Le prosélytisme est-il nocif ? - France Catholique

Le prosélytisme est-il nocif ?

Le prosélytisme est-il nocif ?

On s’est étonné, ces derniers temps, d’entendre le pape critiquer le « prosélytisme ». N’est-ce pas condamner l’activité missionnaire elle-même, et dissuader les chrétiens de répandre la Bonne Nouvelle ?
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Des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d’Afrique en visite chez les nomades en Algérie, non daté.

Des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d’Afrique en visite chez les nomades en Algérie, non daté.

En réalité, sous le nom de « prosélytisme », le pape vise une mauvaise manière de prêcher l’Évangile – un zèle maladroit, harceleur et contreproductif – mais évidemment pas la mission évangélisatrice elle-même. Car enfin, l’instruction qui nous est faite de proclamer le Christ ressuscité vient de haut : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19). Et saint Paul proclame ainsi le devoir des chrétiens (1 Co 9, 16) : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! »

Ne pas convertir de force

Mais comment s’y prendre ? Tout d’abord, une chose doit être bien claire : on ne peut convertir personne de force. Non pas tellement parce que ce serait « interdit » mais parce que c’est tout bonnement impossible. Un tel projet est absurde : la foi, comprise comme adhésion et engagement, est en effet un acte libre qui, de soi, ne peut être contraint par personne.

Une simple confession de bouche, extorquée sous la contrainte, ne vaut évidemment rien et viole la conscience. Les théologiens catholiques n’ont bien sûr pas attendu Vatican II pour s’en aviser. Saint Thomas d’Aquin écrivait la chose suivante : « Comme le dit saint Augustin, “on peut tout faire sans le vouloir, mais croire, seulement si on le veut”. Or, la volonté ne peut pas être forcée. Donc les infidèles qui, comme les païens et les juifs, n’ont jamais reçu la foi ne doivent pas être contraints à croire, parce que croire est un acte de la volonté » (IIa-IIae, 10, 8).

Un peu plus loin, saint Thomas précise même qu’il est illicite de baptiser un enfant contre l’avis de ses parents, car cela violerait le droit naturel de ces derniers sur leur progéniture. En revanche, « quand l’enfant commence à avoir l’usage du libre arbitre, il peut, dans ce qui est de droit divin ou naturel, se gouverner. Et alors il faut l’amener à la foi non par contrainte mais par persuasion ; et il peut, même contre le gré de ses parents, adhérer à la foi et être baptisé ».

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