Pourquoi devriez-vous devenir (ou rester) catholique ? - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Pourquoi devriez-vous devenir (ou rester) catholique ?

Traduit par Bernadette Cosyn

Copier le lien

Quelqu’un m’a parlé un jour d’un type de sa connaissance qui aimait traîner avec des catholiques. Pourquoi ? Parce que c’était selon lui le meilleur moyen de rencontrer des filles. Il en était tellement convaincu qu’il est rapidement devenu catholique lui-même. [NDT : les protestants américains passent assez facilement d’une dénomination à une autre, souvent à la faveur d’un déménagement, selon que telle ou telle communauté leur semble plus apte à satisfaire leurs attentes spirituelles – ou seulement pratiques (horaire du culte par exemple).] Je ne sais pas si cela lui a réussi pour rencontrer davantage de filles. Mais voir l’Eglise comme une agence matrimoniale semble bizarre, comme motif de conversion.

Alors, pourquoi donc quelqu’un devrait-il devenir catholique ? Si Eros [dieu grec de l’amour] n’est pas suffisant pour justifier de se rallier à Rome – et de finir pour ainsi dire papiste – qu’en est-il de l’éthique ? Est-elle une raison suffisante ? Devrait-on rejoindre l’Eglise parce qu’on est en brûlante recherche de justice sociale et que par conséquent devenir membre d’une institution encline à servir les pauvres semble le vecteur évident.

Après tout, la solidarité avec les pauvres et les déshérités, particulièrement quand elle est exercée comme « option préférentielle » (pour parler comme nos évêques), est une dimension fondamentale de l’Evangile.

Le pape François n’a-t-il pas prononcé des envois éloquents dans ce sens ? Vers qui l’Eglise doit-elle se tourner en premier, demande-t-il dans Evangelii Gaudium ? Aucun doute, elle a mission de porter la Bonne Nouvelle à tous, mais qui a besoin de l’entendre en premier ? La réponse est claire :

non pas tant nos amis et nos voisins nantis, mais en priorité les pauvres et les malades, ceux qui sont habituellement méprisés et traités de haut, « ceux qui ne peuvent pas vous le rendre » (Luc 14:14)… Les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Evangile… il y a un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Puissions nous ne jamais les abandonner.(48)

Voici peut-être l’origine de cette merveilleuse image de l’Eglise comme « hôpital de campagne », où toutes sortes d’interventions d’urgence prennent place. Ou pour employer une autre image tout aussi expressive, un pont, que les plus démunis et découragés sont invités à franchir. Mais jamais un mur pour tenir les gens à l’écart.

Pourtant, est-ce la meilleure raison pour rejoindre l’Eglise Catholique Romaine ? Ne devriez-vous pas aspirer à quelque chose de plus élevé encore ? Même la condition misérable d’un de vos voisins, aussi pitoyablement qu’il implore un secours, ne peut en définitive être une raison satisfaisante de rejoindre l’Eglise. A moins qu’il n’y ait déjà quelque chose qui transpire par tous les pores de la vie de l’Eglise – qui lui soit intrinsèque – l’attractivité est insuffisante à procurer pleine satisfaction.

Alors que peut-il y avoir dans le catholicisme romain qui justifie tout le reste ? Qui surpasse même les idées bien-fondées de justice ?

La réponse est très simple. La vérité. Il ne peut y avoir de justification à appartenir à l’Eglise, à conformer votre vie entière à sa nature et à sa mission, excepté si la proposition de base de la foi est vraie. Si vous en êtes à ne plus prendre en considération – ou pire à relativiser – les vérités inscrites dans l’existence, dans l’être même de l’Eglise, vous auriez tort, terriblement tort, de vous convertir ou de persévérer comme membre. Partez aussi vite que vous pouvez, et si vous vous sentez toujours une inclination pour l’idéalisme, rejoignez une association humanitaire.

Comme Flannery O’Connor l’indiquait dans une lettre qu’elle avait écrite à une femme qu’elle avait persuadée de devenir catholique mais qui avait décidé qu’elle en était dégoûtée : « la seule chose qui va rendre supportable le terrible monde vers lequel nous nous acheminons est l’Eglise. Et la seule chose qui rende l’Eglise supportable est qu’elle est d’une manière ou d’une autre le Corps du Christ, et que nous sommes nourris de ce Corps. »

A moins d’être particulièrement obtus spirituellement parlant, le fait que Dieu se soit rompu Lui-même pour devenir notre pain devrait vous engager à rechercher à l’instant la messe la plus proche.

Joseph Ratzinger nous rappelle une des affirmations les plus saisissantes de l’époque des Pères de l’Eglise : l’insistance de Tertullien sur le fait que le Christ ne s’est jamais désigné Lui-même comme la coutume, l’usage. A la place, il se nomme Lui-même Vérité. Et de la façon la plus catégorique qui soit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean 14:6)

Ne faisant pas partie du cadre du monde ancien, le Christ ne peut pas être réduit au mythos de l’état païen ni à l’éthos de la nation israélite. Seul le Logos de Dieu peut rendre compte de la venue du Christ. Seul le Verbe, la Révélation faite par Elle-même de la Deuxième Personne de la Trinité peut traduire et exprimer convenablement le Nom du Père dans le monde charnel ; et en proclamant cette vérité, l’Eglise a réussi à mettre le christianisme à l’écart de toutes les autres religions et croyances de la planète.

Vous devriez être catholique, non pour rencontrer plus de femmes (ou d’hommes), non parce que cela vous permet de faire avancer la justice sociale, mais parce que vous croyez que ce que proclame l’Eglise est vrai, et engage par conséquent votre vie.

« Si le Christ n’est pas ressuscité », avertit Saint Paul, qui a d’abord été aveuglé par Dieu avant de recevoir de Lui un regard pénétrant permettant une vision claire, « notre foi est vaine et nous sommes les plus misérables des hommes. » [1 Corinthiens 15:17]

Qui ne souhaiterait pas adhérer à une Eglise qui garantit la vie éternelle, ancrant cette vérité dans le fait que Quelqu’un savait comment sortir de la tombe. Le christianisme n’est pas, ainsi que le soulignait Ratzinger, « l’option pour une base spirituelle du monde ». Cela, c’était le Platonicisme, et en dépit de ses nombreuses déclinaisons au cours de son âge d’or, il n’a jamais sauvé une seule âme. La proposition chrétienne est différente. « Sa formule centrale n’est pas « je crois en quelque chose » mais « je crois en Toi ». C’est la rencontre avec l’homme Jésus, et à travers cette rencontre, la découverte du Verbe comme Personne. »

Ou comme le dirait le pape François, « la place privilégiée de la rencontre est la caresse de la miséricorde de Dieu regardant mon péché. » Voir la miséricorde de Dieu vis-à-vis de notre péché est ce qui nous entraîne en direction de l’Eglise qu’Il a fondée, et en l’intégrant nous complétons la transformation en Lui.

Qui ne voudrait pas croire en une telle chose ? Que le Dieu de l’Univers, pas moins, pourrait s’abaisser jusqu’à naître en Palestine, afin de pouvoir se dissimuler dans le pain et le vin ?

Si nous rendions cela évident pour nos contemporains, nous entendrions plus souvent : où dois-je signer ?

— –

Regis Martin est professeur de théologie à l’université franciscaine de Steubenville. Il est l’auteur d’une demi-douzaine de livres. Il vit à Wintersville (Ohio) avec son épouse et dix enfants.

Illustration : « vue du Tibre en regardant vers le château Saint-Ange, avec la basilique Saint-Pierre à l’horizon » par Giuseppe Zocchi, vers 1750 [collection particulière]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/05/02/why-should-you-become-or-be-catholic/