[*Mon Général, en 1983, en désaccord avec le gouvernement de l’époque sur sa politique de défense, vous avez démissionné alors que vous étiez chef d’état-major de l’armée de terre. Cela a un écho dans une actualité très récente… Lâcher une si haute responsabilité après 40 années passées sous l’uniforme ne doit pas être facile ! Comment avez-vous occupé votre retraite ?*]
Je veux d’abord dire que toute ma vie a été dominée par la chance. Celle d’abord d’avoir survécu alors que beaucoup de mes camarades sont tombés très jeunes. Celle ensuite d’avoir eu à mes côtés une épouse merveilleuse avec laquelle j’ai pu faire équipe. Celle aussi d’avoir toujours réussi à garder un certain équilibre entre mes préoccupations : professionnelles, ma vie de famille, mon engagement auprès des prisonniers et mes activités physiques puisque j’ai très longtemps couru à pied et marché en montagne et que je pratique toujours le jardinage. Celle surtout d’avoir bénéficié d’une éducation chrétienne et d’avoir gardé la foi, une foi aiguillonnée et cadrée depuis 1957 par notre appartenance aux Équipes Notre-Dame…
Et, pour répondre plus directement à votre question : jai fondé l’association France-Valeurs, j’ai écrit des bouquins et des articles, j’ai fait beaucoup de conférences, j’ai visité les détenus, nous avons accepté des responsabilités aux ÉND et dans l’Église. Et puis… nous avons 11 petits-enfants…
[*Un de vos livres leur est dédicacé…*]
En fait, dans mes « Lettres à mes petits-enfants sur des sujets qui fâchent », j’avais voulu inciter tous les jeunes à faire preuve d’esprit critique face au conformisme idéologique, au politiquement correct qui les menace.
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Et votre nouveau livre, « Un coup d’œil dans mon rétro », à qui est-il destiné ?*]
Quelqu’un m’a dit un jour : « Tu as rencontré dans ta vie des tas de gens très différents; tu devrais le raconter ! » Cet hiver, j’ai suivi son conseil car j’aime bien raconter des histoires. J’ai aussi trouvé piquant de présenter côte à côte des hommes de classe exceptionnelle, qui ont occupé des postes importants, et de pauvres types que la vie n’a pas gâtés. Car la réalité humaine, c’est celle-là. Je l’ai notamment vérifié, un certain 14 juillet, en quittant la réception officielle de l’Elysée pour aller faire la queue au parloir de la prison de Fresnes…
Ce livre s’adresse donc à un public très large. J’essaye surtout de faire passer un appel à l’Espérance. En tout homme, il y a du bon mais il faut savoir le découvrir. Pour cela, il faut aller vers les gens. Or, j’étais un enfant timide et réservé, pétrifié par exemple à l’oral du bac… Aujourd’hui, j’aime beaucoup m’exprimer en parlant en public et en écrivant des articles et des livres. C’est la vie qui m’a transformé. C’est le contact direct avec les autres qui m’a fait évoluer.
[*Pourquoi cet intérêt particulier porté aux prisonniers ?*]
C’est une vieille histoire. En revenant d’Indochine, je commandais un escadron en Allemagne et mon colonel m’a confié deux cas difficiles, deux garçons qui sortaient de prison et qui devaient cependant faire leur service militaire. Après quelques mois tranquilles, ils ont, l’un et l’autre, commis des actes graves. J’ai même eu à défendre l’un d’entre eux devant le tribunal militaire. En fouillant dans son passé pour lui trouver des circonstances atténuantes, j’ai découvert un pan de la misère humaine. Cela a constitué un premier déclic. Depuis, je n’ai jamais lâché cette filière qui m’a fait découvrir alors que j’étais gâté par la vie.
[*Vous publiez votre livre pour le compte de France-Valeurs. Pourquoi ?*]
France-Valeurs est une association que j’ai créée en 1986 après la parution de mon premier livre « La Foudre et le Cancer ». J’y soutenais la thèse que la défense militaire – et notamment nucléaire, la Foudre – est insuffisante dès lors que nos cœurs et nos esprits sont rongés par une sorte de cancer psychologique, moral et spirituel. Il résulte notamment de l’affadissement ou de l’oubli des Valeurs humaines fondamentales qui permettent aux hommes et aux sociétés de tenir debout. Il s’agit donc de réensemencer ces Valeurs. Cette association essaye modestement d’y contribuer. On peut trouver tous les renseignements à son sujet, et notamment tout ce que j’ai écrit, sur son site Internet :
www.francevaleurs.org
L’association ne vit que des cotisations de ses membres et de mes droits d’auteur.
* « Lettres à mes petits-enfants sur des sujets qui fâchent » est publié aux éditions Téqui. Pour se procurer le livre « Un coup d’œil dans mon rétro », il suffit d’adresser une lettre à l’association France-Valeurs – 32 rue de l’Orangerie – 78000 Versailles, accompagnée d’un chèque de 16,64 € franco de port, ou par message électronique à l’adresse
contact@francevaleurs.org
