Nos crèches victimes de la bêtise - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Nos crèches victimes de la bêtise

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À peine revenu de quelques courses nécessaires, ma femme vient vers moi, stupéfaite : « Le Préfet de Nantes interdit au Conseil général d’installer une crèche dans ses locaux ! » Je lui demande, avec quelque espoir, si le Président de ce Conseil a répondu énergiquement «Une crèche est prévue, elle sera installée » – Pas du tout, il a obéi ». Plus tard, il m’a semblé qu’il ne s’agissait pas de la Loire atlantique mais de la Vendée.

C’est évidemment une sottise grosse comme le plus gros crapaud que l’on puisse trouver sous nos latitudes ! Bien plus, c’est une atteinte à notre patrimoine culturel. C’est peut-être aussi l’un de ces abus que l’on commet contre les chrétiens pour mieux affirmer les prérogatives de la ‘Laïcité’, dame conquérante qui, à force de vouloir contraindre les Français à un « vivre ensemble » aseptisé, ne finisse par nous convaincre de nous détester.

Que Monsieur Hollande se croit au-dessus du peuple français (parce que bien entendu cela vient de lui, l’habitué des coups fourrés), c’est son problème : mais nous ne pouvons pas supporter que ce bon apôtre nous dicte notre conduite, nous prêche le credo de l’athéisme bon enfant et nous empêche de mettre à la vue de tous les crèches que nous désirons montrer, comme en en voyait il y a quelques années sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.

Il est ahurissant qu’un tel ordre émane d’un président de la République (et s’il vient plus prosaïquement du Ministre de l’Intérieur, cela n’a de sens (il faut bien qu’il y en est un) que pour se faire admirer plus bête que nature auprès de son grand chef.

J’adresse un grand bravo en direction de la ville de Béziers, où le maire a reçu le même ordre absurde : lui au moins a réagi comme il convient ; il a dit « non, je n’obéirai pas ! » Sans doute ce refus part des meilleures raisons qui soient : on ne foule pas aux pieds comme un vulgaire Bleu de 1793 les signes coutumiers qu’aiment aussi bien les athées, les agnostiques, les chrétiens, et même certains musulmans de France. Il s’agit d’une pratique multi séculaires, il s’agit en outre d’une industrie déjà en difficulté, celle des « santonniers » : l’un d’entre eux s’en va en Chine confier nos santons à de bouddhistes ignorant tout de l’Enfant Jésus !

Chez nous, la crèche s’est enrichie, à raison de deux ou trois par ans, de quelques 76 santons d’une taille de 11 centimètres. Nos enfants – dont l’un ou l’autre a perdu plus ou moins la foi, la laissant s’égarer sur les rives d’un fleuve imprégné ou pollué par diverses idéologies contraires au christianisme – se précipitaient, petits et grands, pour « voir » la crèche, découvrir les nouvelles figurines de chez Marcel Carbonnel : eh bien, si la crèche avait été oubliée ce Noël nouveau, ils auraient fait chorus avec les petits-enfants pour crier au sacrilège !

Je ne trouve aucune circonstance atténuante pour ce mauvais coup barbare : la seule excuse que Monsieur le Préfet puisse revendiquer n’est autre que l’ordre reçu : mais un ordre d’une telle stupidité ne saurait, chez n’importe quel être humain conscient, être obéi.

N’oublions pas que la crèche, outre le fait qu’elle est un signe de joie, une occasion d’émerveillement pour les petits enfants, est un précieux outil de communication inter-générations, un indicateur temporel et même un point de repère. Elle est la reconnaissance d’une longue, longue histoire, la nôtre : mieux encore, l’anniversaire de la naissance d’un homme exceptionnel qui a marqué de son amour vingt de nos siècles. Nous célébrons Napoléon, ou Louis XIX, pourquoi refuserions-nous de lever le coude tous ensemble, chrétiens et athées ensemble avec les agnostiques, en souvenir de ce Jésus de Nazareth qui nous a tant aimés ?

(Bien entendu, nombre d’événements récents sont beaucoup plus graves et douloureux : ici, rien de tragique, c’est certain, rien qui mette la vie de chrétiens ou de non-chrétiens d’ici ou d’ailleurs en danger. Point de menaces, de coups sur la nuque ; aucune condamnation à mort pour blasphème ou à séjourner en prison pendant cinq ans pour avoir mangé à midi lors d‘un ramadan ou porté une « chemise T » aux couleurs de la Manif pour tous : et pourtant j’use d’expressions fortes et même violentes ! C’est que cette décision ressemble à un coup d’essai, je cherche le mot exact sans le trouver : voir jusqu’où l’on peut aller afin d’étendre le plus possible le champ de la laïcité et d’ainsi réduire celui de la liberté des catholiques, que l’on veut calfeutrer dans leur maison, où, pense-t-on, ils devraient rester jusqu’à ce que mort s’ensuive.

La crèche est un bon prétexte : plus culturel que cultuel, plus grand public que familial… Réussir son coup avec elle, c’est l’assurance que l’on pourra passer à d’autres cibles : les processions, les banderoles, les sonneries de cloches, les affiches, les croix de rogations et de tombeaux, les vitrines, le voile des religieuses, la soutane des irréductibles… sans oublier les signes et insignes portés sur la veste ou la chemise, les tableaux et sculptures religieux dans les musées … Quand on est capable de s’en prendre à la fête chrétienne qu’est d’abord Noël, on affiche sa capacité à tout détruire qui soit visiblement relié à la catholicité : au nom d’une laïcité pervertie en même temps que stupidement sacralisée. De plus, le grand commerce y aide, comme chez un certain Super U, qui donnait à voir depuis longtemps une crèche jusqu’à l’an passé, plus aujourd’hui.

(Les Gras Orientalistes doivent se frotter les mains de contentement. Mais ont-ils des mains ?)

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