Précisions - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Précisions

859/

Copier le lien

Une dame de haute vertu, sans aucun doute pénétrée de l’esprit de charité et de clairvoyance, expliquait ce matin sur France Inter m’a-t-il semblé, qu’il fallait combattre le racisme de ceux qui veulent limiter drastiquement l’arrivée des multitudes en notre pays : l’une des raisons majeures qu’elle donnait était que les étrangers avaient fortement aidé la France à se développer. Pour moi, c’est une explication proche d’un certain esclavagisme. Bien entendu, ceux qui travaillent après avoir été accueillis, il va de soi qu’ils contribuent selon leurs compétences, pas toujours extraordinaire il faut bien en convenir, à la maintenance, voir à l’expansion (parfois) de notre économie. Mais l’accueil ne saurait se justifier que par cet aspect des choses.

Si je ressens le besoin de demander à mon lecteur de me lire sans a priori, c’est que je suis frappé de constater à quel point ceux qui nous gouvernent et ceux qui nous informent, croient-ils, usent et abusent du mot « raciste ». J’ai fait part il y a peu de mon trouble, de mes angoisses au sujet de la France et de ceux qui demandent que soit partagé avec eux ce que nous avons : ce trouble et ces angoisses ne concernent pas seulement ma propre personne.
Les foules de malheureux – dont quelques milliers sont morts et continuent de mourir dans les profondeurs de la Mare nostrum –, ces ‘innombrables’ (au sens propres puisque l’on ne parvient pas à les dénombrer) se lancent en effet dans la terrifiante aventure de leur exode qu’à cause du malheur qui règne chez eux : ils ne viennent pas pour nous, dont ils n’ont que faire, et pas plus pour nous aider dans nos tâches, ils viennent pour obtenir le « pain de chaque jour ». Et tout ce qui accompagne ou devrait accompagner ce pain, soit un travail, un logement, une instruction, une citoyenneté, des loisirs. La paix aussi. La vie en commun avec tout le monde ?

Nos socialistes idéaux semblent penser que l’accueil est un mot magique, qu’il entraîne de lui-même tout ce que je viens d’énumérer en un courte liste : cependant, n’a pas été trouvée la formule qui permettrait de ne pas laisser les « arrivants » s’enfermer dans des ghettos, de reconstituer de petites patries copiées sur le modèle dont ils ont fuient les limites ! La formule aussi qui transformerait ces mêmes « arrivants » en parfaits connaisseurs de notre langue, de nos coutumes, de nos goûts, de nos vêtures, de nos mœurs, de notre religion si nous en avons une, de nos vertus et de nos vices, de nos rêves aussi, de notre histoire, de nos projets…

En somme de notre civilisation si nous y pensons encore.

Qui ne voit que nous avons échoué notamment (et peut-être) principalement à cause du nombre excessif de ces arrivants ? Notamment (et peut-être) tout aussi principalement parce que nous n’avons pas réfléchi avec assez de détermination (et peut-être) de véritable amour les mesures d’aide comme d’accompagnement pour que le travail cherché puisse être organisé là où ils vivaient, dans leur propre patrie ? Nous avions autrefois un ministère de la Coopération, dont les plus avertis pensaient qu’avec de la patience et des budgets convenables nous parviendrions à ce que cette Coopération, délivrée du soupçon des gauchistes de néocolonialisme, parviendrait à faire progresser le développement harmonieux des nations francophones nouvellement indépendantes : au lieu de mieux concevoir les actions de cette Coopération, de mieux cerner le profil que ce ministère aurai progressivement pu perfectionné, on a balancé cet outil qui avait déjà porté des fruits magnifiques – je l’ai constaté en 1971, 1975 et 1978, lors de séjours assez longs et actif en Côte d’Ivoire. C’est le ministère des Affaires étrangères qui hérita de la mission : il fut et reste très éloigné du souci qui avait présidé à la formation du ministère de la Coopération. Robert Galley, ancien ministre chargé de cette fonction exaltante, m’avait à plusieurs reprises reçu et j’avais été impressionné par sa détermination. Plus tard, par sa déception.

Du fait de la plaidoirie incessamment renouvelée pour que la « porte », « notre » porte, reste ouverte et si possible bien plus encore, l’« appel d’air » s’est fait de plus en plus fort. Du fait que nous n’avons pas réfléchi, nous réputés intelligents, à la façon la plus efficace en même temps que la plus humaine de les recevoir 1, c’est-à-dire en leur donnant, non les clefs de la maison et puis « débrouillez-vous », mais les connaissances nécessaires pour que cette maison commune, notre pays, leur devienne « familière », si les ‘arrivants’ de première immigration songeaient à leur « intégration », peu à peu ce désir s’est estompé pour devenir désir de tout autre chose. Nous avons si bien agi à rebours de ce que nous aurions dû faire, voici que ces arrivants se sont mis à reconstruire chez nous la maison qu’ils avaient quittée, ce à quoi ils ne s’attendaient pas. Comme ils sont multitudes désormais, ils ont fini par importer nombre de façons de vivre qui allaient bien chez leur « autrefois » mais risquaient de devenir insupportables aux premiers occupants, nous autres. Et c’est bien ce qui s’est passé, et c’est bien ce qui effarent le Français de base. Je n’éprouve aucune honte pas davantage de culpabilité à m’avouer faire partie de ce peuple élémentaire.

Depuis déjà longtemps, le « multiculturalisme » a fait ses preuves : celles d’un organisateur à long terme d’une déconstruction du pays convoité, le nôtre, en train de nous échapper.

Je ne fais pas porter le chapeau aux « arrivants », même si parmi eux les plus actifs sont devenus nos ‘ennemis’. Je le fait davantage porter aux imbéciles qui nous gouvernent depuis l’instauration du « grand remplacement » comme cela se dit aujourd’hui parce que cela se fait depuis 1975. On voit que je ne me tourne pas seulement vers les socialistes officiels, je me tourne vers tous ceux qui, sans s’avouer socialistes, ont tout fait pour gouverner en socialistes.
Dès que s’ajoute un « iste », c’est d’avance perdu : la partie est pipée et les cartes biseautées. Mais c’est dans notre chair humaine que se découpent les biseaux !

*

Qui me lirait en coup de vent me traiterait automatiquement de raciste : parce que ce mot est commode pour rejeter toute discussion su le sujet, pourtant capital aujourd’hui. N’importe qui peut constater le phénomène avec examinant le « cas » Éric Zemmour.

La catégorie dirigeante de ce pays est tellement bornée qu’elle finirait par rendre les Français enragés à force d’être autiste. Quand l’un des militants encartés à gauche ou plus loin encore entend le mot « raciste », ou le prononce, ce qui est pire, aussitôt sa boîte en ose se ferme : la discussion est rejetée comme à jamais. Ainsi, l’auteur du « Suicide français » est jeté à la poubelle : il est raciste. Et ses lecteurs de même. J’assiste à ce bouillonnement avec compassion pour les pauvres d’esprit qui se laissent si complaisamment avoir.

On peut n’être pas d’accord avec ce que dit cet auteur si profondément désespéré (pour lequel aucun encarté n’aura de pitié), dont le texte est si fourni en munitions qui font mouchent, parfois avec justesse, parfois non : mais pour que ce désaccord soit crédible encore faudrait-il que les ‘désaccordés’ extrêmes étudient les arguments, avancent des raisons, des faits, des analyses qui tiennent la route et désarçonnent ceux de Zemmour : ce que j’ai lu, sans doute qu’une infime partie des prises de position anti Zemmour, ce n’était le plus souvent que pétitions de principes, engueulades, insultes. L’argument « racisme », surtout lui, on doit veiller à ce qu’il soit juste, exact, sans parti-pris infondé.

En vérité, Éric Zemmour parvient à mettre en lumière, étrangement, l’immense ‘trou noir’ civilisationnel que traverse le peuple français et ce trou noir porte le nom de cette position idéologique, affirmée trop souvent avec un fanatisme déconcertant : elle se nomme socialisme, un socialisme qui n’a pas oublié grand chose du marxisme. On découvre chez, non les ‘adversaires’ mais plutôt chez les ‘ennemis’ de Zemmour des arguments parfois sensés, parfois excessifs ; ou alors très documentés, mais alors on frise l’absurde parce que les balles passent sous les ponts ou trop haut ou trop peu, l’inexactitude ne pouvant servir de justification : mais tout cela relève souvent de l’oukase, de la mise à l’index ou de l’accusation ignominieuse.

J’ai dit fanatique : non que tous les socialistes le soient ! Sont présents dans cette mouvance de pensée nombre de citoyens intelligents et par là mesurés, (comme on dit quelquefois que les musulmans le sont, mais sans oser élever la voix et dire non) : ainsi sont les socialistes intelligents. Leur problème est qu’ils doivent faire preuve d’une fidélité partisane qui leur tord le cou.

J’ai l’impression, en elle-même angoissante, que nous ne sortirons jamais de cette spirale de type tornade : ce que je viens d’écrire justifiera chez certains mon exil intérieur ou ma mise virtuelle sous le carcan infâmant du racisme, ce que je ne puis que contester avec force. Chez d’autres, je serais pris pour un homme incompréhensible, peut-être même un socialiste, qui sait ? puisque je plaide fermement pour qu’on adopte une politique bien plus restrictive sur le nombre mais bien plus généreuse quand à la qualité de l’accueil.

En effet, je suis partisan depuis fort longtemps pour que l’on adapte cet accueil de l’étranger, non seulement à nos moyens, mais aussi et surtout à sa conception morale, intellectuelle, politique, sensible, bienveillante, spirituelle aussi : aujourd’hui, en fait depuis les années soixante-dix, nous sommes ridicules d’inefficacité.
Dominique Daguet

  1. Ce n’est pas que soit absente la conception d’une infinité d’essais, d’articles, de colloques : manque pourtant la réflexion sur ce que nous pouvions et, plus important encore, sur ce que nous ne pouvions pas. Sur donc ce que nous pouvions accepter ou non. Chaque fois qu’était avancée une idée sur nos impossibilités, l’idée était aussitôt combattue…