La réforme, pas une idéologie - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La réforme, pas une idéologie

Église

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© Antoine Mekary / Godong

L’échange de lettres entre le cardinal Marx et le pape ne pouvait qu’atteindre l’Église dans son ensemble, à cause de la gravité d’une question qui va bien au-delà de la situation des seuls catholiques allemands. Rappelons en deux mots que l’archevêque de Munich-Freising avait envoyé sa lettre de démission au Saint-Père, en raison de sa gestion de la crise engendrée par la révélation des crimes de pédophilie dans le clergé. Le cardinal reconnaissait sa propre défaillance en même temps que celle d’une hiérarchie responsable de manquements systémiques. François n’a pas tardé à répondre, en refusant cette démission, mais surtout en insistant sur l’attitude spirituelle qu’il fallait susciter face à pareille catastrophe.

« Toute réforme commence par soi-même, écrit-il, la réforme dans l’Église a été faite par des hommes et des femmes qui n’ont pas eu peur d’entrer en crise et de se laisser réformer par le Seigneur. C’est la seule voie possible, sinon nous ne serions que des “idéologues de la réforme” qui ne mettent pas leur propre chair en jeu. Le Seigneur n’a jamais accepté de faire la réforme (permets-moi d’utiliser l’expression) ni avec les Pharisiens, ni avec les Sadducéens, ni avec les Zélotes, ni avec les Esséniens. Il l’a fait avec sa vie, avec son histoire, avec sa chair sur la Croix. »

François rappelle ainsi ce qui devrait être une vérité d’évidence pour les chrétiens mais qui est souvent omis en faveur de mirifiques projets de réforme. Tout commence par la conversion personnelle, la prise de conscience de la profondeur de la faute. Ainsi que l’exprimait David dans ce qui est devenu le psaume de la pénitence : « Contre toi, toi seul j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait. »

Il peut arriver aussi que se forment, selon l’expression de saint Jean-Paul II, des structures de péché, qui atteignent un ensemble ou une collectivité. Dans ce cas, la démarche de conversion se doit d’engager la collectivité pécheresse. François parle encore dans sa lettre d’une honte qui guérit : « Nous sommes sauvés en ouvrant la porte à celui qui peut le faire et en confessant notre nudité. J’ai péché, nous avons péché… »

Un synode qui suscite des craintes

Nous n’en sommes donc pas à envisager des réformes structurelles ambitieuses, des refontes de l’institution. Ramenés au pur Évangile, il faut nous pénétrer du mystère pascal, du passage de la mort à la résurrection. C’est un préalable absolu avant que nous ouvrions tous les dossiers nécessaires. L’Église en Allemagne est actuellement dans une démarche synodale, qui peut susciter bien des craintes. N’est-ce pas à une autonomie doctrinale et morale que certains voudraient aboutir et qui constituerait un déni d’orthodoxie ? Or, pour François il ne s’agit pas de mettre en cause l’intégrité du corps ecclésial. Il parle même, in fine, de sa propre mission de successeur de Pierre. Pierre, qui déclare au Seigneur : « Éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur. » Et qui reçoit tout de suite la réponse : « Fais paître mes brebis. »