Priorité Libye - France Catholique
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Priorité Libye

Le discours du président Hollande devant la XXIIe conférence des Ambassadeurs le 28 Août a remis sur le devant de la scène un sujet de préoccupation que l’on avait jusqu’à présent tenté de remiser : la Libye.
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Au-delà du Proche et du Moyen orient (notons qu’il n’a été fait aucune men­–tion de l’Afghanistan), de l’Ukraine et de l’Afrique, « la préoccupation majeure aujourd’hui » de François Hollande, s’adressant à ses ambassadeurs, est la Libye.

Pourquoi le sujet avait-il été jusque-là évité ? C’est évident : personne ne sait comment l’aborder ; et surtout personne ne veut assumer les conséquences de l’action franco-britannique d’il y a trois ans.

Pourquoi le sujet est-il néanmoins la préoccupation majeure, plus encore que le califat islamique d’Irak-Syrie ou Gaza ? C’est également évident : le président Hollande a mentionné le voisinage de la Libye avec l’Égypte et de la Tunisie. Il a spécialement insisté sur cette dernière, sans doute le « seul résultat des printemps arabes » et qu’il faut donc préserver.

Il aurait pu également citer la frontière de la Libye avec l’Algérie, le Niger et le Tchad. Mais le péril qui a été arrêté au nord Mali s’exerce désormais sur la bande côtière, donc les riverains de la Méditerranée occidentale. Ce qui signifie directement l’Europe du Sud : Malte, l’Italie et la France. La lutte pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli doit être un souci majeur pour l’Europe, autant sinon plus que le ciel aérien ukrainien ou la région de Mossoul. Il était important de remettre les problèmes en perspective.

Les propos du président français ont coïncidé avec la « bourde » américaine révélant pour le démentir ensuite piteusement, une frappe aérienne sur cet aéroport attribuée aux Émirats arabes unis avec le soutien de l’Égypte. Quelle mouche a piqué Washington de soulever ainsi le lièvre ? Sinon pour bloquer toute velléité d’intervention régionale en Libye dont les effets sont jugés par la Maison Blanche plus dangereux que la situation présente. Washington préfère donner la priorité au Nord-Irak et surtout ne pas accroître les divisions internes du monde sunnite musulman. Par exemple d’opposer Egypte et Turquie, sans parler de l’Arabie saoudite et du Qatar. L’implication alléguée — et non démentie contrairement à l’Égypte — des Émirats Arabes Unis est significative si l’on se souvient que les forces aériennes de cet État sont très proches de leurs homologues français qui disposent depuis 2008 d’une base militaire maritime et aérienne à Abou Dhabi.

Le président Hollande a saisi les Nations Unies pour que celles-ci appuient « les autorités libyennes » reconnues. Car sur le terrain, il y en a au moins deux : la Tripo­litaine et la Cyrénaïque sont de plus en plus opposées l’une à l’autre. La question est de savoir si cette séparation de facto peut être considérée comme un moindre mal. C’est-à-dire si la situation intérieure libyenne peut être contenue, isolée de ses voisins et internationalement contrôlable d’une manière ou d’une autre, dès lors que l’on juge toute intervention armée extérieure contre-productive.

Le sujet est sujet à ample discussion, à condition de bien connaître les faits et discerner les acteurs. On ne sort pas impunément d’un système politique qui avait duré plus de quarante ans.

Nul doute que l’attention diplomatique mais aussi politique et celle du renseignement méritent d’être concentrées sur la Libye autant qu’elle l’est présentement sur le Nord de l’Irak.