Le testament de Benoît XVI à l’Europe « terre de mission » - France Catholique
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Le testament de Benoît XVI à l’Europe « terre de mission »

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En publiant ses dernières conversations avec son compatriote Peter Seewald, le Pape Benoît XVI livre une sorte de testament spirituel à l’Europe, qu’il considère désormais comme une « terre de mission ». Selon ses observations, en effet, « la foi en Europe connait un tel affaiblissement que, par ce simple fait, elle ne peut plus constituer que de façon restreinte le véritable moteur de l’Eglise universelle ». En revanche, il remarque sur d’autres continents « une nouvelle dynamique » pour l’Eglise qui possède aujourd’hui « un poids équivalent » dans les différentes régions du monde. Cependant, Benoît XVI fait confiance à la « capacité d’innovation et de renouveau de l’Eglise », qui s’est traduite par l’arrivée du Pape François venu d’Amérique latine, étant donné « l’interdépendance entre l’Ancien et le Nouveau Monde ». Un Pape dont il souligne « le courage avec lequel il aborde les problèmes », et « son attention directe aux hommes ».

De même, à l’heure de l’ouverture du Concile Vatican II, le jeune abbé Ratzinger, qui ignorait certes qu’il deviendrait un jour pape à son tour, avait été « fasciné d’emblée » par le « non-conformisme total » du Pape Jean XXIII, et par « son côté direct, simple, humain ». Toutefois, quant à la difficile application du concile, Benoît XVI exprime aujourd’hui un avis balancé : « Nous avons bien agi en soi, même si nous n’avons certainement pas évalué correctement les conséquences politiques et les répercussions concrètes. Nous avons trop pensé aux aspects théologiques et insuffisamment réfléchi aux effets que tout cela risquait d’avoir. » A ses yeux, « l’important n’est pas le jugement des journalistes, mais celui de Dieu »…

Avec un grand équilibre entre une certaine liberté intérieure et une réelle et profonde humilité, Benoît XVI montre également que si à l’heure du concile, on a pu se montrer « conscient que la théologie possédait sa propre liberté et sa propre mission, et qu’elle ne pouvait donc pas être entièrement assujettie au magistère », en revanche, « sans l’Eglise, la théologie se transformait en discours sur elle-même – et n’avait donc plus aucun sens. » Et c’est bien à la fois un exemple de grande indépendance d’esprit et de profonde humilité que cet homme de Dieu aura donné à ses contemporains, avec un enseignement intellectuel et spirituel d’une très grande valeur. Un enseignement qui reste encore à approfondir, en même temps que celui de son successeur le Pape François, dans lequel il voit « de nouveaux infléchissements », mais pas d’oppositions, dans l’harmonie d’un regard confiant et serein, qui garde le cap de l’Espérance.
Denis LENSEL