42 ans après la mort du Caudillo espagnol Francisco Franco la proposition de transférer les restes humains du Général sera soumise à nouveau au Parlement Espagnol ce lundi pour un débat.
On se souvient que lors d’un vote précédent tenu en 2017, 198 députés aux Cortès votèrent en faveur de ce transfert, 140 s’abstinrent lors du vote.
Le sujet éminemment sensible en Espagne revient à nouveau au devant de la vie publique de la Nation sous l’influence des Associations des Victimes du Franquisme, et suite aux recommandations exposées par l’ONU pour réviser le profil la Vallée de los Caidos – la Vallée des Combattants, dans sa gestion et sa mission historique en Espagne.
– 33 847 victimes y furent transférées venues de l’Espagne entière, la gestion des fosses communes reste le thème prégnant des familles qui pour certaines veulent rendre à leurs défunts des funérailles décentes, d’autres reconnaître les divers dépositoires où elles reposent.
La réforme d’un programme en cours devrait constituer “une Commission de Vérité” composée de spécialistes et de professionnels de diverses origines pour franchir une étape suivante en faveur de la vérité, de l’accès aux archives, et aux procès mis sous scellés depuis des décennies, et qui dérangent les acteurs de la vie publique espagnole quant à savoir l’opportunité et la légitimité d’accomplir cette évaluation de la Mémoire Nationale.
Il serait demandé au roi d’Espagne de signer le décret permettant de franchir ce pas de la réconciliation des familles de toutes origines concernées par la terrible Guerre civile pour, selon les termes utilisés “comprendre un passé incommode et construire un futur plus confortable”…
– Cette Loi de la Mémoire votée en 2007 et en 2011 divisa précédemment le PP et les Socialistes.
Aux premiers un rapport prudent avec l’histoire du passé national, aux seconds une volonté décennale de réviser la destination de ce mémorial national espagnol, furent deux attitudes distinctes et opposées lors de ces débats parlementaires.
Un projet auquel s’attacha une commission d’experts, juristes, historiens, religieux de l’Espagne en 2017, pour “distinguer les morts de la guerre et retirer les acteurs de la guerre civile parmi lesquels figurait le plus illustre Francisco Franco.”
– La question de Primo de Rivera se posait encore.
Fallait-il le reconnaître comme victime de la guerre civile, ou acteur politique mort et concerné par la guerre civile qui suivra ?
Le changement de mission de la Vallée de los Caidos pose à frais nouveaux la fonction de ce lieu mémoriel sacré et reconnu par toutes les composantes du panel politique national.
– En faire un Musée de la Mémoire supposerait une restructuration totale de sa raison d’être, selon le modèle adopté en Argentine d’un Centre des Tortures sous la Dictature des Colonels;
Mais rien ne laisse penser qu’en Espagne la formule argentine puisse être appliquée à l’identique.
On sait d’expérience que la Loi de la Mémoire requalifiant les Monuments historiques du Franquisme places, frontons, statues, rues, et bâtiments publics connut des résultats variés de la part des maires des communes concernées, les uns favorables rebaptisant ces espaces, d’autres leur opposant un refus farouche avec le soutien populaire.
La Fondation Francisco Franco devrait connaître un changement de statut juridique dans le pays.
Mais de toute évidence le sujet étant bien prégnant dans les mémoires des familles de la Nation, il y faudra du temps, de la pédagogie, de l’apaisement pour accomplir pour certains, les rites familiaux des survivants à l’adresse de leurs parents disparus déposés en cet endroit, et pour d’autres encore un long et douloureux chemin de réconciliation nationale que peu de politiques voulurent engager dans les années passées, pour ne plus réveiller de vieux contentieux endormis et éviter le pire encore !
Pedro Sanchez en a décidé autrement.
Seul l’avenir dira “le bénéfice d’un travail mémoriel réfléchi, apaisé et légitime ouvert” pour comprendre et partager l’histoire de la Nation espagnole depuis ces années terribles de Guerre Civile !
