Marcher jusqu’au cœur de l’église - France Catholique

Marcher jusqu’au cœur de l’église

Marcher jusqu’au cœur de l’église

La Via Francigena, qui relie l’Angleterre à Rome en passant par la France et la Suisse, sort de l’oubli ! Les pèlerins renouent avec cette route millénaire, empruntée pendant des siècles par les chrétiens aimantés par la Ville éternelle.
Copier le lien
Saint-Pierre de Rome, ultime étape du pèlerin de la Via Francigena.

Saint-Pierre de Rome, ultime étape du pèlerin de la Via Francigena.

© Matthias Schroder / Unsplash

Des chemins de pèlerinage traversant l’Europe, celui de Saint-Jacques-de-Compostelle, dont le nombre de pèlerins a été multiplié par cent entre les années 1990 et la fin des années 2010 – 350 000 marcheurs –, a monopolisé la notoriété. Pourtant, il en est un autre, plus discret, long de 2 200 kilomètres, et qui mérite le détour : la Via Francigena, qui relie Cantorbéry, en Angleterre, à Rome, via la France et la Suisse. Encore inconnue du grand public il y a une dizaine d’années, malgré le label « Itinéraire culturel européen » (ICE) que lui a attribué le Conseil de l’Europe en 1994, la Via Francigena gagne en notoriété parmi pèlerins et marcheurs depuis le milieu des années 2010. « L’année dernière, le chemin a accueilli 40 000 personnes », se félicite ainsi Jacques Chevin, chargé du développement des tronçons français et suisse au sein de l’Association européenne des chemins de la Via Francigena (AEVF). Le chiffre, modeste par rapport à celui des populations drainées par Compostelle, est néanmoins en augmentation.

Une voie romaine

Comme nombre d’itinéraires, la Via Francigena ne prend forme qu’au fil des siècles, au gré des pérégrinations des marchands, voyageurs et pèlerins. « Cette route reprend une ancienne voie romaine, qui partait de la mer du Nord jusqu’à Rome », explique Jacques Chevin. L’itinéraire tel qu’il est connu aujourd’hui remonte à 990, lorsque Sigéric, nouvellement nommé archevêque de Cantorbéry, se rend à Rome pour y recevoir son pallium des mains du pape Jean XV. Cet ornement liturgique, en forme de fine écharpe de laine d’agneau blanche – signe de la sollicitude dont doit témoigner l’archevêque à l’égard de la brebis égarée –, encadrée de deux bandes verticales, symbolise sa communion avec le pape.

Lors de son retour, Sigéric couche par écrit les 79 étapes de son chemin vers Angleterre, qui sera la base du tracé actuel. Après avoir franchi la Manche, de Calais à Pontarlier dans le Doubs, en passant par Arras, Reims ou Langres, le pèlerin traverse le nord-est de la France avant de pénétrer en Suisse, où il longe la frontière jusqu’au col du Grand-Saint-Bernard et ses 2 469 mètres. Là, il entre en Italie, dans la vallée d’Aoste, rejoint la Toscane par le col de la Cisa, traverse Sienne pour enfin atteindre son but : Rome.

Aujourd’hui connue sous un vocable dont on ne sait avec certitude s’il désignait jadis une route empruntée « par des Français » ou « se rendant en France », la Via Francigena s’est longtemps confondue avec une autre appellation : la strata Romea, « la route de Rome ». L’expédition de Sigéric, au Xe siècle, marque d’ailleurs la route du sceau indélébile de la romanité.

Retrouvez l’intégralité de l’article et du Grand Angle dans le magazine.