Le test des battements du cœur pour les Juges - France Catholique

Le test des battements du cœur pour les Juges

Le test des battements du cœur pour les Juges

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Annonciation, Leonard de Vinci, v. 1472.

Annonciation, Leonard de Vinci, v. 1472.

[Uffizi Gallery, Florence, Italy]

Il semble que l’on considère cela comme une vérité si évidente qu’il est à peine besoin de la dire : pour les deux prochaines années, au moins, John Roberts n’aura aucun moyen de fournir une cinquième voix au vote de la décision de passer outre le jugement de Roe contre Wade. Avec la Maison Blanche et le Congrès qui sont maintenant aux mains d’un parti de gauche toujours plus agressif, Roberts sait sûrement qu’une décision de balayer Roe d’un seul coup risque d’être considéré comme un casus belli et de lâcher les fureurs de la guerre. Des zélotes démocratiques au Congrès (c’est-à-dire tous sauf cinq d’entre eux) voudraient que ce soit le moment décisif pour se débarrasser de l’obstruction parlementaire et remplir la Cour Suprême de nouveaux juges. Le sénateur Sheldon Whitehouse de Rhode Island a déjà joué le jeu d’essayer d’intimider le Président de la Cour Suprême avec des menaces pas tellement voilées. Et il semble à certains observateurs que ces menaces ont effectivement rendu John Roberts – disons – plus prudent.

En tous cas, Il est évident depuis presque 30 ans maintenant, que les conservateurs à la Cour, ont trouvé extrêmement imprudent d’annuler Roe de front. Aussi le juge Kennedy a-t-il ajouté son vote pour préserver Roe v. Wade en 1992, mais plus tard, il a voté pour soutenir la loi fédérale qui barre la route à « l’avortement par naissance partielle. »

Si l’on ajoute John Roberts et Sam Alito, la Cour est revenue sur sa précédente décision sur cette question. Et avec cette avancée, il semblerait que cela annonce ceci : Nous sommes ouverts et nous occupons actuellement de soutenir de nombreuses mesures, émanant des États, et de mettre des restrictions à l’avortement qui frapperaient l’opinion publique comme des mesures raisonnables.

Voilà une nouvelle voie, appelée « l’art d’outrepasser » : une série de petits pas à la suite les uns des autres, et avec chaque pas, le public pourrait vraiment voir pourquoi il est raisonnable de s’opposer aux avortements, disons, quand l’enfant n’a pas « le sexe ou la couleur désirés », ou quand le fœtus a le cœur qui bat.

Une fois que le public aura accepté pas à pas le fait que ces restrictions sont éminemment raisonnables, il serait beaucoup plus facile pour la Cour de faire le dernier pas et de mettre de côté la coquille vide qui reste de Roe.

Onze États ont déjà banni les avortements à partir du moment où l’on peut détecter les battements du cœur, et le Texas pourrait bientôt être le douzième. Comme on pouvait s’y attendre, toutes ces lois ont déjà été interdites par les cours fédérales.

Voilà pourquoi le « Droit National à la Vie » a surpris nos amis de l’Ohio il y a des années, quand il s’est opposé dans cet État à la loi sur les battements du cœur. On avait peur justement que les juridictions inférieures invalident ces lois, et les présentent comme complètement impossibles. Mais maintenant, grâce à l’administration Trump, il y a beaucoup de jeunes juges au niveau des cours de district et d’appel, qui pourraient être très désireux de soutenir ces lois et d’ouvrir la voie vers la Cour Suprême.

Et c’est peut-être pour cela que le « Droit National à la Vie » a changé de position. C’est une chose d’annuler Roe et de faire réapparaître d’un coup toutes les craintes des femmes d’être soudain dépossédées de ce qu’elles considèrent comme l’ancrage de leur liberté personnelle. Mais c’en est une autre quand les démocrates sont mis en position de défendre le meurtre d’un enfant à naître dont le cœur bat.

Dans les enquêtes que j‘ai vues, il y a un soutien massif dans le pays, pour empêcher l’avortement d’un enfant dont le cœur bat. Ce que peut savoir la majorité du public, c’est à quel stade de la grossesse on peut détecter les battements du cœur. Avec un ultrason vaginal, les battements de cœur du fœtus peuvent s’entendre à 5 semaines et demie ou 6 semaines après la conception, c’est-à-dire à peu près au moment où la femme apprend qu’elle est enceinte.

Faire adopter la loi sur les battements du cœur équivaudrait virtuellement à interdire les avortements dans le pays – et c’est exactement ainsi que la loi serait représentée dans des avertissements que propageraient les médias.

Dans un monde étouffé par les contre-raisonnements des cours de justice, la loi sur les battements de cœur peut offrir quelque chose qui reste en deçà des instructions générales établies par les juges, même si elle repose sur un tissu d’erreurs.

Les battements de cœur du fœtus peuvent être détectés encore plus tôt que ce n’était possible dans les années 1970, et pourtant, comme l’a un jour fait observer Daniel Robinson, il y a quelque chose de profondément improbable à laisser la définition de la vie humaine « dépendre de l’état actuel de l’art de la science des amplificateurs ».

Plus profondément, la vérité c’est que les battements de cœur sont juste un trait de plus qui se manifeste dans un embryon qui est déjà en train de faire fonctionner et d’intégrer sa croissance. Nous pourrions facilement choisir comme éléments marqueurs l’apparition des doigts et des orteils (à 8 semaines) ou les réflexes locaux d’avaler et de plisser les yeux (9 ou 10 semaines).

Le fait est, simplement, qu’il y a quelque chose dans le sein, bien vivant et qui grandit, et que si ce n’était pas le cas, un avortement ne serait pas plus approprié qu’une opération des amygdales.

En 1989, dans le cas Webster, la Cour a permis que les États puissent commencer à protéger les enfants à naître avant même qu’ils soient « viables ». Et l’évidence jusqu’à maintenant suggère que la présence d’un cœur qui bat est déjà un test qui démontre la viabilité, car les probabilités peuvent être de l’ordre de 90 pour cent que la détection d’un cœur qui bat est la marque d’un enfant assez « viable » pour aller jusqu’à la naissance.

Mais même le test de viabilité ne fait pas de sens moral cohérent : Nous n’avons jamais pensé que les gens perdaient leurs droits à la vie quand iles devenaient dépendants du soin des autres, ou qu’ils cessaient d’être sujets de « droits » quand ils devenaient particulièrement faibles.

La loi sur les battements du cœur est faite pour s’insérer dans cet ensemble de choses étroites et artificielles qui peuvent être dites à la Cour. Mais on a bien compris qu’elle essayait d’attirer l’attention du peuple américain sur la sorte de meurtre qu’ils n’ont pas remarqué ou qu’ils ont traité avec indifférence.