Le sanctuaire d'Oropa et la province de Biella (Piémont) - France Catholique

Le sanctuaire d’Oropa et la province de Biella (Piémont)

Le sanctuaire d’Oropa et la province de Biella (Piémont)

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Nous vous incitions la semaine dernière à faire un tour par La Salette, sur des hauteurs isolées du Dauphiné. Et si vous passiez de l’autre côté des Alpes ? Au-delà du pays d’Aoste où nos papes prennent leurs vacances, il existe une province piémontaise qui nous est proche par les origines et la mentalité. Comme chez nous, on peut y évoquer « nos ancêtres les Gaulois » (ou « nos ancêtres les Ligures ») et, dans certains villages, on y parlait encore un patois franco-provençal il y a deux générations. Le Biellais (capitale Biella, 45 000 habitants naguère surnommée « Le Manchester italien » à cause de sa prospérité industrielle) a lié son destin à celui de la Maison de Savoie (dont la capitale était alors Chambéry) dès 1379 après s’être affranchi de la tutelle des évêques de Vercelli… dans une Italie dont l’unité s’est fait attendre. On visite des villages ayant gardé des parties de fortifications médiévales, de belles églises ornées de fresques du XIIIe au XIXe siècle, des presbytères et des musées riches d’orfèvreries romanes ou de peintures de la Renaissance, beaucoup de ferronneries très ouvragées rappelant l’importance ancienne de la métallurgie locale… et, pour ce qui est parti­culièrement du Biellais, un autre patrimoine qui ne demande qu’à être mieux mis en valeur fait de quelques anciennes usines textiles ou chimiques, dont la production a été délocalisée en Asie, mais qui ont souvent su garder, au bord d’un cours d’eau ou même sur des pentes rocheuses, d’impressionnantes façades XIXe siècle, qui pourraient demain abriter de grands établissements thermaux ou des hôtels panoramiques. Il y a dans ces vallées encaissées, toute une tradition de travail artisanal et agricole (on y cultive dans la haute-plaine le riz depuis cinq cents ans : cent variétés !) qui ont façonné un peuple courageux, opiniâtre, fier de traditions culturelles maintenues. Il a fourni une main-d’œuvre d’une qualité exceptionnelle à un patronat à la fois audacieux et amoureux de ses paysages. Mais ce temps de richesses – et d’affrontements idéologiques – est dépassé. Aujourd’hui ces friches industrielles attendent leur reconversion et les personnes touchées par la crise ont été particulièrement sensibles au message de Benoît XVI, le 19 juillet dernier, dans le village de Romano Canavese (province de Turin), c’est-à-dire à moins de 100 km de chez eux, à l’occasion de la prière de l’Angélus. S’adressant à cette population du Nord de l’Italie dont il a rappelé qu’elle était « connue pour son amour et son attachement au travail », le Pape leur a dit : « Chers amis, ne vous découragez pas ! La Providence aide toujours celui qui travaille pour le bien et s’engage pour la justice. » Dans le Piémont comme partout en Europe, on s’essaie d’abord à réinventer du travail et de la valeur ajoutée, par des technologies de pointe (des tissus aux propriétés chimiques étonnantes, une industrie de chauffage à hydrogène…). Mais le tourisme apparaît comme une vocation également prometteuse. La beauté des paysages de montagne du Biellais est un énorme atout pour réinventer une vocation touristique jusqu’alors négligée (après un démarrage en fanfare à la fin du XIXe siècle et au début du XXe). La persistance de banquiers et d’industriels locaux, dont on nous dit qu’ils ont su tirer leur épingle du jeu de la crise et rester relativement solidaires doit y aider aussi. La concurrence sera dure avec tout le reste de l’Italie, mais on peut s’allier avec les provinces voisines et complémentaires de Vercelli, de Novare… jouer aussi sur la proximité des Lacs, le lac d’Orta notamment… Et Turin ou Milan ne sont pas très loin… Il y a, affirment les aménageurs, au-delà des possibilités pour les sports d’hiver dont l’extension n’est pas forcément souhaitable, tout un potentiel de tourisme écologique dans le Biellais car l’eau et l’air y sont plus purs que partout ailleurs ! On ne peut que donner son accord d’autant plus qu’outre une gastronomie typique (la polenta, des recettes à base de cuisses de grenouilles, des vins très particuliers, des fromages et des charcuteries comme en Savoie), la proximité de la neige ou des sentiers de grande randonnée, une bonne partie de ce potentiel touristique de montagne a une saveur chrétienne. Pour vos prochaines va­­cances dans le Nord de l’Italie, un conseil donc. Prenez racine une petite semaine au sanctuaire d’Oropa (1 180 m au-dessus du niveau de la mer, 14 km de Biella, 350 chambres de bon confort à prix relativement modestes et un service assuré dynamiquement et sympathiquement par les élèves de l’école hôtelière de Biella) et, si vous le voulez, rayonnez tout autour, en voiture ou en autocar, à pied, en VTT et en téléphériques ou funiculaires… Si vous allez jusqu’à Turin, comme c’est vivement conseillé, vous y pourrez voir le Saint-Suaire qui sera à nouveau exposé en 2010, ou le Valdocco (spectaculaire maison-mère des Pères Salésiens fondée par Don Bosco) et d’un point de vue purement culturel découvrir La Venaria Reale, palais dont la restauration s’achève tout juste, lui ayant rendu une bonne part d’un éclat évoquant Versailles… Oropa est lui-même un des grands sanctuaires mariaux européens. On fait remonter ses origines à une statue de la Vierge « sculptée par saint Luc », déposée dans ces hauteurs reculées au IVe siècle après J.-C. par saint Eusèbe, évêque de Vercelli qui l’avait rapportée de Terre Sainte. Le site accueille 800.000 pèlerins et 100 processions chaque année. Précédé de façades « princières », il étage son très vaste cloître sur des pentes où on trouve à mi-hauteur « la basilique antique » renfermant sa mystérieuse Vierge Noire (ce n’est pas celle du IVe siècle) et, plus haut, une église nouvelle de 3000 places avec une coupole qui, bien que relativement récente (elle a été consacrée en 1960) et malgré sa hauteur de 80 m, ne dépare pas l’extrême élégance de l’ensemble. Voilà d’ailleurs ce qui est la marque du lieu. Que ce soit le fruit du bon goût italien ou du manque d’argent dans le dernier demi-siècle, ces immenses bâtiments couverts de lauze grise ont gardé une unité architecturale, une frugalité montagnarde qui renforce l’impression de ri­gueur et d’élévation spirituelle qu’il faut beaucoup d’imagination et de regards sélectifs pour retrouver dans d’autres lieux mariaux. Sur des pentes parallèles, toutes proches, on peut péleriner sur un « Sacro Monte » récemment inscrit au patrimoine de l’humanité par l’Unesco : 12 chapelles dédiées à la vie de la Vierge et peuplées de centaines de statues polychromes, sculptées à partir de 1620. On se souvient que les « Monts Sa­crés » sont une invention des frères mineurs, les Franciscains gardiens du Saint-Sépulcre, qui voulurent créer des alternatives au pèlerinage à Jérusalem devenu impossible, en construisant des évocations originales de la Passion du Christ. Ils le firent sur trois sites à l’origine : Braga, au nord du Portugal, Montaione en Toscane et Varallo, diocèse de Novare, province de Verceil, c’est-à-dire à une heure trente de route d’Oropa. Varallo, avec sa basilique, ses 45 chapelles et ses 800 statues dont beaucoup sont des chefs-d’œuvre baroques, est le plus ancien des Monts Sacrés. Mais il y a celui qui surplombe le lac d’Orta, dédié à la vie de saint François d’Assise, celui du Rosaire à Varèse, celui de la Sainte-Trinité à Ghiffa… Avec la Contre-Réforme, c’est comme une chaîne de Monts Sacrés – une bonne dizaine – qui a été érigée tout au long des Alpes comme pour empêcher l’hérésie protestante et iconoclaste de descendre plus bas. Celui d’Oropa n’est certes pas le plus beau ni le mieux entretenu car le climat est rude mais, en pleine forêt, l’été, alors qu’on entend au loin les paisibles clarines des troupeaux de vaches rousses, il a une réelle puissance d’évocation. On trouvera de nombreux autres sites ma­riaux dans la région et spécialement dans le Biellais, qui font un « sentier de la foi » dûment balisé et qui conduit souvent au-dessus de 1000 m d’altitude avec des panoramas sur les Alpes ou la plaine du Pô vertigineux : la basilique de Graglia, le sanctuaire della Madonna della Fontana construite à Crevacuore, là où, en 1534, une bergère muette retrouva la parole en priant la Vierge représentée sur un rocher, etc. Parmi les attractions biellaises on doit particulièrement citer la « Passion de Sordevolo » où un village de 1 300 habitants se mobilise tous les cinq ans, depuis au moins 1850, pour représenter la Passion du Christ dans une mise en scène grandiose. Un amphithéâtre naturel récemment couvert accueillera à nouveau 400 acteurs et jusqu’à mille spectateurs venus du monde entier pour plusieurs représentations nocturnes ou diurnes, de juin à septembre 2010. 2010 : l’année où il faudra découvrir le Biellais à moins que vous ne vous y rendiez en éclaireurs dès cet été 2009 ? http://212.25.185.207/fra/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Biella www.torinopiemonte.com Quelques photos d’Oropa :

 

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