Maintenant, gouverner ! - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Maintenant, gouverner !

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François Hollande a donc, comme il fallait s’y attendre, sa majorité parlementaire pour gouverner, même si elle est fondée sur une faible participation des Français. On imagine mal qu’il en ait été autrement, car c’est toute la logique de la Ve République qui aurait été faussée par une victoire de l’opposition. Certes, l’expérience de trois cohabitations nous a montré que les institutions résistaient à la dysharmonie entre l’Élysée et le Palais Bourbon. Mais il n’est jamais arrivé qu’en début de mandat, le nouveau président fût ainsi désavoué aussi vite par le corps électoral. Ce serait une étrange inconséquence, qui irait à l’encontre d’un certain légitimisme républicain. La victoire du camp socialiste est nette et à peu près sans bavure, si on exclut la mésaventure de La Rochelle, qui est d’ailleurs d’une nature particulière. Non seulement parce que Ségolène Royal s’est prise dans un piège infernal, mais parce que le nouvel hôte de l’Élysée a manifesté une faiblesse qui, espérons-le pour lui, n’aura pas de suite fâcheuse.

Il y a bien sûr d’autres cas particuliers qui ont pimenté notre soirée électorale : la défaite significative de François Bayrou qui marque l’effacement d’un certain centre, celle aussi de deux personnalités marquantes comme Jack Lang et Michèle Alliot-Marie. Le retour du Front national à l’Assemblée, avec deux élus aussi atypiques que Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, est aussi le signe de la fin d’un interdit, mais aussi l’amorce d’une mutation de fond du Front national. La normalisation de la formation de Marine Le Pen n’est pas un vain mot, et elle pose de sérieux problèmes à l’opposition de droite, qui a du mal à définir une attitude à l’égard d’un électorat qui lui est indispensable pour ne pas perdre ou pour gagner.

Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est qu’il va falloir gouverner et que ce ne sera pas du tout facile dans les circonstances présentes. La concomitance d’une autre élection législative en Grèce nous impose la réalité d’une Europe en crise et d’une économie malade. Cette dernière ne se relèvera pas avec des incantations, ni même quelques mesures spectaculaires. C’est le monde entier qui se trouve ébranlé avec des paramètres nouveaux et des déséquilibres dont on voit mal comment ils pourraient être corrigés. C’est tout de suite que François Hollande et son gouvernement devront montrer qu’ils sont capables de modifier la donne chez nous et en Europe !

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 18 juin 2012.