Le dogme à une époque d'anxiété - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le dogme à une époque d’anxiété

Traduit par Bernadette Cosyn

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Il est très commun actuellement d’entendre des commentaires désobligeants à propos des dogmes et de la doctrine catholiques. Mais les récriminations concernant les dogmes sont plus dures à accepter quand elles viennent de l’intérieur, formulées par des catholiques.

Quand l’archevêque de Dublin a ordonné des diacres jésuites en 2015, il a averti : « Nous ne guérirons pas ceux dont les vies se sont écartées de Jésus-Christ en leur lançant à la tête des livres sur les dogmes. »

Et le nouveau Supérieur général des jésuites a dit récemment : « Doctrine est un mot que je n’aime guère, il porte avec lui l’image de la dureté de la pierre. La réalité humaine est bien plus nuancée, elle n’est jamais blanche ou noire, elle est en perpétuel développement. »

Ironiquement, c’est précisément parce que la réalité humaine n’est pas toute blanche ou toute noire que nous avons besoin de la réalité solide comme le roc du dogme. Indépendamment du fait que les doctrines controversées ont généralement à voir avec le Sixième commandement (nombreux sont ceux qui accueilleraient favorablement son abrogation, pour des raisons évidentes), nous ferions bien de considérer quelques-unes des doctrines « difficiles » et « rigides » de Jésus.

Par exemple, le Sermon sur la montagne présente plusieurs enseignements particulièrement difficiles. Dans le discours sur les lis des champs, Jésus dit : « Ne vous souciez pas du lendemain ; demain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » Sans douter de la vérité de Ses paroles, nous pouvons nous trouver en lutte pour essayer de les mettre en pratique.

Comment est-il possible de dissiper tant des anxiétés de la vie ?

Malheureusement, ces difficultés très réelles conduisent parfois à rejeter son enseignement.

On dit que nous vivons à « une époque d’anxiété » – exactement comme toutes les époques, je suppose. Les médias gagnent plus en vendant de l’anxiété. Les faits sans anxiété sont ennuyeux. Quand des scientifiques ont récemment découvert qu’une gigantesque poche de magma en fusion se trouvait sous l’ouest américain, à 320 km de profondeur, les journalistes ont avec diligence nourri nos peurs de cette histoire – suggérant qu’une éruption d’un volcan géant dans le Parc National de Yellowstone signifierait la fin du monde tel que nous le connaissons. Il y a plein de nouvelles de ce genre, des éruptions solaires à la baisse des taux de testostérone. Tant de choses pour lesquelles s’inquiéter, et si peu de temps.

Certaines angoisses, évidemment, sont bien plus compréhensibles, si pas exactement « raisonnables ». La santé – surtout quand on vieillit – peut causer des inquiétudes. Mais quand, après des examens, un médecin diagnostique une maladie, la sûreté du diagnostic apporte généralement un certain soulagement. La maladie peut finalement être traitée, ou au moins comprise. La certitude de la vérité est un remède à l’anxiété.

Les fermes certitudes de vie varient selon le contexte. D’un côté, notre histoire personnelle est certaine parce que des événements y ont pris place (même si la mémoire défaille) et sont devenus des faits de notre vie. Nous sommes nés ; nous avons grandi et avons été instruits ; nous avons trouvé du travail ; nous avons aimé ; nous avons souffert – les certitudes factuelles sont sans nombre.

D’un autre côté, quand nous regardons vers l’avenir, humainement parlant, il n’y a qu’une seule certitude : la mort. Peu importe la certitude que nous éprouvons que notre journée est planifiée, nous pourrions très bien ne pas nous réveiller demain. Par conséquent, les incertitudes concernant l’avenir sont sans limites et peuvent être extrêmement inconfortables. Tout parent le sait bien.

Pourtant, Jésus nous enseigne de ne pas nous inquiéter du lendemain. Il veut que nous regardions les faits de la vie – les lis des champs, etc – confiants dans la providence aimante de Dieu.

Nous savons, par le catéchisme de notre enfance, que les dogmes et doctrines de notre foi nous réconfortent avec des certitudes que nous n’aurions pas eu sans la révélation divine. En voici une : « Une femme peut-elle oublier son enfant au point de n’avoir pas pitié du fils de ses entrailles ? Le pourrait-elle que moi [le Seigneur Dieu], je ne t’oublierais pas. Regarde, je t’ai gravé sur la paume de mes mains. » (Isaïe 49:14-16)

Un autre dogme se passe de commentaire, et guide avec certitude notre chemin : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va au Père sans passer par moi. » (Jean 14:6) Si vous vous inquiétez de la situation de votre mariage, Jésus dit, à nouveau avec une certitude dogmatique catégorique : « Par conséquent, ils ne sont plus deux mais une seule chair. Ce que Dieu a donc uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Matthieu 19:6)

Sans de tels dogmes et doctrines de foi, il n’y aurait aucune clarté concernant l’avenir, hormis la perspective certaine de la mort. Comme l’écrit Flannery O’Connor, les dogmes sont de véritables « fenêtres sur l’infini ». Comme ici : « Maintenant, si nous mourons avec le Christ, nous croyons que nous vivrons également avec Lui. » (Romain 6:8)

Mais même alors que nous faisons notre possible, avec la grâce de Dieu, pour croire tout ce que Jésus nous enseigne à travers Son Eglise, nous continuons sans répit à lutter contre l’anxiété. Nous voulons vivre dans l’instant, et c’est difficile à faire dans un monde qui va trop vite. Dieu nous procure ses grâces, si nous nous ouvrons à Lui, quand nous en avons besoin, minute par minute, au jour le jour. C’est pourquoi il est si nécessaire de rencontrer le Christ de façon répétée dans la prière, les sacrements, la messe dominicale et les certitudes du dogme catholique – la révélation que Dieu nous fait de Son plan pour nous. Mais Dieu ne nous accorde pas sa grâce par avance.

Par conséquence, c’est un orgueil démesuré et coupable que de se permettre de jouer avec les enseignements du Christ ou de dénigrer les dogmes et doctrines catholiques en suggérant qu’ils sont sujets à des changements constants. Ceux qui agissent ainsi deviennent des agents de confusion et d’anxiété, sapant véritablement l’autorité du Christ.

Les doctrines de l’Eglise – en dépit de leur « rigidité » perçue – sont bonnes parce que à travers elles nous rencontrons le Christ et la providence de Dieu. Les certitudes inébranlables des enseignements du Christ ne font pas que nous guider, elles nous aident à soulager les anxiétés qui nous tourmentent journellement. Après tout, « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8:32) Pas un mauvais dogme pour la réflexion.

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Le père Jerry J. Pokorsky est un prêtre du diocèse d’Arlington. Il est curé de la paroisse Sainte-Catherine de Sienne à Great Falls, en Virginie.

Illustration : Saint Pierre

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/03/12/dogma-and-the-age-of-anxiety/