Méditer Auschwitz - France Catholique

Méditer Auschwitz

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Hier, en évoquant le meurtre des handicapés pratiqué par le régime nazi, j’aurais pu préciser que ce crime préparait directement l’extermination du peuple juif. Il s’agissait, en effet, de la première transgression morale d’Hitler et des siens, contre le commandement fondamental : Tu ne tueras pas ! Masquée sous la dénomination « mort miraculeuse », expression mensongère et abominable pour travestir l’horreur, elle préfigurait la Shoah, l’énorme crime de masse, perpétré par une bureaucratie de la mort et des bourreaux auxquels on avait appris à se départir de toute sensibilité humaine. C’est ce crime que l’on a commémoré hier, toute la journée, pour le soixante-dixième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. On a entendu le témoignage des derniers survivants, dont trois cents avaient fait le déplacement dans les lieux mêmes où ils avaient vécu l’enfer en ce monde.

Il est difficile d’ajouter son commentaire à de pareilles cérémonies. On ne peut qu’écouter, prendre la mesure de l’indicible, si possible, et méditer. Avec beaucoup d’autres, il m’est arrivé de faire le pèlerinage d’Auschwitz. Je préférais le silence à tous les rappels factuels et historiques. La culture juive elle-même préconise que l’on se taise, même si des prières ont été hier prononcées sur les lieux du supplice. Fort sagement, à la suite de la querelle des années 80, le Carmel s’est déplacé en dehors du camp, ce qui n’empêche pas les carmélites d’exercer leur veille ininterrompue. Pour les pèlerins catholiques, Czestochowa n’est pas si loin, pour déposer au pied de la Vierge noire tout le poids de la souffrance humaine.

Mais il y a l’irréductible mystère de la Shoah, de l’extermination du peuple de la Promesse. Le racisme nazi pouvait bien viser la disparition d’une prétendue race. Il visait à exterminer le témoignage du peuple choisi. Ce n’est pas du tout un hasard si ce sont les populations les plus pieuses, les Hassidims de l’Europe centrale qui ont été abolies. C’est une des raisons pour lesquelles on devrait prendre garde qu’il n’est pas innocent de s’en prendre à une confession religieuse et de la moquer.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 janvier 2015.