Les conditions de l'unité - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Les conditions de l’unité

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Le cinq centième anniversaire de la Réforme suffirait à nous rappeler que le don de l’unité est singulièrement précieux, mais qu’il peut être mis à mal au travers de crises qui finissent par déchirer « la robe sans couture » que le Christ nous a léguée. Certes, c’est dans un climat apaisé et même fraternel que se déroule la commémoration de l’événement, mais les conséquences de la déchirure demeurent, avec ce qu’elles ont d’amères pour les chrétiens. A posteriori, on a plus la possibilité d’apprécier, avec sérénité, les causes et les responsabilités de la rupture. Ainsi que l’écrivait Leonardo Castellani, ce prêtre argentin qui savait si bien détecter la nature profonde des conflits religieux : « Il ne s’agissait pas d’une simple erreur. Comment Dieu aurait-il permis qu’une bonne moitié de la chrétienté dérivât dans une pure extravagance… Si une grande partie de l’Europe finit pas suivre et par accueillir cette rébellion, c’est parce que toute l’Europe traversait alors la plus grande crise religieuse de l’histoire. »1 Une des leçons de cette crise du XVIe siècle tient sans doute dans la nécessité d’une extrême vigilance dans le soin à apporter à l’analyse des origines de la révolte et aux remèdes à y apporter, de telle façon qu’il n’y ait pas exacerbation des ressentiments, mais possible sortie de la dépression.

Nous ne sommes, heureusement, pas dans une situation comparable, aujourd’hui. Mais il ne faut pas se cacher que les dissentiments qui se sont fait jour, dans notre Église catholique, à propos de l’exhortation apostolique Amoris laetitia, pourraient créer un climat de défiance, voire même des oppositions, mettant en danger notre cohésion ecclésiale. La tradition théologique admet l’expression de dubia (de doutes respectueusement énoncés), lorsqu’un texte du Magistère semble comporter des ambiguïtés. On sait que quatre cardinaux ont transmis au Pape leurs questions sur ce texte, qui provoque, ici ou là, des effets sur la pastorale des sacrements, avec des mises en cause de l’autorité épiscopale. Nous nous sommes refusés jusqu’ici à entrer dans cette controverse, estimant qu’il était inutile, voire préjudiciable, d’enflammer l’opinion des fidèles à son propos. Cependant, arrive un moment où la nécessité d’un éclaircissement se fait sentir, dès lors qu’un certain désarroi commence à se répandre chez les fidèles. Aussi recommandons-nous à ceux qui sont en recherche d’une explication approfondie sur le sujet, de se référer à l’ouvrage que deux théologiens viennent de publier, le jésuite Alain Thomasset et le dominicain Jean-Miguel Garrigues (Une morale souple mais non sans boussole. Répondre aux doutes des quatre cardinaux à propos d’Amoris laetitia, Cerf). Un autre livre pourra utilement compléter cette mise au point, rédigée par un théologien qui est aussi un pasteur de terrain, François Gonon (La doctrine du Bon Pasteur, Éditions de l’Emmanuel). Cela pour la paix des cœurs et l’approfondissement d’une question pastorale essentielle, le mariage chrétien.

  1. Leonardo Castellani, Le verbe dans le sang, Éditions Pierre-Guillaume de Roux.