Mort d'un SDF - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Mort d’un SDF

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J’ai un peu le cœur lourd depuis dimanche. La vague de froid qui s’est abattue sur la France et d’ailleurs sur l’Europe entière fragilise évidemment les personnes sans domicile, notamment celles qui refusent obstinément les abris que leur ouvrent l’administration et les organismes caritatifs. Or je connais deux de ces personnes qui vivent habituellement le long de la Marne, été comme hiver, sauf au moment des plus grand froids où elles se rendent dans des refuges de fortune, comme des garages ou des escaliers d’immeubles. Les médias m’ont appris qu’un SDF était mort dans un de ces escaliers et je n’ai pu encore déterminer s’il s’agissait d’une de ces deux personnes que je rencontre et salue régulièrement en me promenant au bord de l’eau, en méditant parfois sur ma chronique de Radio Notre-Dame du lendemain.

Les habitués de ces rives de la Marne viennent régulièrement à l’aide de mes deux SDF qui sont les personnes les plus courtoises et les plus discrètes qu’on peut imaginer. Mais il faudrait pouvoir faire plus ! Ce n’est pas évident… Nos amis du Secours Catholique et d’autres associations qui organisent des maraudes dans la nuit le savent mieux que moi. Il y a une sorte de quant-à-soi farouche de ces gens de la rue et des endroits les plus improbables où ils tentent d’organiser leur vie avec les moyens du bord. Certains sont plus habiles que d’autres. Je connais encore un SDF toujours accompagné de son chien et qui réside sous l’autoroute où il s’est muni d’un petit générateur électrique qui lui permet de se chauffer. Oh ! il est loin du confort, d’autant qu’il sort de l’hôpital où on lui a soigné un cancer grave de la mâchoire.

Je ne suis pas fier de cette situation qui est habituelle dans nos grandes concentrations urbaines. Comment retisser les liens de solidarité d’antan avec des gens qui ont perdu jusqu’à leur famille ? Si c’est un de mes SDF qui est mort à cause du froid, j’en porterai personnellement le deuil, avec un pincement au cœur. On ne peut s’habituer à l’insupportable qui revient chaque hiver et que nous ne parvenons pas à défier.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 7 février 2012.