Le 2 novembre, les catholiques latins commémorent leurs morts. Ironie du calendrier, ce 2 novembre des coptes orthodoxes ont été victimes d’une attaque islamique après leur visite au monastère de saint Samuel le confesseur, à Minya, à 220 km au sud-est du Caire. L’histoire se répète puisqu’ en mai 2017 déjà une attaque sanglante avait fait 29 victimes sur ce même trajet. Il est vrai que, comme le déplore Mgr Kyrillos, évêque catholique d’Assiout, cette route qui vient de Libye est particulièrement difficile à sécuriser.
Après avoir bloqué les cars qui les transportaient, les djihadistes, camouflés en militaires, ont forcé les pèlerins à en descendre. Comme ils refusaient de réciter la chehada, الشهادة qui fait un musulman de qui la prononce - « Je témoigne qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et que Mohamed est le messager d’Allah »-, ils ont ouvert le feu faisant sept morts et treize blessés.
El-Sissi a déploré cet attentat, revendiqué par l’Etat islamique et destiné à nuire au « tissu social de la nation ». Cette tragédie pose une nouvelle fois la question de la sécurité promise par le président à la minorité chrétienne du pays. Même si ce dernier a offert sa protection à la communauté copte, il n’a pu endiguer la violence sporadique et sectaire qui perdure dans les zones les plus pauvres du pays.
Al-Azahr, la plus haute institution de l’islam sunnite, a pareillement condamné l’attaque : « Les auteurs de cet attentat terroriste sont des criminels sans les valeurs fondamentales de l’humanité des enseignements des religions qui font appel à la coexistence et à la paix, à la renonciation à la violence et à la haine et à la condamnation du meurtre d’innocents ». Nous nous retrouvons tous autour de ces belles paroles mais, pour qu’elles ne restent pas lettres mortes, il faudrait que soient dénoncés les prêches qui, dans les mosquées et les médias, résonnent comme autant d’appels au crime ; que soient corrigés les enseignements qui, à travers les manuels scolaires, dans les écoles et les universités, forment les bataillons des djihadistes de demain.
Après l’angélus prononcé le 4 novembre depuis sa fenêtre du palais apostolique au Vatican, le pape François a prié pour les pèlerins tués « pour le seul fait d’être chrétiens ». Les martyrs du 2 novembre sont des gens simples, des chrétiens ordinaires qui ont su pourtant suivre le Christ jusqu’à la mort. Voilà pourquoi l’Eglise copte n’a pas écouté les appels à la prudence et maintiendra toutes ses activités liturgiques et pastorales durant le mois de novembre. Elle se montre ainsi fidèle à la mission apostolique qui est la sienne et dont ses martyrs ont porté témoignage « O mort, où est ta victoire » ?
Si la répétition des actes de barbarie perpétrés contre l’Eglise d’Egypte est désespérante, la foi et la fidélité de ses enfants prêts à donner leur vie pour l’amour du Christ, nous émerveille.
Que la très sainte vierge Marie console les familles des martyrs et toute la communauté copte frappée dans sa chair !
Michel Chafik
Ancien Recteur de la Mission copte catholique de Paris