Portraits de deux femmes - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Portraits de deux femmes

Traduit par Isabelle

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Aujourd’hui, j’ai à vous présenter le portrait de deux femmes. Il n’est pas inhabituel de trouver des portraits de femmes affichés publiquement. En effet, il est presque impossible d’aller quelque part sans voir partout des portraits de femmes : sur les couvertures des magazines, les panneaux d’affichage, les publicités à la télévision, les canettes de bière. Mais ces images ont pour but de nous vendre quelque chose. Bien souvent, elles sont destinées à mettre le feu aux passions et aux appétits. Ces femmes représentent des intérêts commerciaux. Les portraits que j’ai pour vous ne sont pas du tout comme cela. Les portraits que je veux vous présenter sont ceux de deux femmes, aussi belles que n’importe laquelle sur ces affiches, mais qui représentent quelque chose de différent. Elles représentent (parce qu’elles l’incarnent) l’amour généreux, le don de soi, le service, la force, le souci de l’autre et la sagesse. Beaucoup de couvertures de magazines proclament ces mots en travers de la page, mais il n’est pas évident qu’ils comprennent vraiment ce qu’ils veulent dire. Ces femmes, elles, le comprennent. Ce sont des mères. student-and-mother.jpg Le premier portrait est celui de la mère d’un de mes brillants étudiants en licence. Son fils est extrêmement intelligent et capable, mais il a besoin d’aide pour certaines choses comme de manipuler des papiers ou de tourner les pages pendant les cours. Aussi, elle l’accompagne chaque jour aux cours, et reste assise patiemment près de lui, s’assurant qu’il a pu tourner les pages assez vite, ou passer les polycopiés au voisin.. J’ai pris cette photo à côté de la chapelle de l’université où ils avaient tous les deux assisté à la messe quotidienne. Elle est silencieuse, et parle rarement pendant les cours, même quand je lui demande en plaisantant : « en tant que mère, êtes-vous d’accord ? » Elle se contente de hocher la tête d’un air entendu, et laisse le cours se poursuivre. Et pourtant, bien que silencieuse, on sent qu’elle comprend tout ce qui se passe, même quand le sujet du cours est un texte compliqué de Pères et Docteurs de l’Eglise. mary-tommy-pope-francis-3.jpg La deuxième mère est la femme d’un de mes amis. Elle élève cinq enfants, dont un trisomique. Elle a aussi un diplôme de psychologie, prend régulièrement la parole devant un auditoire nombreux, et a témoigné devant l’Assemblée législative. Mais dois-je vraiment ajouter ces détails ? Il ne s’agit pas d’une compétition pour une médaille d’or. Et pourtant la plupart d’entre nous devrait admettre que nous sommes indignes de dénouer les lacets de leurs chaussures. En tous cas, je n’ai pas inséré ces photos pour flatter leur vanité, bien que toutes deux soient fort belles. Les photos sont simplement destinées à montrer deux femmes qui, chacune à sa manière, représentent toutes les mères : généreuses donatrices d’amour attentionné. Dans notre société moderne, on a trop tendance à encourager l’illusion de l’autonomie individuelle. Cette illusion est favorisée parmi d’autres choses, par les théories modernes de « contrat social ». Aucun homme ne peut affirmer quelque chose d’aussi absurde que « l’Etat de nature » de l’origine, où les hommes se sont réunis pour former une communauté, à moins d’oublier sa propre mère. Mais, avec tout le respect que l’on doit à Hobbes, Locke et Rousseau, nous n’arrivons pas en ce monde comme des personnes toutes faites et rationnelles, occupées à maximiser leur intérêt personnel. Nous sommes des animaux raisonnables, dépendant,s qui devenons ce que nous sommes parce que des gens se sont occupés de nous. Au moins une personne s’est occupée de nous suffisamment pour nous porter dans son sein pendant neuf mois et traverser le dur travail de l’accouchement. Personne – pas même le Dieu incarné – n’est venu au monde sans mère. Nous sommes des êtres qui tirent leur existence des autres, c’est pourquoi nous sommes appelés à apprendre à exister pour les autres. Telle est la vie d’une mère. Et telle devrait être notre vie, que nous soyons mère ou pas. Aussi, en ce jour de la fête des mères, célébrons nos mères et toutes les mères. Ceci n’est pas destiné à suggérer que les femmes qui ne sont pas mères ne doivent pas être célébrées. Dieu sait qu’elles le sont tous les jours sur les couvertures et dans les pages de tous ces magazines féminins. La fête des mères devrait nous rappeler à tous d’où nous venons et ce que nous devons, pas seulement à notre propre mère, mais à la communauté qui nous a nourri, nous a appris à parler et à lire, nous a protégés par ses lois, et nous a donné une structure sociale dans laquelle nous avons vécu en paix pour pouvoir planifier notre avenir avec créativité. Cela devrait nous rappeler que nous ne sommes pas seulement des animaux raisonnables, mais que nous dépendons d’animaux raisonnables, dont nous avons besoin et qui ont besoin de nous. Et cela devrait aussi nous rappeler que, comme le dit Saint Paul, « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 corinthiens XII 10). Nous vivons dans un monde qui attache de l’importance à la force et à la domination, et les valorise. Ce monde, évaluant ce qui a de la valeur pour lui, a souvent éliminé les femmes comme faibles et sans intérêt. Et pourtant l’absurdité de cette opinion est évidente : Où serions-nous sans les femmes – et pas seulement les femmes, mais les femmes qui ont le courage d’accepter d’être plus vulnérables pendant neuf mois, et parfois pendant des années ensuite, pour que nous soyons forts ? Nous n’existerions pas sans elles. Une société qui résiste à la tentation de ne célébrer que la force et la réussite, et qui reconnait que nous avons besoin de ceux qui travaillent avec abnégation, année après année, pour rendre possibles tant de ces choses que nous prenons comme allant de soi – notre vie, notre santé, notre capacité à parler, nos qualités, notre connaissance de la foi – aide à répandre le levain du Christ. C’est pour cette raison que j’ai toujours pensé qu’il était opportun que la fête des mères tombe si souvent peu de temps après Pâques. Les sociétés qui vous prêchent « l’Etat de nature » et pensent que nous pouvons dépendre d’une certaine sorte de contrat social produisent souvent ce qu’elles redoutent le plus : une société dans laquelle la vie est « solitaire, pauvre, mauvaise, brutale et courte ». Commencez par la mauvaise conception de l’être humain, et vous finirez avec une société inhumaine de gens qui ne pensent qu’à augmenter leur intérêt personnel, et un monde impitoyable. Par contre une société qui protège et donne de la valeur aux mères sème les germes de la charité. Que Dieu nous aide si nous oublions les mères. Marie, mère de Dieu, priez pour nous. 14 mai 2017 Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/05/14/pictures-of-two-women/