Noble - France Catholique

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C’est un mélo à la Dickens, l’histoire de Christina, une orpheline, élevée dans les années 1950-1960, par des religieuses irlandaises bornées pour ne pas dire cinglées. Tous les malheurs possibles vont lui tomber dessus : exploitée en tant qu’ouvrière sans domicile, violée à seize ans, elle se fera voler l’enfant issu de ce viol par un organisme catholique d’adoption. Puis elle épousera un homme qui se révélera volage et violent… Préparez vos mouchoirs, d’autant plus que les trois actrices qui incarnent les différents âges de notre blonde et naïve héroïne sont craquantes, jouent avec subtilité, rayonnent d’innocence.
Plusieurs choses sauvent Christina. D’abord son amour de la chanson car, dès son plus jeune âge, elle est capable de se produire en public avec succès. Ensuite sa conviction qu’elle a quelque chose à faire sur cette terre qui donnera un sens à ses épreuves, d’où sa capacité spectaculaire de dialoguer directement avec Dieu. Et puis, après 1971, un improbable rêve de Vietnam, un pays qu’elle ne saurait pas situer sur la carte…

Tout cela est basé sur des faits totalement authentiques. Christina Noble, née en 1944 à Dublin, a débarqué en 1989 à Ho-Chi-Minh-Ville (Saigon) avec un visa touristique. La rencontre de deux petites orphelines de la rue va la transformer entièrement. Vingt-cinq ans plus tard, sa fondation a mené à bien plus de cent projets humanitaires au profit de l’enfance vietnamienne et aussi en Mongolie ! Elle a raconté sa success story caritative dans plusieurs best-sellers et ce film vient comme une consécration de la justesse de ses intuitions.

Dans le film, les aller et retour de la période fondatrice au Vietnam aux différents épisodes de l’enfance de Christina en Irlande et en Angleterre, tendent à prouver qu’il n’y a en fait aucun hasard dans cette vie pleinement réussie.

Quant au film, il n’est pas sans qualités : un scénario bien construit, à la fois simple et plein de retournements, des personnages typés mais qui peuvent surprendre en bien comme en mal, des images très belles, trop belles peut-être, mais qui correspondent en fait à ce que les personnes qui connaissent le Vietnam aiment de ce pays. Il y a une reconstitution réaliste de la pauvreté de ces années où le pays, détruit par la guerre américaine, commençait tout juste à s’ouvrir aux hommes d’affaires étrangers et à quelques touristes. Quant aux personnages aux ordres de l’administration : policiers, juges, hôteliers, responsables de l’orphelinat, ils présentent, certes, un visage un peu lisse, politiquement correct au sens communiste du terme. Ce qui ne veut pas dire qu’ils aient été enjolivés, mais il y avait sans doute beaucoup d’autres aspects de l’époque qui auraient pu être développés. Par exemple : dire que l’humanitaire en faveur des Bui doi (« Poussières de vie »), ces enfants dont la vie ne valait rien, était presque uniquement le fait de bonnes sœurs catholiques (ni bornées ni cinglées, mais présentant tous les symptômes d’une authentique sainteté) et qui ont sauvé des milliers de vies. Mais on ne peut pas tout dire dans un film qui fait déjà 100 minutes et arrive à nous distraire et à nous édifier sans aucun temps mort, sans prêchi-prêcha, sans prétention. Vous sortirez du cinéma avec un large sourire aux lèvres.

Vous aurez alors envie de mieux connaître Christina. Ce n’est pas si facile. Son autobiographie intitulée Mama Tina, n’est pas vraiment disponible actuellement en français. Elle a pourtant eu un énorme succès international, notamment en Allemagne sous le titre Niemanskind (« Enfant de personne ») à partir de 1992, ce qui a été le point de départ d’un vaste réseau international de soutien. En anglais, on la trouve aux éditions John Murray ou, en poche, chez Corgi Books. On peut quand même en trouver une adaptation résumée en français dans un volume de Sélection du Reader’s digest déjà ancien, ou bien, une édition plus complète, sous le titre Enfant, j’écris ton nom, chez Fixot (1995), plus ou moins facilement trouvables pour quelques euros sur des sites Internet de vente par correspondance. La lecture de ces chapitres vous permettra de constater que le film est extrêmement fidèle aux anecdotes racontées par Christina sur sa propre enfance et sur les débuts de son aventure vietnamienne. Mais certains personnages, à peine esquissés dans le film trouvent dans le livre une plus grande épaisseur humaine. Surtout, il y a la suite de ce qui est raconté dans le film et qui est sans doute infiniment plus passionnant parce que l’ONG prend des proportions presque gigantesques.

En France, l’association Christina Noble est active et publie notamment une lettre annuelle.

http://www.cinemasgaumontpathe.com/films/christina-noble/