Nous sous-estimons le Christ - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Nous sous-estimons le Christ

Traduit par Bernadette Cosyn

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L’une des facettes sous-appréciées de l’enseignement de Jean-Paul II nous concerne tous. Dans ses encycliques ‘Fides et Ratio’ et ‘Ex Corde Ecclesia’, son but général était de montrer l’importance de l’influence de Jésus-Christ.

Ce n’est pas l’influence au sens culturel. C’est une influence parce que : « toutes choses sont venues par Lui, et sans Lui, rien ne s’est fait. Par Lui est venue la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1:3-4). Cette influence se situe, non au niveau de la société mais au niveau de l’être.

La signification de ceci est sous-évaluée parce que notre culture a ses racines dans l’anticléricalisme et l’anti-christianisme hérités des Lumières. De ce fait, malheureusement, nous pensons souvent de la manière désirée par les Lumières. Pour les Lumières, Jésus-Christ n’était que le fondateur d’une religion parmi beaucoup d’autres.

La vérité, tout d’abord, est que toute chose vient à l’existence par le Verbe de Dieu qui est Jésus. Les éléments de la Création eux-mêmes parlent de leur origine divine par leur beauté et leur vérité. Ensuite, et c’est la lumière dont parle Jean, quand nous utilisons notre raison de manière disciplinée et lui permettons d’être magnifiée par la foi, nous pouvons apprendre vraiment sur les créatures, et, encore plus passionnant, nous commençons également à rencontrer Jésus plus profondément.

Rencontrer Jésus-Christ par la foi nous conduit à Lui. Il est « la personne » par excellence. Il nous conduit dans la meilleure relation inter-personnelle que nous puissions avoir. Nous sommes conduits à devenir des personnes au sens le plus profond du terme. Selon les propres mots de Hans Urs von Balthasar : « dans la rencontre avec le Christ, Dieu nous offre gratuitement… la plus grande chance possible de devenir une personne, de s’imprégner de Sa propre substance, de saisir le plus intime de Lui-même, qui sinon nous demeurerait inconnaissable. » C’est quelque chose qu’il faut toute une vie pour apprendre à apprécier.

De plus rencontrer Jésus ne demeure pas une expérience individuelle et personnelle : « selon la loi de la communion des saints, l’individu peut s’offrir lui-même à Dieu pour le compte d’autres personnes… en demandant, souffrant et agissant pour eux ». La Communion se produit à travers le Christ prenant notre nature humaine et nous rachetant. Mais nous gagnons un rôle dans ce grand processus de rédemption. Dieu est intervenu dans l’histoire et nous a donné le pouvoir d’intervenir également.

Cette communion est appelée « l’Eglise ». Et elle est constituée par le Christ. Liturgiquement, ce qui ne veut pas dire théâtralement, Il continue de naître, vivre, mourir et ressusciter dans la vie de l’Eglise, jusqu’à ce qu’Il revienne comme juge.

Mais revenons à la notion de vérité : les grandes vérités de la foi sont des expressions venues de la bouche du Christ, durant sa vie, ou de Son Corps qui est l’Eglise. Les évêques ne parlent pas pour un Christ absent. Ils expriment les paroles du Christ comme également sa présence. Ils le font bien ou mal, selon leurs aptitudes personnelles, les lacunes dans leur savoir et leur état de pécheur. Ils le font mieux quand ils utilisent les mots de l’Ecriture ou la Tradition de l’Eglise – révélations divines garanties dans notre monde.

Il y a une ligne intéressante dans le bréviaire à propos de l’Eglise n’utilisant que les ressources de l’Eglise. La ressource de l’Eglise est Jésus-Christ, qui verse en nous ses dons pour l’enrichissement de l’Eglise. Ces dons comprennent les Ecritures (œuvre du Verbe divin) et la Tradition (le Christ parlant par les liturgies et par ses médiateurs).

Je soulève ce point parce que, d’une façon qui n’a probablement jamais été aussi fréquente depuis l’époque de Martin Luther, nous entendons venus d’évêques, des enseignements qui sont contraires à la doctrine établie. Soyons clairs : cela ne met pas le Christ en cause. Il est toujours puissamment avec l’Eglise. Une pensée aussi catastrophique que de croire que le Christ a abandonné l’Eglise est du grand n’importe quoi pour un chrétien.

Si un évêque fait une déclaration telle que par exemple, celle récemment faite par le cardinal allemand Reinhold Marx et exprimant la pensée que certaines unions homosexuelles pourraient être bénies, alors il parle tout simplement contre la Tradition judéo-chrétienne. La Tradition n’a pas changé, il s’est seulement et à tort détourné d’elle.

L’Eglise abrite de nombreuses personnes qui contredisent son enseignement. J’en rencontre tous les jours. Mais comme catholique adulte, je sais que ma foi ne dépend pas des gens qui nient la doctrine catholique. La foi n’est pas réactive ; c’est une union spirituelle avec le Christ et Son Eglise qui va toujours s’approfondissant.

Un évêque qui a été séduit par la politique de l’importance, dans laquelle un électeur politique imagine qu’il peut renverser l’enseignement établi ne change pas l’enseignement établi.

Oui, l’enseignement « évolue » (dans le sens limité et très précis que donne Newman). Il évolue et il y a une continuité et une cohérence au fil du temps dans l’enseignement authentique. Mais l’opinion du cardinal Marx n’est pas un développement de la doctrine. C’est seulement un signe d’aberration individuelle.

Penser différemment, c’est sous-estimer la présence du Christ dans l’Eglise et Son aptitude à coexister même avec des évêques à la pensée confuse. Le blé et l’ivraie coexistent jusque la récolte. Mais nous ne devrions avoir aucun doute sur leur nature respective.

Bevil Bramwell est l’ancien doyen de premier cycle de l’université catholique de Distance.

Illustration : « fresque de la Résurrection » par un artiste inconnu, vers 1320 [église du Saint Sauveur à Istanbul, devenue le musée Chora]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/04/08/underestimating-christ/