Le succès du voyage de Benoît XVI au Portugal - France Catholique

Le succès du voyage de Benoît XVI au Portugal

Le succès du voyage de Benoît XVI au Portugal

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Le chiffre parle de lui-même : plus d’un million de personnes ont participé aux célébrations autour de Benoît XVI en quatre jours de voyage à Lisbonne, Fatima et Porto (11-14 mai). Les foules étaient là, les jeunes se sont invités jusque sous les fenêtres du Pape le premier soir à Lisbonne, ils sont partis à pied le rejoindre à Fatima, et des étudiants se sont imposés dans l’emploi du temps serré, vendredi matin, à Porto, au balcon de l’Hôtel de Ville. Ils ont chargé le Pape d’affection et d’un bric-à-brac improbable et généreux : toge universitaire noire pour l’évêque en blanc, guitare électrique blanche, design, pour le pape pianiste.

Que s’est-il donc passé ? Chacun a sa ré­­ponse, le président de la République, le porte-parole du Saint-Siège, le Pape lui-même.

Le président Anibal Antonio Cavaco Silva, qui a suivi toutes les étapes du voyage, s’avoue impressionné par ces foules enthousiastes, par la personnalité du Pape, et par son message « revigorant ». Il dit sa « nostalgie » – ce sentiment de « saudade » réputé intraduisible – de voir partir celui dont le nom a été scandé partout « Bento décimo sexto».
Avec les Portugais, le président a découvert – je cite – la bonté, la sérénité, la profondeur, la force intérieure du Pape : un exemple qui « inspire », parce qu’il est un vrai « pasteur » qui indique le chemin à qui veut le suivre et un « sage » qui va au-devant de tous.

C’était bien le danger d’un tel voyage : que les fractures internes au Portugal ne se manifestent à l’occasion de la venue du Pape. Les deux personnalités les plus emblématique étant peut-être le président catholique, et le Premier ministre socialiste José Sócrates Carvalho Pinto de Sousa, qui a aussi rencontré Benoît XVI à la nonciature et avait annoncé deux jours de congés pour la venue du Pape. Ces rencontres étaient délicates sur les questions de société, après l’adoption par le Parlement portugais, le 8 janvier dernier, du projet de loi du gouvernement socialiste sur l’union entre personnes homosexuelles.

Lors de sa rencontre avec les représentants des associations engagées dans les services sociaux et caritatifs de l’Église, jeudi 13 mai, à Fatima, le Pape a dit ce qu’il pensait, mais à sa façon, – « constructive » et « sereine » dira son porte-parole -, situant le droit à la vie dans le cadre des droits de l’homme, demandant à l’Église de se soucier de qui est blessé par l’avortement, et louant « les initiatives qui ont pour but de sauvegarder les valeurs essentielles et premières de la vie, dès sa conception, et de la famille, fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme ». Les applaudissements ont interrompu cette partie du discours.
Le Pape s’est adressé « à tous les Portugais, catholiques ou non, aux hommes et aux femmes qui vivent dans ce pays, même s’ils n’y sont pas nés ». En somme, le Pape est de ceux qui construisent des ponts et non des murs et il a accompli ce tour de force – qu’il demande maintenant à l’Église du Portugal - : travailler dans la concorde, dans le dialogue, au bien commun, à la « cohésion ». Car il sait, il l’a dit à la presse dans l’avion de Rome à Lisbonne, que les « ennemis de l’Église » les plus « terrifiants », ne sont pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de l’Église, et c’est le péché.
Le Président conclut sur « l’espérance » et la « confiance » que Benoît XVI a insufflées pour relever les défis actuels. Une confiance qu’un geste a confirmée : Benoît XVI s’est vu remettre symboliquement les « clefs » de la ville de Lisbonne.

Le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, a, dès le mercredi soir 12 mai, souligné que les Portugais étaient en train de « découvrir » Benoît XVI. Ils pensaient rencontrer un pape moins « communicatif » que son prédécesseur, plus « froid », ils ont vu un pape « ami », « discret » certes, mais très « aimable », « cordial », « souriant ». Qui ouvre sa fenêtre pour bénir les jeunes et leur adresser quelques mots, à Fatima va spontanément au-devant des enfants, ou embrasse les tout-petits qu’on lui tend pour qu’il les bénisse. Au moment d’entrer dans l’avion de la TAP, il se retourne une dernière fois pour adresser de la main et du regard, en souriant, un dernier signe amical au couple présidentiel. C’est ce qu’expliquait la semaine dernière Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, en visite ad limina : autant Jean-Paul II était à l’aise devant de grandes foules, autant il était peu bavard dans les rencontres personnelles. Benoît XVI est quelqu’un qui écoute beaucoup mais qui parle aussi très facilement.

Un « voyage merveilleux », dit le P. Lombardi dont voici le diagnostic : « Ce ne sont ni les médias, ni les évêques, ni le Pape qui ont réuni des foules, mais le message de Fatima. »

La clef, c’est le 13 mai. « Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait », affirme Benoît XVI. Il tourne les regards vers le prochain anniversaire, en 2017 : « Puissent ces sept années qui nous séparent du centenaire des Apparitions hâter le triomphe annoncé du Cœur Immaculé de Marie à la gloire de la Très Sainte Trinité. » Le message, c’est prière et pénitence. L’Église a besoin de redécouvrir la pénitence, avait suggéré le Pape, en réponse aux scandales.

Sa rose d’or entourée de trois jeunes boutons traduit sa « gratitude » envers la Vierge Marie qui a inspiré aux Pastoureaux un tel amour du Pape qu’ils s’attristaient des souffrances de « l’évêque vêtu de blanc », dans la vision du « secret » dévoilée en l’An 2000. Il est venu pour se mettre à l’écoute de la Vierge Marie, se placer sous sa protection maternelle, avec l’Église, « pour prier pour notre humanité affligée par des détresses et des souffrances », pour dire son amour du Christ et pour confier à Marie « les prêtres, les personnes consacrées, les missionnaires et tous ceux qui œuvrent » dans l’Église. Couronnement de l’Année sacerdotale. Il souligne, au moment de partir, la dimension universelle de sa venue : « À Fatima, j’ai prié pour le monde entier, demandant que l’avenir soit porteur d’une plus grande fraternité et solidarité, d’un plus grand respect réciproque, d’une familiarité et d’une confiance renouvelée en Dieu, notre Père qui est aux cieux. »

Le Pape a lui aussi été impressionné par « l’accueil chaleureux », « la manière tellement enthousiaste et spontanée avec laquelle se sont créés des liens de communion » à chaque étape du voyage. Il a senti « l’amour des Portugais et leur désir de le rencontrer », par les sourires, les chants, la joie, et il en a été « très heureux » a confié son porte-parole.
Le Pape avait annoncé une visite sous le signe de l’espérance, pour proposer une sagesse – dialogue, solidarité, ouverture – et une mission, celle de « transformer le monde », comme le rappelle le titre qui barre la Une de L’Osservatore Romano des 14-15 mai : « Renouvelés dans l’amour pour transformer le monde ». À partir du Christ, et de l’eucharistie, symbolisée par le calice précieux qu’il a offert à chaque messe à l’évêque qui l’accueillait. Pour cela, le Pape ne s’est pas épargné, et il l’a expliqué à ses « frères évêques » : « Le Pape a besoin de s’ouvrir toujours davantage au mystère de la Croix, en l’embrassant comme l’unique espérance et le chemin ultime pour gagner et réunir dans le Crucifié tous ses frères et sœurs en humanité. » Voilà comment il vit ses épreuves : « Obéis­sant à la Parole de Dieu, il est appelé à vivre non pas pour lui-même mais pour rendre Dieu présent dans le monde. »

La balle qui a frappé Jean-Paul II est sertie dans la couronne de la « Reine de la paix », il en montre le sens pour nous : « C’est une profonde consolation pour nous de savoir que tu es couronnée non seulement avec l’argent et l’or de nos joies et de nos espérances, mais aussi avec le « projectile » qui symbolise nos préoccupations et nos souffrances. »
L’espérance est constitutive du message de Fatima. Le Pape emploie cette image dès son arrivée à l’aéroport de Lisbonne : l’apparition de la Vierge à Francisco, Jacinta et Lucie c’est « une fenêtre d’espérance ouverte par Dieu lorsque l’homme Lui ferme la porte ». Son message invite à « rétablir, au sein de la famille humaine, les liens de la solidarité fraternelle fondés sur la reconnaissance mutuelle du même et unique Père : il s’agit d’un dessein d’amour de Dieu ».

Si l’on voulait résumer – pardon des raccourcis dans le style de nos ados – cette espérance, on pourrait dire qu’au terme du voyage de Benoît XVI « Fatima, c’est pas fini » : la révélation de la « troisième partie du secret » aurait pu le faire croire.

Le Pape non plus « n’est pas fini », lui dont on demandait la démission et qui, surtout, a été atteint non pas tant par les campagnes médiatiques, mais par la réalité du péché sous ses formes les plus tragiques, dans l’Église, qui lui ont fait monter du cœur des larmes en rencontrant à Malte des victimes d’abus.

Les prêtres – parfois découragés par les « amalgames » et les « injustices » disaient les évêques de Belgique – ont répondu présents. Benoît XVI les a tous – plus de quatre cent mille dans le monde – consacrés au Cœur Immaculé de Marie et il leur a rappelé le nom de la fidélité dans le temps : c’est l’amour. Les vocations aussi sont là : vendredi, Benoît XVI a béni la première pierre d’un nouveau séminaire.

Les malades ne doivent pas se « sentir inutiles », dans une société qui préfère souvent l’efficacité à la fécondité. Plus encore, ils sont des « rédempteurs dans le Rédempteur ».

L’Église n’est pas « finie ». Mais pour vivre, elle doit sans cesse « proposer le Christ » et ne pas se « bâillonner » elle-même, car sa force c’est « la résurrection du Christ ». Les jeunes y prennent leurs responsabilités et leur place, visible – avec un t-shirt pour qu’on les reconnaisse dans la foule de Lisbonne – et audible ! Le Pape leur fait confiance : « Je compte sur vous et sur votre prière. »

Le Portugal, qu’on disait au bord du gouffre avec la crise grecque, a manifesté sa vitalité et sa capacité de mobilisation.
On croyait Dieu chassé de l’espace public de l’Europe sécularisée, et le voilà vivant, « visible », au cœur de la société, jusque dans les foyers inondés par les trois principales chaînes de télévisions d’images « en direct » y compris sur Internet : « N’ayez pas peur de parler de Dieu et de manifester sans honte les signes de la foi », dit le Pape. Ce qu’il fait.

« Ce n’est pas l’Église qui a imposé Fatima, mais c’est Fatima qui s’est imposé à l’Église » : Fatima a rassemblé visiblement pendant quatre jours un million de personnes, et invisiblement tant d’autres, leur ouvrant un avenir et une espérance, à l’image des Portugais qui, au temps des Grandes découvertes, portèrent avec eux la foi au Christ par-delà les océans.

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Découvrez notre dossier et nos photos sur le voyage du Pape au Portugal dans le n°3213 de France Catholique, daté du 21 mai 2010.

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