Le retour de l'avortement - France Catholique

Le retour de l’avortement

Le retour de l’avortement

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J’ai voulu dépasser Noël pour parler de choses tout à fait désagréables mais qui, précisément, ne sont pas sans relation avec le mystère de la Nativité. Je veux désigner ainsi l’avortement que l’actualité a ramené au premier plan en France et en Espagne. Les démarches des gouvernements, à Paris et à Madrid, sont d’ailleurs strictement opposées. Tandis que, d’un côté, on veut ériger l’avortement en droit fondamental de la femme, de l’autre on veut résolument restreindre l’exercice de l’acte abortif, le circonscrire plus étroitement. Les philosophies des deux gouvernements sont antithétiques, contradictoires, et l’on ne s’étonne pas que Mme Vallaud-Belkacem se dise scandalisée par ce qui se passe outre-Pyrénées.

La ministre dite du droit des femmes veut reprendre la loi Veil qui, sous la présidence Giscard d’Estaing, a dépénalisé l’avortement et admis, sous conditions, la médicalisation de ce qu’on appelle l’interruption volontaire de grossesse. Mais la loi de 1975 ne reconnaît nullement le dit IVG comme un droit. Celui-ci est plutôt considéré comme une sorte d’exception compassionnelle, justifiée par une situation concrète de détresse. C’est pourquoi le texte de cette loi commence par le rappel du principe du respect de la vie qui demeure la règle fondamentale du droit. C’est justement cela que Mme Vallaud-Belkacem veut remettre en cause, en changeant totalement la signification de la législation. Désormais l’avortement ne serait plus un acte extrême, limite, exceptionnel, mais une pratique normale, justifiée par un droit fondamental, celui, nous précise la ministre, d’avoir « la libre disposition de son corps ».

Il n’y a même plus de débat possible. Que va devenir le droit à l’objection de conscience du corps médical ? J’ai pourtant le sentiment que la conscience ne se laissera pas si facilement écraser. La mise en scène d’une Femen à l’église de la Madeleine est très significative de ce point de vue. Il s’agissait bien d’une sorte de rituel blasphématoire qui montrait que le déni de l’enfant à naître se fonde sur le refus de la loi divine. Et que cela ne va pas sans une profonde névrose qui risque d’atteindre le corps social tout entier.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 décembre 2013.