"La rencontre de la foi, de la laïcité et de la beauté" - France Catholique

« La rencontre de la foi, de la laïcité et de la beauté »

« La rencontre de la foi, de la laïcité et de la beauté »

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Foi et laïcité ne sont pas vouées à s’affronter mais à se rencontrer, a déclaré Benoît XVI dans sa rencontre avec les journalistes sur l’avion de Rome à Saint-Jacques de Compostelle, samedi, 6 novembre. Radio Vatican en italien souligne que dans ce domaine, pour le pape, l’Espagne joue un rôle central. Le pape a évoqué le « pèlerinage » à Compostelle et le génie de l’architecte de la Sagrada Famila de Barcelone, Antoni Gaudi.

Vérité et beauté se rencontrent

A propos du conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation, le Pape a souligné que tout en étant un pays de tradition catholique, l’Espagne est aussi un pays où la sécularisation est développée. Pourtant le nouveau dicastère a un horizon plus vaste : « J’ai pensé, par ce dicastère, a expliqué le pape, au monde entier, parce que la nouveauté de la pensée, la difficulté de penser dans les concepts de l’Ecriture Sainte, de la théologie est universelle (…). Mais il est également vrai qu’en Espagne est née aune laïcité, un anticléricalisme, une sécularisation forte et agressive ». C’est justement pour cela que le pape a souhaité que foi et laïcité ne n’affrontent pas mais se rencontrent.

Pour ce qui est du rapport entre foi, art et beauté, le pape a rappelé qu’il « insiste beaucoup sur le rapport entre foi et raison », avant d’ajouter : « la vérité, but et vie de la raison, s’exprime dans la beauté et devient elle-même dans la beauté (…). Et par conséquent là où il y a la vérité, doit naître la beauté, là où l’être humain se réalise de façon juste, bonne, il s’exprime dans la beauté. La relation entre vérité et beauté est indissoluble et c’est pourquoi nous avons besoin de la beauté (…). C’est pourquoi le dialogue ou la rencontre, je dirais, entre l’art et la foi est inscrite dans l’essence la plus profonde de la foi, nous devons tout faire pour qu’aujourd’hui la foi s’exprime dans un art authentique, comme Gaudi, dans la continuité et dans la nouveauté, et afin que l’art ne perde pas le contact avec la foi ».

La basilique de la Famille

A propos de Gaudi, génial architecte de la Sagrada Familia de Barcelone, que le pape est venu consacrer, le Pape a souligné trois éléments de ce temple extraordinaire. Le premier : « la synthèse entre tradition et créativité », car le grand architecte catalan a su « s’insérer dans la grande tradition des cathédrales » avec une vision « totalement nouvelle ».
Ensuite, le pape a fait observer que Gaudi, « a étudié et a offert grâce à ses géométries » une « synthèse entre le sens de la création, l’Ecriture et l’adoration » : un message que le pape estime « très important pour aujourd’hui ».

Troisième élément : « la dévotion pour la Famille de Nazareth » qui plonge ses racines dans le XIXe siècle. « On pourrait dire que cette dévotion d’hier est, a expliqué le pape, d’une très grande actualité, parce que le problème de la famille, du renouveau de la famille comme cellule fondamentale de la société est le grand thème d’aujourd’hui et nous indique où nous pouvons aller que ce soit dans la construction de la société ou que ce soit dans l’unité entre foi et vie, entre religion et société. La famille est le thème fondamental qui s’exprime ici, disant que Dieu lui-même s’est fait fils dans une famille, et nous appelle à construire et vivre la famille ».

En chemin, ensemble

Benoît XVI s’est également arrêté sur le sens de son pèlerinage : « Etre en chemin, a dit le pape, en nommant des villes où il a résidé par le passé, est déjà inscrit dans ma biographie ». Mais le fait « d’être pèlerin » appartient aussi à « l’essence » même de la foi : il faut parfois « sortir du quotidien, du monde de l’utile, de l’utilitarisme (…) pour être vraiment en chemin vers la transcendance ».

Le pèlerinage est toujours ainsi, a continué Benoît XVI : « non seule ment un « sortir » de soi vers le plus grand, mais aussi aller ensemble (…). Il suffit de dire que le Chemin de Saint-Jacques est un élément de la formation de l’unité spirituelle du continent européen ; là les pèlerins(…) ont trouvé l’identité commune européenne, et aujourd’hui aussi ce mouvement renaît, ce rêve d’être en mouvement, spirituellement et physiquement, de se rencontrer les uns les autres, et de trouver ainsi silence, liberté, renouveau, et de trouver Dieu ».

Natalia BOTTINEAU

Traduction des propos du Pape dans l’Avion vers l’Espagne

http://benoit-et-moi.fr