La réalité des Molenbeek français déjà déniée… - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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La réalité des Molenbeek français déjà déniée…

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En déclarant en termes mesurés qu’il existe « une centaine de quartiers en France présentant des similitudes potentielles avec Molenbeek », le ministre de la Ville a provoqué une de ces polémiques hors-sol et absurdes qui montrent l’état d’une partie de la classe politique française. Ancien maire-adjoint de Lille, Patrick Kanner s’est pourtant expliqué clairement sur la signification de la référence à ce quartier de Bruxelles : « une concentration énorme de pauvreté et de chômage, un système ultra-communautariste, un système mafieux avec une économie souterraine, un système où les services publics ont disparu, un système où les élus ont baissé les bras ». Cependant, il a déclenché un concert cacophonique qui traduit une grande confusion des esprits.

Est-ce l’isolement du pouvoir, l’esprit d’abstraction théorique des énarques socialistes, ou bien une certaine pusillanimité ? A l’Elysée, François Hollande lui-même l’a désapprouvé, estimant que « ce genre de comparaison doit être évité », afin que ces propos « ne soient pas instrumentalisés »… A l’inverse, Manuel Valls a estimé avec son expérience d’ancien maire de grande banlieue que « ce qu’a voulu dire Patrick Kanner sur les processus d’enfermement, de communautarisation et de radicalisation… tout cela existe, bel et bien »…

En revanche, les apparatchiks du Parti socialiste ont joué les pudeurs offensées : en sortant la médication d’usage du « Pas d’amalgame », Julien Dray a appelé à rejeter les formules qui « stigmatisent »…, et l’honorable Monsieur Cambadélis, patron de l’appareil, a cherché à minimiser la dimension du phénomène de l’emprise islamiste en la réduisant à un format allant de la « poche » (?) à la taille maximale d’une « rue »…, en passant par celle de l’« immeuble », plus rassurante… Mais qu’on n’aille pas parler de quartiers, pour ne pas effrayer ! Cependant, le député maire PS de Sarcelles, un autre homme de terrain, donnait entièrement raison à Patrick Kanner, pour avoir dit « les choses telles qu’elles sont ». Démarche il est vrai peu politicienne…

A l’inverse, quelque part au milieu du paysage, sans qu’on sache très bien où, le représentant des « centristes » de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, sans doute habitué à porter d’épaisses lunettes noires même par temps de brouillard, déniait la réalité, se déclarant perturbé par la déclaration. Plus courageux, le député LR Hervé Mariton a salué le « diagnostic lucide » du ministre de la Ville. Mais de toute évidence, aujourd’hui en France, la lucidité ne fait pas l’unanimité… Et c’est bien dommage…