Le conflit israélo-palestinien - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Le conflit israélo-palestinien

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A moins d’une année du centième anniversaire de la « Déclaration Balfour », du nom du ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, qui, le 2 novembre 1917, s’était engagé auprès de lord Rothschild, président de la fédération sioniste de Grande-Bretagne, en faveur d’un « foyer national juif en Palestine », territoire à l’époque sous contrôle britannique, le conflit israélo-palestinien ouvert depuis 1948 n’a jamais été aussi loin – au tournant de cette année 2016 – du dénouement pacifique souhaité par ce qu’on appelle communément « la communauté internationale ».

L’espoir qu’avaient soulevé les propos de Barack Obama dans son discours du 4 juin 2009 à l’université du Caire, s’est vite dissipé. Sept années ont passé. Le « nouveau départ » promis s’est perdu dans les sables. Les États-Unis ont préféré poursuivre sur la voie du désengagement, sans que, par ailleurs, cela n’affecte la relation indéfectible avec l’allié israélien. Il est clair à présent que l’espoir du Caire ne tenait qu’à un fil : à la tonalité, à la force de suggestion et de conviction. Mais le président américain aura eu beau témoigner de son respect pour les musulmans, l’islam et ses aspects coutumiers (le voile), il n’aura pas réussi à isoler et à neutraliser les islamistes les plus bellicistes et, par-dessus tout, leurs soutiens et relais financiers et politiques. Il n’aura marqué des points que sur le terrain de la « séduction », avec le concours des médias, mais en aucun cas parmi les protagonistes du conflit, qu’il s’agisse du chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahu, demeuré sourd aux appels à cesser la colonisation, ou des principaux leaders d’un mouvement national palestinien divisé.

Et dire qu’après la signature en septembre 1993 des accords d’Oslo, la plupart des commentateurs pronostiquaient une poursuite des pourparlers jusqu’à leur conclusion heureuse ! Aujourd’hui, à la veille du 50e anniversaire de la guerre des Six-Jours, l’action diplomatique demeure au point mort, au premier plan comme, semble-t-il, en coulisses. Mais n’y a-t-il pas d’autres leviers ? En effet, c’est du moins au sein de la société civile israélienne que, fût-ce dans ses marges, se matérialisent des gestes d’apaisement et de rapprochement. Est-ce parce qu’ils sont de « faible intensité » que la presse française n’en fait pas état ? Ce n’est pas parce que les braises sont rares sous la cendre qu’elles seraient sans valeur. En témoigne l’enquête qu’a conduite Samy Cohen. C’est lui, l’auteur d’Israël et ses colombes (Gallimard), que nous avons reçu à l’antenne le 30 novembre, en même temps que Nicolas Dot-Pouillard, chercheur associé à l’Institut français du Proche-Orient, qui vient de publier La Mosaïque éclatée – Une histoire du mouvement national palestinien, 1993-2016 (Sindbad/Actes Sud). Quelques heures plus tôt, nous venions d’apprendre que Mahmoud Abbas, 81 ans, avait été réélu à la tête du Fatah, réuni en congrès à Ramallah. Dans leur livre, chacun des auteurs invités montre les ambiguïtés qui sapaient dès l’origine la portée des accords d’Oslo.
De nos jours, qui se souvient des manifestations de La Paix maintenant, un mouvement de nature inédite, forgé en écho à la paix signée en 1979 avec l’Égypte par de jeunes réservistes de Tsahal et des leaders d’une gauche encore valide ? Qui se souvient de ce cortège de 400 000 personnes qui défilèrent le 24 septembre 1982 à Tel-Aviv ? Des mobilisations d’une telle ampleur, il n’y en aura plus après 1983, lorsqu’avec la guerre du Liban apparaissent les premières fissures. Et plus la gauche israélienne s’étiole, et plus l’inertie gagne. Malgré, ici ou là, des regains d’espoir. Quand, par exemple, le Premier ministre Ariel Sharon, entreprit en 2005 le retrait des forces israéliennes et l’évacuation des colons de la bande de Gaza.

Depuis, il a fallu prendre acte du déclin, ou même de l’extinction, de La Paix Maintenant. Mais d’autres initiatives ont vu le jour entre-temps. Ainsi sont nés Le Courage de refuser (2002), Brisons le silence (2004), le Forum des familles endeuillées (1994) et, depuis 2003 associant Israéliens et Palestiniens, Les Combattants de la paix (2004), la Journée du Souvenir (2006). Samy Cohen met l’accent sur les initiatives personnelles qui voient se nouer des amitiés entre parents israéliens et palestiniens : Robi Damelin, dont le fils David a été tué en 2002, et Bushra Awad, qui a perdu le sien en 2008 ; Rami Elhanan, qui a perdu sa fille Smadar, et Bassan Aramin, inconsolable de sa fille Abir.

Si le mot « paix » n’est pas récurrent dans le langage des Palestiniens, explique Nicolas Dot-Pouillard, c’est parce qu’il ne peut être envisagé que comme le fruit d’un autre mot, d’une autre condition : la justice. Le dialogue de sourds pourrait durer indéfiniment. Sauf à lever trois blocages, indique Samy Cohen : « Tant que les Palestiniens estimeront que leur « droit au retour » est inaliénable ; tant que les Israéliens n’auront pas intériorisé la nécessité de mettre sur pied un vrai plan Marshall international, du type de celui que réclamait, en 1967, Lova Eliav ; tant que ne sera pas reconnue, ne serait-ce que symboliquement, la souffrance des réfugiés de 1948. »

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« Décryptage », Radio Notre-Dame, 100.7,

du lundi au jeudi, 18h17-19h10.

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