MISSION DE L'EUROPE - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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MISSION DE L’EUROPE

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CITE DU VATICAN, 6 NOV 2010 (VIS). A 16 h 30′, Benoît XVI a célébré sur la place de l’Obradoiro la messe de clôture de l’Année sainte compostellane. A l’homélie, il a d’abord redit être venu « en pèlerin parmi les pèlerins, pour accompagner tous ceux qui viennent ici assoiffés de la foi dans le Christ ressuscité, de la foi annoncée et transmise par les apôtres, comme saint Jacques le Majeur, qui est vénéré à Compostelle depuis des temps immémoriaux ». Une phrase de la première lecture, a-t-il dit affirme que « les apôtres rendaient avec force témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus. En effet, au point de départ de tout ce que le christianisme a été et continue d’être ne se trouve pas une initiative ou un projet humain, mais Dieu, qui déclare Jésus juste et saint devant la sentence du tribunal humain qui le condamne comme blasphémateur et subversif. C’est Dieu, qui a arraché le Christ à la mort, qui fera justice à tous ceux qui sont injustement les humiliés de l’histoire… A nous tous, il incombe de suivre l’exemple des apôtres, en connaissant le Seigneur chaque jour davantage et en donnant un témoignage clair et courageux de l’Evangile. Il n’y a pas de plus grand trésor que nous puissions offrir à nos contemporains ». Citant alors la phrase de Paul qui parlait du trésor transporté dans des vases d’argile, le Saint-Père l’a reliée « aux paroles mêmes de l’Evangile…qui invitent à vivre selon l’humilité du Christ, venu selon la volonté du Père pour servir et donner sa propre vie en rançon pour la multitude… Un service qui ne se mesure pas sur la base des critères du monde, de l’immédiat, du matériel et de l’apparence, mais qui rend présent l’amour de Dieu pour tous les hommes… En proposant ce nouveau mode de relation dans la communauté, basé sur la logique de l’amour et du service, Jésus s’adresse aussi aux chefs des peuples, parce que là où il n’y a pas un engagement pour les autres surgissent des formes de pouvoir absolu et d’exploitation qui ne laissent pas de place à une authentique promotion humaine intégrale. Et je voudrais que ce message rejoigne avant tout les jeunes, auxquels le contenu essentiel de l’Evangile indique la voie pour que, renonçant à un mode de pensée égoïste, à court terme, comme tant de fois cela vous est proposé, et assumant celui de Jésus, vous puissiez vous réaliser pleinement et être germe d’espérance. Voilà ce que nous rappelle aussi la célébration de cette Année sainte compostellane. Et c’est ce que, dans leur secret du cœur…vivent tant de pèlerins qui cheminent jusqu’à Compostelle pour y rencontrer l’Apôtre. La fatigue de la marche, la variété des paysages, la rencontre avec des personnes d’une autre nationalité les ouvrent à ce qui nous unit aux hommes dans ce qu’il y a de plus profond et de plus commun : nous sommes des êtres en recherche, des êtres qui ont besoin de la vérité et de la beauté, qui ont besoin de faire une expérience de grâce, de charité et de paix, de pardon et de rédemption. Et au plus profond de tous, résonne la présence de Dieu et l’action de l’Esprit Saint ».

« De ce lieu, en messager de l’Evangile que Pierre et Jacques signèrent de leur propre sang, je désire porter mon regard vers l’Europe qui vint en pèlerinage à Compostelle. Quelles sont ses grandes nécessités, ses craintes et ses espérances? Quelle est la contribution spécifique et fondamentale de l’Eglise à cette Europe qui, au cours du dernier demi-siècle, a parcouru un chemin vers de nouvelles configurations et vers des projets ? Son apport est centré sur une réalité aussi simple et décisive, Dieu existe et nous a donné la vie… Il est tragique qu’en Europe, surtout au XIX siècle, se soit affirmée et ait été défendue la conviction que Dieu est le rival de l’homme et l’ennemi de sa liberté. On voulait ainsi mettre une ombre sur la vraie foi biblique en Dieu qui envoie son Fils dans le monde pour que personne ne meure mais que tous aient la vie éternelle. Saint Jean affirme de façon péremptoire devant un paganisme pour lequel Dieu est jaloux de l’homme et le méprise: comment Dieu aurait-il créé toutes les choses s’il ne les avait pas aimées, lui qui, dans son infinie plénitude, n’a besoin de rien? Comment se serait-il révélé aux hommes s’il n’avait pas voulu les protéger? Dieu est à l’origine de notre être et il est le fondement et le sommet de notre liberté, et non son adversaire… Comment est-il possible que soit devenu public le silence sur la réalité première et essentielle de la vie humaine? Comment se peut-il que ce qui est le plus déterminant en elle soit enfermé dans la sphère privée ou relégué dans la pénombre? Nous les hommes nous ne pouvons vivre dans les ténèbres, sans voir la lumière du soleil. Alors, comment est-il possible que soit nié à Dieu, soleil des intelligences, force des volontés et boussole de notre cœur, le droit de proposer cette lumière qui dissipe toute ténèbre? ».

« Pour cela, il est nécessaire que Dieu recommence à résonner joyeusement sous le ciel de l’Europe, que sa parole sainte ne soit jamais prononcée en vain, qu’elle ne soit pas faussée et utilisée à des fins qui ne sont pas les siennes. Il convient qu’elle soit proclamée saintement… L’Europe doit s’ouvrir à Dieu, sortir sans peur à sa rencontre, travailler avec sa grâce pour la dignité de l’homme que les meilleures traditions avaient découverte, la tradition biblique…ainsi que les traditions classique, médiévale et moderne desquelles naquirent les grandes créations philosophiques et littéraires, culturelles et sociales de l’Europe. C’est ce Dieu et c’est cet homme qui se sont manifestés concrètement et historiquement dans le Christ. C’est ce Christ, que nous pouvons trouver sur le chemin qui conduit à Compostelle, par le fait que sur ce chemin, il y a une croix qui accueille et oriente aux carrefours. Cette croix, signe suprême de l’amour porté jusqu’à l’extrême, et en cela, don et pardon en même temps, doit être l’étoile qui nous guide dans la nuit du temps… Ne cessons donc pas d’apprendre les leçons de ce Christ des carrefours des chemins et de la vie, en Lui nous rencontrons Dieu comme ami, père et guide. O croix bénie, brille toujours sur les terres d’Europe! Et permettez que je proclame depuis ce lieu la gloire de l’homme, que j’avertisse des menaces envers sa dignité par la privation de ses valeurs et de ses richesse originaires, par la marginalisation ou la mort infligée aux plus faibles et aux plus pauvres! On ne peut rendre un culte à Dieu sans protéger l’homme, son fils, et on ne sert pas l’homme sans s’interroger sur qui est son Père et sans répondre à la question sur lui. L’Europe de la science et des technologies, l’Europe de la civilisation et de la culture, doit être en même temps l’Europe ouverte à la transcendance et à la fraternité avec les autres continents, ouverte au Dieu vivant et vrai à partir de l’homme vivant et vrai. L’Eglise désire apporter à l’Europe le soin de Dieu et celui soin de l’homme, à partir de la compréhension qui, de l’un et l’autre, nous est offerte en Jésus-Christ ». Benoît XVI a conclu en galicien: « Chers amis, nous élevons un regard d’espérance vers tout ce que Dieu nous a promis et nous offre. Qu’il nous donne sa force, qu’il stimule le diocèse de Compostelle, qu’il vivifie la foi de ses enfants et les aide à rester fidèles à leur vocation de semer et de donner vigueur à l’Evangile aussi sur d’autres terres. Que saint Jacques, l’ami du Seigneur, obtienne d’abondantes bénédictions pour la Galice, pour les autres peuples de l’Espagne, de l’Europe et de tant d’autres lieux par delà les mers où l’Apôtre est signe d’identité chrétienne et promoteur de l’annonce du Christ! ». Après la messe,. Le Saint-Père s’est brièvement entretenu avec M.Mariano Rajoy, Président du Parti populaire et chef de l’opposition, puis a regagné l’aéroport à destination de Barcelone.

PV-ESPAGNE/ VIS 20101107 (1360)