Le témoignage de la Pâque - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Le témoignage de la Pâque

Vendredi saint

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Depuis de nombreuses années déjà, les paroisses de Paris ont pris l’habitude de sortir de leurs sanctuaires, pour suivre les étapes du Chemin de Croix dans les rues de leurs quartiers. C’est un témoignage explicite de foi qui est ainsi donné à tous les passants, parfois surpris et même interloqués par ce spectacle inhabituel. Serait-ce du prosélytisme ? Ce mot passablement équivoque renvoie notamment à des méthodes indiscrètes et intrusives, propres à faire pression sur les esprits. Mais en l’occurrence, le spectacle ici donné n’est pas de nature à séduire, encore moins à enchanter. Au regard d’une civilisation qui se met en scène grâce à une publicité clinquante, le rappel du pire supplice au monde devrait plutôt faire fuir qu’attirer nos frères et sœurs des rues.

Et pourtant, ce n’est pas par masochisme ou par sadisme que nous processionnons de cette façon. Ce n’est sûrement pas la morbidité que nous voulons répandre autour de nous. Les chrétiens veulent faire part du plus extraordinaire témoignage qui ait été donné ici-bas : celui d’un Dieu qui s’est abaissé jusqu’à mourir dans la condition d’un esclave méprisé, et qui a ainsi révélé son secret. L’amour absolu, l’amour offert pour nous autres, ses frères et sœurs, ses amis. Le Vendredi saint constitue la plus improbable des épiphanies, mais elle répond à une question inscrite au plus profond de nous-mêmes. Et si la procession constitue un appel, c’est bien le plus discret, celui qui s’adresse à l’intimité réfléchie, qui s’interroge sur ce que peut bien vouloir dire exister, réaliser une vie humaine qui ne se résout pas à l’à quoi bon.

On sait d’évidence aujourd’hui que le christianisme n’est pas la seule religion qui sollicite l’humanité. La diversité des réponses ne saurait être arbitrairement réduite, car si une phénoménologie du religieux a pu être tentée pour caractériser notre commune nature, il n’empêche que les différentes réponses apportées sur les aires de civilisation ne correspondent pas à la même question. Il y a une originalité de la rencontre entre Dieu et les hommes dans le message de la Bible distinguée par la théologie de l’Alliance. Une alliance que le Christ par l’incarnation et la rédemption a portée à son degré ultime. C’est pourquoi le christianisme persiste à proposer sa réponse qui fissure les carapaces en s’énonçant sur un mode qui n’est qu’à lui. Car, s’il y a pluralité de sagesses et de sacralités dans le cours de l’histoire, le Christ à travers la Pâque propose une traversée que nul autre que lui ne pouvait accomplir.