Pâques est essentiellement apostolique - France Catholique
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Pâques est essentiellement apostolique

Traduit par Claude

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Pâques est une fête si importante, et sa signification si merveilleuse, que l’Eglise nous demande de non seulement la célébrer, mais aussi de la vivre durant une saison. Comme si un seul dimanche n’était pas suffisant, nous commençons par célébrer une semaine « parfaite » de dimanches, durant cette « semaine de Pâques ». Ensuite nous prenons ce chiffre parfait de « sept », lui-même le multiplicateur parfait, et on trouve la durée de la saison, qui s’étire jusqu’à la « Pentecôte » – le mot grec pour « cinquante » (nombre obtenu en comptant quarante neuf inclusivement, suivant l’ancienne manière).

Peut-être le Carême vous paraît long. Mais je suspecte que la peine et la contrition sont plus faciles pour beaucoup d’entre nous que la joie et l’espoir. Comment pourrez-vous vivre des Pâques chrétiennes sans faillir, jusqu’au 20 mai ? Une simple résolution : Trouvez d’autres chrétiens qui seront d’accord pour échanger avec vous l’ancien salut, « Christ est ressuscité !» – « vraiment Il est ressuscité! ». Ou bien faite de Marie Elle-même votre partenaire dans cet exercice, en récitant ou en chantant le Regina caeli à midi

Nous pouvons avoir un aperçu de la saison, pour nous aider à vivre mieux, par contraste avec le temps de Noel, lui aussi une saison. L’Incarnation et la Passion sont les deux grands événements de l’histoire de l’humanité. Les deux sont réunis au cours du sacrifice de la Messe: l’un des mystères est réellement présent dans les éléments transubstanciés, et l’autre dans la séparation du Corps et du Sang. Et cependant les fêtes et les saisons liturgiques sont très différentes.

Noël est, et a toujours été, une fête du monde. Alors que Pâques est une fête de l’Eglise, quelque soit la pompe publique des liturgies du matin de Pâques, et la beauté des habits de Pâques. Le monde aime célébrer la période de Noël : c’est simplement le calendrier qui a tord. Il célèbre cette saison quelques semaines trop tôt. Même sans l’échange de cadeaux, qui est évidement très attrayant pour le commerce du monde, chacun apprécie encore les noëls chantés à l’Enfant-Roi dans son berceau, ou la promesse de réconciliation entre Dieu et l’homme.

Mais il n’y a pas de saison de Pâques pour le monde. C’est comme si le monde, dans les pays occidentaux au moins, sent le printemps, et n’a donc besoin d’aucune vacance d’origine sur-naturelle. L’effort justifié de la chrétienté de revendiquer les symboles païens du printemps pour le christianisme a généralement été un échec. Nous voyons de nos jours que le monde s’est déjà tourné vers la semaine du Master et le début des matchs de base-ball. Il attend déjà les pique-niques du « Mémorial Day ».

Mais Pâques n’est pas une première priorité pour le monde: elle l’est pour l’Eglise. Après tout, l’Eglise n’existait pas lors de la Nativité. Ce mystère a eu des témoins choisis dans le monde comme par hasard. Et il n’en a résulté aucune charge ou mission pour ces témoins. Les mages sont retournés dans leur pays. Les bergers sont retournés à leurs champs et ont continué à soigner leurs troupeaux. L’Evangéliste Marc ne cite même pas la Nativité dans son Evangile.

L’histoire de la Nativité aurait pu être perdue sans perte essentielle pour l’enseignement chrétien. Marie a bien observé les scènes et , « les conservant dans son coeur », les a médités. Elle a certainement été la source pour les autres évangélistes, mais dans son rôle général de Mère de la vie contemplative de l’Eglise.

Cependant l’Eglise est née de la Passion, et les témoins de la Résurrection avaient été choisis préalablement et formés pour cette tâche. Il est compréhensible que nous voulions présenter l’Evangile comme étant destiné à tout le monde. Nous vivons à une époque où les égos sont fragiles et sentons que les autres largement languissent pour être acceptés ou affirmés.

Et cependant le Jeudi Saint est aussi l’anniversaire de l’institution de la prêtrise. C’est la fête du Nouveau Commandement (mandatum = maundy), que seulement un disciple du Christ peut intentionnellement suivre.

Le Vendredi saint est aussi la Fête de la Naissance de l’Eglise: ainsi que le Catéchisme le dit magnifiquement: « De même que Eve fut formée d’une côte d’Adam endormi, l’Eglise est née du coeur percé du Christ mort pendu sur la croix » Et qui plus est, c’est la fête de notre adoption, dans l’Eglise, en tant qu’enfants de Marie, « Voici votre mère ». Ce sont toutes fêtes de la « famille ».

Comme pour la Résurrection, c’est toujours une énigme de savoir pourquoi Notre Seigneur est apparu presqu’uniquement à ses disciples.. « Cet homme que Dieu a élevé le troisième jour et accordé d’être visible, pas pour tout le monde, mais pour nous, les témoins choisis par Dieu depuis toujours ». (Apôtres 10-40)

Le Cardinal Newman, dans un sermon astucieux sur le problème (« Témoins de la Résurrection »), dit que Dieu a sûrement choisi la méthode qui était la meilleure. Si Jésus était apparu à un grand nombre, comme il l’a fait durant son ministère public, Il les aurait surpris pour commencer, mais ensuite ils l’auraient rejeté de nouveau. Seuls peu de personnes connaissaient Jésus suffisamment pour être certain que le Ressuscité était le même homme que celui qui avait souffert. Peut-être, et c’est encore plus important, c’était l’intention de Dieu de propager la Bonne Nouvelle « par l’intermédiaire de ses propre amis intimes » (emphase originelle).

La Résurrection est, donc, un mystère révélé en premier à l’Eglise, et reçu par l’Eglise. Pâques est ainsi fondamentalement une fête Apostolique. Il est impossible de célébrer Pâques sans célébrer en même temps la tradition Apostolique. C’est pourquoi nos frères protestants, sans cette dernière, essayeront parfois de faire croire que la Résurrection est une matière de preuve légale.

Un chrétien traitant avec le monde peut être tenté de sauter une étape. Dans son livre sur le Concile Vatican II, Sources de Renouveau, Karol Wojtyla, alors archevêque de Cracovie, dit que la question fondamentale du Concile était Ecclesia, quid dicis de te ipsa? (Eglise, que dis-tu de toi même?).

La réponse du Concile a ses racines dans la Semaine Sainte. On ne peut pas faire mieux, durant la saison de Pâques, que de retomber amoureux de l’Eglise, et de devenir nous-mêmes plus profondément apostoliques.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/04/03/easter-is-fundamentally-apostolic/

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Michael Pakaluk est Aristotle scholar and Ordinarius de la Pontifical Academy of St Thomas Aquinea, et professeur à la Busch school of Business and Economics à la Catholic University of America. Il vit à Hyattsville, MD, avec son épouse Catherine, également professeur à la Busch School, et leurs huit enfants.