autrement que les meilleures des bonnes âmes.