Nicole Fontaine - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Nicole Fontaine

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La mort, le 17 mai 2018 à 76 ans, de Nicole Fontaine, ancienne présidente du Parlement européen, nous rappelle une époque déjà ancienne, marquée par un conflit qui passionna la France entière. En effet, elle fut une responsable très importante de l’enseignement catholique sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing et le premier septennat de François Mitterrand. Dans le programme de ce dernier, candidat socialiste à la présidence de la République, figurait une proposition qui ressemblait furieusement à un projet de nationalisation de cet enseignement. Nicole Fontaine, qui était alors secrétaire générale adjointe, se trouvera en première ligne d’un combat de plusieurs années qui aboutira finalement au retrait de la loi, à laquelle Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale avait attaché son nom.

Il faut noter que l’accès à ce poste de secrétaire générale adjointe de l’enseignement catholique fut une première dans l’histoire de l’Église de France. Car il s’agit d’un poste de responsabilité ecclésiale, rattaché à la Conférence des évêques de France, et c’était la première fois qu’une femme l’occupait. Elle avait été embauchée à 22 ans rue Saint-Jacques, à cause de ses compétences juridiques. Mais très rapidement elle va monter au sommet de l’appareil, en vertu d’aptitudes exceptionnelles et d’abord de son sens politique. Elle démontrera qu’elle ne craint pas la négociation avec le ministère de la rue de Grenelle. Ainsi, sous Giscard d’Estaing, s’élabore la loi Haby qui transformera profondément l’enseignement secondaire. Nicole Fontaine saura alors s’imposer comme interlocutrice directe des pouvoirs publics.

En même temps, la jeune femme sillonnera la France pour entretenir un contact direct avec les quelque 10 000 établissements catholiques que compte le pays. En 1981, elle sera donc une des figures les plus connues dans l’affrontement inévitable qui se profile, en dépit de la volonté modératrice d’Alain Savary. Aguerrie par sa pratique de négociatrice, elle était mûre pour la carrière politique qui sera la sienne comme présidente du Parlement européen puis, ministre déléguée à l’Industrie dans le deuxième gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Ses convictions européennes et décentralisatrices l’avaient conduite à être un membre éminent de la Fédération, le mouvement fédéraliste français1. Pour avoir bien connu Nicole Fontaine durant toute la période critique qui va de 1981 à 1984, je puis témoigner de ses grandes qualités. Il fallait une femme de son envergure pour mener un combat difficile. Il s’agissait à la fois de respecter l’autorité établie et de ne pas transiger sur l’autonomie et la personnalité d’un enseignement catholique qui rassemblait près de deux millions d’élèves.

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P.-S. Nous assurons sa famille, et notamment sa fille, de nos prières. La cérémonie funèbre a lieu jeudi 24 mai en l’église Saint-Pierre de Neuilly.

  1. Dont Jean de Fabrègues, le directeur de La France Catholique, fut membre dès 1945.