Procréation : dégâts collatéraux - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

Procréation : dégâts collatéraux

Longtemps ignorés, ou dissimulés, les risques sanitaires pour les enfants nés des techniques d’assistance médicale à la procréation ou AMP se confirment.
Copier le lien

D’après une vaste étude qui vient d’être rendue publique à la conférence européenne sur la génétique humaine de Göteborg, en Suède, les malformations congénitales majeures sont deux fois plus élevées pour les enfants issus d’AMP qu’après une procréation naturelle (4,24% contre 2 à 3%). C’est le grand paradoxe de ce que d’aucuns ont nommé notre « acharnement procréatif » que d’être à l’origine de nombreux cas de handicap. Dans les milieux autorisés, ce sujet est depuis longtemps un secret de polichinelle. Mais le voile commence à peine à être levé publiquement. On savait déjà que l’AMP, cause de nombreuses grossesses multiples, entraînait logiquement un grand nombre de naissance prématurées, avec les risques de séquelles inhérentes à la grande prématurité. On avait aussi pu souligner combien certaines techniques artificielles d’AMP avaient fini par rendre l’infertilité héréditaire, en transmettant à des enfants les gènes déficients de parents incapables d’engendrer naturellement. Ce qu’on reconnaît désormais également, c’est que les techniques artificielles en elles-mêmes, sont pourvoyeuses de handicap. D’où la conclusion de l’auteur de l’étude, le Dr Géraldine Viot, de l’hôpital de Port-Royal : les candidats à l’AMP « devraient être informés des risques qu’elle implique ». Quels risques ? Essentiellement des « malformations cardiaques, ou du système urogénital », précise le docteur Viot. Surtout chez les garçons. Sans compter d’autres effets bénins comme une proportion d’angiomes cutanés cinq fois plus importante que pour les procréations naturelles.
Les spécialistes envisagent de multiples causes pour ces problèmes : la fécondation in vitro est réalisée dans un bain de culture qui n’imite qu’imparfaitement le milieu naturel ; les stimulations ovariennes, en forçant la nature, peuvent aboutir à des ovocytes de moindre qualité ; de même la technique très répandue de l’injection d’un seul spermatozoïde court-circuite la compétition naturelle à laquelle se livrent les gamètes masculins dans une relation sexuelle normale ; la congélation des gamètes peut également avoir un impact sur leur santé ; on sait d’ailleurs que de nombreux embryons ne survivent pas au processus congélation-décongélation ; enfin, le transfert embryonnaire vers la paroi utérine pourrait également porter atteinte à leur intégrité.
Force est de constater qu’on prend des risques en concevant des enfants à tout prix. Contrairement aux techniques médicales qu’on teste sur les animaux avant de les appliquer à l’homme, certaines modalités de l’AMP se sont même passées de ce type de précaution… C’est le cas pour l’ICSI (la technique d’injection d’un seul spermatozoïde).

Alors que la société est de plus en plus exigeante en matière de surveillance des grossesses, l’Assistance médicale à la procréation semble exonérée de la prudence. Mais le mot qui revient le plus dans la bouche des experts à la révélation de l’étude qui porte sur 15 000 naissances dans 33 hôpitaux entre 2003 et 2007 est « rassurant ». Ses résultats seraient en effet moins alarmistes que ceux, plus confidentiels, qu’on se passait sous le manteau, mais dont la presse n’avait pas eu à se faire l’écho.

Pourtant, outre les séquelles physiologiques liées à l’AMP, son impact psychologique reste peu étudié. Quelques professionnels ont noté des syndromes du survivant chez ceux qui ont été congelés après leur conception ou triés au milieu de frères et sœurs, et dont la naissance traduit l’aboutissement d’un tel parcours du combattant que leurs propres parents ont tendance à les traiter en « surhommes ». Mais les parents ne sont pas obligés de révéler à leur enfant le mode de procréation qui est à son origine, même quand ils ont fait appel à des gamètes, voire à un embryon issu d’autres personnes. La mesure de l’impact psychique de la procréation artificielle n’est pas encore d’actualité.

http://www.radionotredame.net/