Le jeune époux - France Catholique
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Le jeune époux

Traduit par Bernadette Cosyn

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« Jésus sortit avec ses diciples et traversa la vallée du Cédron pour rejoindre un jardin. » (Jean 18:1) Le Christ, nouvel Adam, va dans un jardin défaire ce qui a été fait dans un jardin. Le premier Adam avait été placé dans un jardin et avait reçu une épouse. Il s’est alors rebellé contre le Père et a abandonné son épouse. Maintenant, le nouvel Adam va dans un jardin pour obéir à Son Père et pour se donner à Son épouse. Tout le récit de la Passion – depuis l’agonie du Christ au Jardin des Oliviers jusqu’à ses dernières paroles sur la Croix – est nuptial. En l’écoutant, nous entendons combien « le Christ aime l’Eglise et s’est donné Lui-même pour elle ». (Ephésiens 5:25)

Les noces du jeune époux et de la jeune épouse requièrent des serments – des paroles par lesquelles ils se donnent mutuellement leur vie, pour le bien l’un de l’autre. Donc le mariage de Notre Seigneur débute avec des paroles de don de soi – avec une promesse, effectivement. Mais dans ce cas précis, ces mots sont prononcés au nom de Son épouse : « Abba,Père, tout est possible pour Toi. Eloigne de moi cette coupe, cependant, non pas ce que je veux mais ce que Tu veux. » (Marc 14:36) Par conséquent, Il fait définitivement don de Lui-même à Son épouse. C’est le moment où Il se soumet définitivement à la volonté de Son Père. Le premier Adam a abandonné son épouse par sa désobéissance. Le Nouvel Adam gagne son épouse par son obéissance : que Ta volonté soit faite.

Jésus avait anticipé ce moment lors de la Cène : « Ceci est mon corps, qui sera donné pour vous. » (Luc 22:19) Le don de soi dans le mariage ne consiste pas seulement en paroles mais aussi en don du corps. Le corps est une partie de ce que nous sommes et par conséquent essentiel dans le don de soi. Le mariage ne se vit pas seulement dans de belles pensées et de charmantes paroles mais dans le don mutuel des corps ; en engendrant de nouvelles vies grâce à ces corps ; en prenant soi du corps de l’autre quand la fin approche. Bon, dans le jardin, Jésus donne Son corps de façon définitive. Le serment a des conséquences physiques : «Il était dans une telle agonie et il priait avec tant de ferveur que Sa sueur devint comme des gouttes de sang tombant sur le sol. » (Luc 22:44)

Tout mariage a ses difficultés. Le premier Adam a été mis à l’épreuve par le Mauvais, qui l’a incité à ne plus faire confiance au Père et par conséquent à ne plus aimer son épouse. Le Nouvel Adam est mis de même à l’épreuve – à travers Judas, dans lequel le démon est entré : « Judas, un des douze, arriva, accompagné d’une foule nombreuse, avec des épées et des bâtons. » (Matthieu 26:47) Le Diable, qui n’a pas eu de succès dans des tentations précédentes, trouve son « temps favorable ». En infligeant la dérision, la souffrance, le mépris, et la mort, il cherche à séparer Jésus de la volonté de Son Père et de Son épouse. Mais il va se trouver de nouveau vaincu par une obéissance et une confiance toute simples : « Père, entre Tes mains je remets mon esprit. » (Luc 24:46)

Tout mariage requiert des sacrifices – la mise en application des promesses du mariage. Les vœux prononcés à l’autel le jour des épousailles sont accomplis chaque jour dans des actes sacrificiels d’amour, grands ou petits. Donc la Passion de Notre Seigneur est tout simplement la mise en application de Son serment dans le jardin. Les coups, l’interrogatoire, la dérision… la flagellation et le couronnement d’épines… le portement de Croix et la crucifixion. Qu’était tout cela sinon la mise en application de Sa promesse ? Tout était contenu dans ce don de Lui-même. Donc, au sommet de Son sacrifice, Il crie que la promesse est accomplie, vécue en totalité : « tout est accompli » dit le lectionnaire. Mais la Vulgate traduit en révélant le sens nuptial : Consummatum est – tout est consommé. (Jean 19:30)

Le sacrifice du Christ, que nous commémorons aujourd’hui, est le remède à tous nos péchés et illumine notre obscurité. En raison de la confusion actuelle qui règne au sujet du mariage, cependant, nous ferions bien de comprendre ainsi le sacrifice : Jésus, le jeune Epoux de l’Eglise, restaure la signification originelle du mariage et, par Sa grâce, rend les couples capables de le vivre. (Catéchisme de l’Eglise Catholique 1614)

Pour le dire simplement, la mort de Notre Seigneur révèle comment le mariage devrait être vécu. Sa promesse et son sacrifice sont la norme de la vie maritale. Les vœux que les fiancés prononcent le jour de leur mariage sont la promesse de donner leur vie – tout comme Notre Seigneur a promis de Se donner. Leur vie maritale devrait être la mise en application de ce don – tout comme le sacrifice de Notre Seigneur était la mise en application de sa promesse. Que sont tous les petits sacrifices et les fardeaux quotidiens sinon la mise en application des vœux ? Les mariages prospéreront et apporteront de la joie uniquement à la condition qu’ils prennent modèle sur la Croix du Christ.

Le don de Son corps – dans la chambre haute, dans le jardin, sur la Croix – remet à l’esprit ce que notre culture voudrait tant oublier : la vérité du corps humain. La contraception et la stérilisation débutent le rejet de la signification du corps. Nous avons la pleine manifestation de ce rejet dans « l’idéologie du genre » qui dit que notre corps n’est pas nous et qu’il ne signifie rien. Puisse notre vénération du corps crucifié du Christ aider à guérir cette maladie.

Dans Sa Passion, Notre Seigneur nous montre également le chemin à suivre dans les épreuves du mariage : obéir à la volonté du Père. Cette vertu toute simple Lui permet, non pas d’éviter les luttes, mais de triompher à travers elles. Nous compliquons peut-être trop les choses. Faire confiance à la vérité du mariage – indissolubilité, fidélité, fécondité – permet au couple, non pas seulement de patauger à travers les difficultés mais de triompher par elles. C’est un chemin tout simple – mais pas facile – que beaucoup négligent.

Ceci n’a pas du sens uniquement pour les couples mariés, mais pour tous les fidèles : « la vie chrétienne toute entière porte la marque de l’amour sponsal du Christ et de l’Eglise. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique 1617) Tous les croyants bénéficient des mariages bien vécus – des mariages qui obtiennent un accroissement de grâce pour l’Eglise et désignent, au-delà de ce monde, le festin des noces de l’Agneau. En ceci comme en toutes choses, le Christ-Epoux révèle la Croix comme spes unica – notre unique espérance.

Le père Paul Scalia est un prêtre du diocèse d’Arlington (Virginie) où il est vicaire épiscopal pour le clergé.


Illustration : « Etude pour la Crucifixion » par Graham Sutherland, 1947 [musée du Vatican]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/04/14/the-bridegroom/