Nouvelle donne - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Nouvelle donne

Copier le lien

La dernière semaine de la campagne pré­­sidentielle a été décisive. Non pour la victoire, qui était acquise, mais pour son ampleur.

Victoire acquise ? Traduisant le sentiment des cadres du Front national, Ma­rion Maréchal-Le Pen espérait un score au-dessus de 40 % quelques jours avant le deuxième tour. La candidate frontiste avait donc anticipé sa défaite et son attitude agressive devant Emmanuel Macron, lors du débat télévisé du 3 mai, montrait en fait qu’elle était déjà en campagne pour les législatives. Mais cette attitude et la confusion de ses propos sur les questions monétaires ont souligné sa faiblesse face à Emmanuel Macron et surtout son incapacité à prendre en charge les affaires de la nation. Ce débat, que même la plupart de ses partisans ont estimé raté, a sans doute aggravé la défaite, décourageant une notable proportion d’électeurs de droite de voter pour elle ou de voter tout court. Marine Le Pen, malgré une forte progression en voix, a donc obtenu moins de 35 % des suffrages. Du coup, les législatives ne se présentent pas sous un aussi bon jour qu’attendu, même si le Front national se proclame premier parti de l’opposition et annonce une mue.

Le triomphe d’Emmanuel Macron a été immédiatement maîtrisé et, au soir du 7 mai, le vainqueur a déclaré vouloir servir la France avec « humilité, « dévouement » et « détermination » afin que la nouvelle page de son histoire qui s’ouvre soit « celle de l’espoir et de la confiance retrouvée ».

Le nouveau président de la République sait qu’il ne bénéficiera pas de l’« état de grâce » qui s’installe d’ordinaire pendant quelques mois en cas de changement de majorité. Les atouts du nouvel élu ­ — jeunesse et expérience ministérielle — ne peuvent compenser cette faiblesse.

Emmanuel Macron sait qu’il a bénéficié d’un très considérable vote de rejet de Marine Le Pen dans un contexte inédit de défaite des deux principaux partis de la droite libérale et de la gauche. Il a pu constater que les votes blancs et nuls étaient deux fois plus élevés que la moyenne et que l’abstention était anormalement forte. Il sait aussi que la formation qui lui a donné la victoire — En Marche ! — est fragile et que les élections législatives seront pour celle-ci le moment de vérité. Or si le nouveau président veut agir, il lui faut rétablir la « verticale du pouvoir » entre l’Élysée, Matignon et une Assemblée nationale disciplinée. Or une majorité parlementaire est loin de lui être ac­quise. Absents du second tour, les partis politiques classiques n’ont pas disparu. Les Républicains et le Parti socialiste ont été sévèrement étrillés mais ces partis disposent d’une implantation solide, d’un encadrement expérimenté et de personnalités représentatives.

Le Front national est han­dicapé par la jeunesse de ses candidats, généralement peu expérimentés. Il faut également compter sur La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, même si elle paraît peu capable de s’installer solidement à l’Assemblée nationale.

Mais toutes ces formations vont se battre ardemment pour préserver des sièges ou pour en conquérir et les partisans d’Emmanuel Macron seront d’autant plus à la peine que ces législatives ne leur donneront plus l’occasion d’une bataille frontale contre l’extrémisme. Dans une France profondément fracturée, où les oppositions se durcissent entre le « haut » et le « bas », de rudes surprises sont à craindre.