Quand apprendront-ils jamais? - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Quand apprendront-ils jamais?

Traduit par Isabelle

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Dans quelques mois, les catholiques américains pourront inscrire le cinquantième anniversaire d’un pacte suicidaire. Il s’appelle la « Déclaration de Land O’ Lakes », bien que son nom officiel et trompeur soit : « Déclaration sur la nature de l’université catholique contemporaine ».

J’emploie le mot « trompeur » à dessein, car nulle part dans le document, ne se trouve la moindre réflexion sérieuse sur ce qu’est une université, ou si une université catholique est une simple variété d’une chose plus générale, plutôt qu’une institution distincte en soi. Rien non plus sur ce que cela veut dire le moins du monde que d’être catholique.

L’école que l’on connaissait auparavant sous le nom de Collège Notre-Dame, à présent  Notre-Dame du temps présent 1 fait l’éloge de cette déclaration sur son site web sous le titre « L’idée d’une Université catholique » mais toute ressemblance entre ce qui suit, et le raisonnement sobre, profond et humain de l’Idée d’une Université  du cardinal Newman, doit n’avoir existé que dans l’imagination des administrateurs qui ont pondu ce document, – s’il y en a jamais eu.

Dans cette déclaration, on cherche en vain le nom de Jésus, ou une quelconque suggestion du fait que l’Eglise a un mot urgent à dire à un monde devenu fou. Car le monde laissé à ses propres moyens devient toujours fou, et c’est encore pire quand les hommes croient qu’ils bâtissent sur des fondations chrétiennes tout en laissant tomber la vraie foi, l’Eglise, et le Christ. Et c’est plutôt du monde maintenant que l’université catholique prendra ses directives – le monde « contemporain ».

J’ai été médusé de stupeur, devant le rapport soi-disant parfait des progressistes, quand il s’est agi de lire les signes des temps : Ils sont toujours faux, et souvent de façon calamiteuse.

Je veux bien accorder aux signataires le bénéfice du doute, et dire qu’ils croyaient vraiment que les collèges catholiques pourraient mieux servir le monde en abjurant l’autorité de l’Eglise, qu’elle vienne du pape, de l’évêque ou du magisterium. Leur accorder qu’ils croyaient que leurs collèges s’enrichiraient en adoptant un niveau d’excellence provenant telles quelles des professions académiques, et non des vertus, qu’elles soient naturelles ou spécifiquement chrétiennes.

Toutefois, leur aveuglement devant le processus de désintégration rapide de la culture en leur sein impose quelque analyse. Je m’en approche sous un certain angle. Supposons que vous êtes enfoui dans cette tradition chrétienne classique qui a plus de deux mille ans – l’éducation de Newman, ou de son contemporain Matthew Arnold, un chrétien manqué. 2 Que pourriez-vous en faire – comment pourriez-vous répondre aux besoins du temps ?

Il n’est pas nécessaire de spéculer. Il faut seulement regarder le rapport. Les hommes qui, quand ils étaient enfants ont transpiré sur l’aoriste grec sont devenus les plus grands explorateurs et ethnographes que le monde ait jamais connus. Ce sont eux qui ont cartographié la grande muraille de Chine, pénétré dans les jungles de Bornéo, donné un alphabet à ceux qui parlaient le Swahili, et découvert les ruines de Troie.

Parmi eux, les catholiques, ayant reçu le même enseignement, mais soumis à l’église, ont profité d’une renaissance littéraire au vingtième siècle alors que les enseignants progressistes menés par John Dewey s’affairaient à démanteler la cathédrale de l’enseignement pierre par pierre. Pendant bien soixante-dix ans des géants ont arpenté la terre, catholiques et presque catholiques : Chesterton, Maritain, Gilson, Marcel, Guardini, Mauriac, Claudel, Bernanos, Undset, Pieper, O’Connor, Tolkie, Weil, Lewis, et bien d’autres. Ce fut une Renaissance qui rendait ses derniers bredouillements juste quand le Land O’ Lakes faisait son beurre avec le sceau de la nouvelle Eglise.

L’ancienne éducation n’a jamais été vraiment vieille. Elle est hors du temps. Ce n’est pas un adjectif pour une agence de publicité. C’est un fait établi. La nature humaine ne change pas : et ces penseurs, artistes et poètes qui ont exploré cette nature le plus profondément ne peuvent jamais être démodés, de la même manière qu’ils ont prouvé qu’ils n’étaient jamais déplacés.

Le jeune dont l’imagination se tourne vers l’apogée morale de l’Iliade d’Homère, quand Achille dépasse enfin sa colère et accorde son pardon au vieux roi Priam, ne trouvera pas Confucius complètement étranger ; et quelle folie humaine pourra étonner quelqu’un qui a lu la Genèse ? Si nous croyons que Jésus est ce qu’il dit et si nous faisons confiance à l’Eglise qui nous dit qu’Il l’a fondée, alors pourquoi serions-nous si réticents à affronter le monde n’importe où, n’importe quand ? Existe-t-il ici-bas une culture d’êtres humains que Dieu n’ait pas créée ? Une race d’intelligences supérieures qui, laissée à elle-même ne résiderait pas dans les ténèbres et l’ombre de la mort ? Une manière de vivre païenne qui tende à un niveau moral supérieur à celui du Christ ?

Par contraste, le progressisme est mort-né ; c’est une plante déracinée. En 1967 était-ce un signe de promesse culturelle que les évêques se tiennent au coin de Hollywood ou de Harvard avec leurs mitres à l’envers, espérant qu’en passant, Barbara Streisand ou Timothy Leary leur jetterait une pièce ? La famille avait montré des signes de fracture. La culture populaire avait sombré dans la célébration des drogues et de la mort. Pourquoi Johnny ne peut-il pas lire avait déjà plus de dix ans. Des ordres entiers de prêtres et de religieuses étaient déjà tombés dans une ruine d’apostasie.

C’est la même chose actuellement avec les « progressistes », ceux qui dans les sables mouvants culturels préfèrent détruire en fonçant plutôt que d’attraper la branche qui s’étend au-dessus de leur tête. Ils veulent que nous suivions l’opinion générale sur le sexe, ce qui est comme de demander à Jack Kevorkian de diriger la Marche pour la Vie. Satan et ses collègues doivent s’engraisser par manque de travail. Mais laissez-moi adapter au moins une des expressions des années LOL. 3

Où sont passés tous les cathos, / Depuis un long temps écoulé ?/ Où sont passés tous les Cathos, / Depuis longtemps ? Où sont passés tous les Cathos, / Tous partis vers des idoles. / Quand apprendront-ils jamais, / Quand apprendront-ils ?

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/03/30/when-will-they-ever-learn/

Tableau : John Henry Newman d’Emmeline Deane, 1889 [National Portrait Gallery, Londres]

  1. En français dans le texte.
  2. id.
  3. Lots of Laugh : beaucoup de rires.