Les fleurs du désert : l'Evangile et Isaïe - France Catholique
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Les fleurs du désert : l’Evangile et Isaïe

Traduit par Bernadette Cosyn

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Nous sommes dans le temps de l’Avent et les lectures, depuis peu, vous l’avez sans doute remarqué, sont fréquemment tirées du Livre d’Isaïe. C’est une tradition qui remonte aux premiers siècles de l’Eglise.

On aurait pu penser que le Livre d’Isaïe aurait été associé à Pâques puisqu’il contient ce qu’on appelle « les chants du serviteur souffrant », avec ses versets sur « l’homme des douleurs », « familiarisé avec la souffrance », « méprisé et rejeté par les hommes », qui a « porté nos peines ».

Transpercé pour nos transgressions,

il a été brisé pour nos iniquités ;

le châtiment qui nous apporte la paix était sur lui

et dans ses blessures nous sommes guéris.

Et cependant, au douzième et treizième siècle, l’association du Livre d’Isaïe avec l’Avent et l’Incarnation était tenue pour une évidence par les théologiens médiévaux tels Saint Thomas d’Aquin et Saint Bonaventure.

Dans nombre de ces textes, nous trouvons un thème attesté par de nombreux anciens rabbins et prophètes : la présence de Dieu transforme l’ordre de la nature. Il rend fertile le sol desséché et les terres arides donnent naissance à une vie nouvelle.

Ainsi, par exemple, nous avons récemment entendu ce passage d’Isaïe 41 :

Quand les pauvres et les nécessiteux cherchent de l’eau,

et qu’ils n’ en trouvent pas,

et que leur langue est desséchée par la soif,

moi, le Seigneur, je leur répondrai ;

je ferai jaillir des fleuves sur les coteaux pelés,

et des sources au milieu des ravines,

je transformerai le désert en étang,

et la terre aride en fontaine.

Je planterai dans le désert le cèdre,

l’acacia, le myrte et l’olivier ;

j’introduirai dans la steppe le cyprès,

le platane et le pin ensemble,

afin que tous voient et sachent,

observent et comprennent,

que la main du Seigneur a fait cela,

que le Saint d’Israël l’a créé.

Et plusieurs jours avant, nous avons apprécié ces deux passages d’Isaïe 35 :

Le désert et la terre aride exulteront,

la steppe se réjouira et fleurira.

Ils fleuriront d’une floraison abondante,

et se réjouiront de chants joyeux.

La gloire du Liban leur sera donnée,

la splendeur du Carmel et de Sharon ;

ils verront la gloire du Seigneur,

la splendeur de notre Dieu.

.

Des flots jailliront dans le désert,

et des rivières dans la steppe.

Les sables brûlants deviendront des étangs,

et la terre de la soif des sources jaillissantes ;

la demeure où le chacal se tapit

deviendra un marais de roseaux et de papyrus.

Notons que dans le chapitre 41 d’Isaïe, nous sommes ceux qui sont appelés à « voir », à « connaître », « observer » et « comprendre » – une traduction plutôt fade de mots particulièrement puissants dans l’hébreu original, qui suggère une « vision » qui ne se fait pas seulement avec nos yeux mais également avec nos cœurs, et la sorte de compréhension qui procure une assise solide.

Dans Isaïe 35 cependant, c’est le désert lui-même qui verra la gloire du Seigneur. Dans Isaïe 41, ce sont les pauvres et les nécessiteux qui sont assoiffés et qui vont exulter ; dans Isaïe 35, c’est le pays qui est assoiffé et qui crie vers Dieu et qui exultera avec la présence de Dieu.

Les pauvres et les nécessiteux, le désert et les terres arides – c’est notre description. Dieu peut-il trouver un domicile dans nos vastes étendues désolées, nous demandons-nous parfois. Isaïe nous dit que non seulement Dieu peut entrer dans ce désert aride, mais qu’Il va le transformer, le rendant capable de porter un fruit abondant, au delà de ses limites naturelles.

« La grâce ne viole pas la nature mais la perfectionne » avaient coutume de dire les docteurs médiévaux tels Thomas d’Aquin et Bonaventure. C’est important, mais ce n’est pas tout. Car la transformation effectuée par Dieu arrive par des chemins inattendus et dans les endroits les moins prévisibles. Généralement, nous ne regardons pas un désert aride pour déclarer avec confiance : « je vais planter mon jardin ici ». Quel sorte de fou ferait cela ? La sorte de fou qui sacrifierait Son fils bien-aimé en rançon pour des esclaves.

Dieu peut-Il trouver une demeure quelque part sur cette planète hostile demandent les gens ? Il l’a trouvée, dans le sein d’une simple jeune femme qui a dit « oui » à Son amour. Isaïe nous a également parlé d’elle.

« Regardez, la vierge concevra et portera un fils, il sera nommé Emmanuel », ce qui signifie « le Seigneur est avec nous ».

mais comment le Seigneur peut-Il être avec nous bien que nous ayons été si souvent contre Lui. Isaïe nous l’explique :

Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu.

Parlez tendrement à Jérusalem

et annoncez-lui que son service prend fin,

que sa faute est expiée.

Et encore :

L’Esprit du Seigneur est sur moi,

parce qu’Il m’a consacré par l’onction ;

Il m’a envoyé pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres,

pour panser les cœurs brisés,

pour proclamer la liberté aux captifs,

et la libération aux prisonniers,

pour annoncer une année de grâce de la part du Seigneur,

un jour de justification de la part de notre Dieu.

Je me réjouis de tout cœur dans le Seigneur,

mon âme exulte à cause de mon Dieu ;

car il m’a revêtu d’une robe de salut,

et enveloppé d’un manteau de justice.

L’Incarnation est le premier pas de notre rédemption, un chemin qui conduit à la Croix et au-delà. L’enfant que la vierge a conçu et qui est Emmanuel devient le Serviteur Souffrant par qui nos péchés sont pardonnés et notre esclavage racheté.

De quoi avons-nous besoin pour devenir les bénéficiaires de ce don prodigieux ? Nous trouvons une réponse dans Isaïe, qui trouve un écho dans les mots de Jean le Baptiste :

Une voix crie :

dans le désert, préparez le chemin du Seigneur

dans les terres en friche, tracez une route droite pour notre Dieu.

L’autre réponse est celle donnée par Marie. Uniquement dire « oui ».


Randall B. Smith est professeur de théologie (chaire Scanlan) à l’université Saint-Thomas de Houston.

Illustration : « Jean-Baptiste prêchant » par Mattia Preti, vers 1665 [musée des Beaux-Arts de San Francisco]


Note : par suite d’un retard de traduction, ce texte, initialement paru pendant l’Avent, est traduit seulement aujourd’hui

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/12/20/the-desert-flowers-the-gospel-and-isaiah/