La tragédie franco-algérienne - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La tragédie franco-algérienne

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Le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie donne lieu d’ores et déjà à des commémorations, des débats, tandis que nous approchons du 19 mars, date du cinquantième anniversaire du cessez-le-feu consécutif aux accords d’Évian. On sait que cette date prête à controverses, parce que, notamment, les associations de rapatriés refusent qu’on considère ce cessez-le-feu comme la fin des hostilités. C’est après le 19 mars 1962 qu’ont eu lieu le massacre des harkis et l’enlèvement de centaines de Pieds-Noirs, et aussi de militaires français, dont on n’a jamais retrouvé la trace. C’est dire combien les souvenirs sont encore brûlants et combien ce qu’on appelle la guerre des mémoires peut faire rage.

Pourtant, dimanche soir, sur France 2, à la suite d’un film documentaire de Benjamain Stora, la discussion qui s’est ordonnée autour de David Pujadas est apparue sinon complètement apaisée, du moins possible entre représentants des diverses sensibilités liées à la tragédie franco-algérienne. Même si on peut faire des critiques à ce document, il est indéniable qu’il s’est efforcé de reprendre le fil des évènements avec le maximum de véracité. Rien n’était caché des aspects les plus insupportables du conflit, et les participants à la discussion pouvaient partir de cette synthèse assez objective pour énoncer chacun leur part de vérité. Ce qui frappe évidemment c’est d’abord l’accumulation de violence qui a endeuillé et blessé toutes les parties en cause. Est-il possible de reconstruire des liens après de tels déchirements ? Le seul exemple de Kad Merad, qui a prêté sa voix au film de France 2, nous inciterait à plaider la cause des retrouvailles. N’est-il pas né d’un père algérien et d’une mère française et n’assume-t-il pas ce passé qui ne passe pas, en se découvrant l’obligé d’un double héritage ? Entre France et Algérie l’histoire continue, en dépit des blessures.

Et puis en cinquante ans, il s’est passé aussi beaucoup de choses, notamment une guerre civile atroce qui a encore endeuillé l’Algérie. Les problèmes ne se posent plus comme ils se posaient en 1962. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler tout au long de cette année anniversaire, dans la prolongation de l’échange de France 2, qui inaugure peut-être une nouvelle étape de la confrontation des mémoires.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 13 mars 2012.