Les catalans se souvinrent de ce 27 mars 2018, de l’entrée des forces de Franco à Lleida en terre catalane pour briser le front républicain, sous la conduite du Général Yagüe.
Légionnaires et marocains posèrent le pied en Catalogne à Barbastro et poursuivirent leur avancée dans la région empruntant les routes de Saragosse et de Huesca avec l’objectif d’occuper Lleida.
Ce sera chose faite dès le 3 avril 1938 disent les chroniques du temps, la force supérieure des troupes de Franco imposa sa loi, sous sa conduite et choisit la Catalogne pour assoir son pouvoir.
Les républicains comprendront sans délai que la partie est déjà perdue pour eux, face à la puissance des bombes et de l’artillerie portée par le général Franco, les fusils et mitrailles de ces soldats improvisés ne pourront résister.
Les premières phalanges aspirent à emprunter la voie qui mène vers Barcelone mais le Général Yagüe reçoit l’ordre de Franco de renoncer à l’entreprise.
Les escarmouches, la guerre d’usure qui s’annonce et durera un an de plus sont initiés dès le 27 mars par les bombardiers italiens et allemands qui prêtant main forte au général Franco atteignent le moral de la résistance et comptent désormais des victimes par milliers dans la ville de Lleida dévastée, la cathédrale anéantie, les édifices publics éventrés, une ville de désolation et de dépouilles que la population va se hâter de quitter dans l’urgence, sous les menaces des factions rivales et des activistes anonymes.
La 46 ème division de Valentin Gonzalez viendra porter secours à la ville conduite par “le campesino”, de son surnom de guerre , mais la différence est trop grande entre Franco et ses soldats solidement armés, soutenus par l’aviation étrangère et ces républicains mal armés et peu préparés à cette guerre larvée, impréparée et menée d’escarmouches.
On pretera au général valentin Gonzales d’avoir préféré quitter le champ de bataille en désertant et rejoindre Barcelone, ayant compris le sort qui les attendaient sans délai.
Rue contre rue, maison contre maison comme raconté dans son livre “Lleida vaincue et occupée” l’historien Joan Sagues relate le cours des événements.
Prêtant aux républicains eux mêmes “d’avoir préféré le feu à la résistance, et la pratique de l’incendie volontaire pour priver l’ennemi de toute hospitalité.”
Le dynamitage du pont Vell est resté dans les mémoires ainsi que les faits d’armes et de résistance effectués sur la voie ferroviaire qui assuraient les liaisons habituées des capitales de la province catalane.
Pendant neuf mois suivant avril 1938 les combats incessants entre les républicains et les franquistes se prolongeront jusqu’à noël dans la ville de Lleida et ses environs dans une guerilla larvée interminable et au prix de représailles et de dénonciations multiples. Elles auront imprimé à la région ce souvenir inoubliable de l’année 1938.
Le général Yagüe vainqueur de toute opposition ayant réussi à briser la résistance dans la ville de Lleida fait son entrée dans les locaux historiques de la Députacion actuelle , en hissant le drapeau de la victoire des résistants franquistes, et promettant à la population terrorisée “j’ai vaincu pour servir le Caudillo et pour vous donner du pain, la paix et la justice”…!
Les rares témoins de ces événements relateront les combats de rue, les quelques photos d’époque le confirmeront, pour les républicains pour rapporter les combats héroïques de leurs alliés, pour les franquistes le retour imparable à l’Espagne…
Usant de pseudonymes tel Mel Tebib Arrumi pour le journaliste Ruiz Albeniz et celui de Comuy pour un photographe de guerre, rares furent les témoins de ces événements qui se déroulèrent dans un temps court, imprévu et rapide.
Le 5 avril 1938 Franco signait de sa main la Dérogation du Statut de l’Autonomie de la Catalogne.
L’arrivée de Franco fut l’objet d’une stratégie habile et imprévisible et démontrera sa capacité stratégique d’agir et d’obtenir ses résultats d’homme de guerre aux méthodes bien calculées par ses troupes choisissant ses objectifs au coeur des enjeux politiques les plus sensibles du moment .
La Catalogne passait sous son pouvoir et la province fut la première qui éclipsa la tentative des républicains d’y avoir leur assise.
Des ministres et responsables catalans républicains parmi les plus influents furent fusillés, tel Manuel Carrasco i Fourniguerra, un nouveau gouvernement catalan fut décidé par le caudillo car face à l’adversité “de résister ou de vaincre”, il n’était plus désormais possible que de soumettre ou de disparaître…
Le poème du catalan Marius Torres illustre ce volet historique de l’histoire passée. Ces premiers jours d’avril 1938 n’ont pas totalement disparu du souvenir des plus anciens de la province et dans cette ville de Lleida – Lérida !
