Prix Richelieu - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Prix Richelieu

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Le 27 mars dernier avait lieu dans une des salles de l’Institut de France la remise du prix Richelieu à Quentin Dickinson et Jean Quatremer. Ce prix a été créé en 1992 à l’occasion du quarantième anniversaire du Cercle de presse Richelieu, ancêtre de l’association Défense de la Langue Française. Cette association veut ainsi récompenser « deux journalistes déterminés à défendre, contre vents et marées, la pratique du français dans l’environnement résolument anglophone des institutions européennes ». L’objectif du prix étant par ailleurs de conserver et répandre le patrimoine linguistique et culturel français d’une façon vivante, en aidant à l’évolution de la langue dans le respect de sa qualité. Cela passe notamment par l’encouragement à trouver des mots nouveaux dans le français des affaires tout en observant la syntaxes et la grammaire.
Les deux lauréats connaissent bien Bruxelles et ses institutions européennes, le premier pour y avoir été envoyé spécial permanent pour Radio France dix ans durant, le second pour être chargé de l’actualité communautaire chez Libération depuis 1992.
La cérémonie s’est déroulée dans une atmosphère intime et bon-enfant, l’académicien Angelo Rinaldi procédant à la remise commençant par confesser son échec professionnel comme journaliste de radio devant un micro adepte du Larsen et un magnétophone ne fonctionnant pas en l’absence des récipiendaires. Il fallut donc recommencer après avoir sollicité les compétences de Quentin Dickinson pour faire taire l’engin chanteur.

Dans leur allocution de remerciement les lauréats ont à leur tour fait preuve de bonhomie, Quentin Dickinson sur l’air de la profession journalistique comme étant par nature perpétuellement exposée à la critique, Jean Quatremer sur celui de la décoration qu’il avait l’impression de recevoir pour être tombé au champ d’honneur.
Mais on va céder à la tentation de rappeler leurs propos. C’est Quentin Dickinson qui rappelle que les journalistes ne peuvent manquer de respect à leur langue, le maçon ne méprisant pas la pierre, même si à côté d’artisans brillants on trouve des industriels du tirage. Et que cette profession bénéficie du « privilège exorbitant » d’accoupler ou de tuer les mots.

C’est ensuite Jean Quatremer qui répond à l’idée selon laquelle il faut exprimer les idées française en anglais pour les répandre en demandant si les idées anglaises se sont diffusées parce qu’elles étaient exprimées en serbo-croate ? Et observe que la dérive anglophone date de 1995, date d’adhésion des pays nordiques à l’Europe, faute par le gouvernement Balladur d’avoir pensé à demander l’équivalent des accords Pompidou-Heath (obligation de n’envoyer en poste à Bruxelles que des représentants parlant également le français) d’antan.

On rit encore, certes un peu jaune mais qu’importe, quand on entend que l’Eurocorps parle anglais alors qu’aucun de ses soldats n’est anglais ou irlandais. Mais plus du tout quand on se rend compte que l’attitude de nos élites conduit à réinventer la langue des clercs du Moyen Age dans la mesure où il est parfaitement illusoire de s’imaginer que tout le monde parlera anglais demain. Et que ce fait va entrainer un rejet encore plus grand des institutions européennes par les populations gouvernées.

Pierre François