Nous avions le 21 avril pour la gauche, nous avons maintenant le 23 avril pour la droite ! Pourtant, nous ne sommes pas dans le même cas de figure. En 2002, l’arrivée en seconde position de Jean-Marie Le Pen avait été une surprise, en 2017, la surprise, c’est de voir Marine le Pen en seconde position. Emanuel Macron se retrouve en position de force, il a même fêté son élection avec ses amis à la Rotonde à Paris… sans doute de façon un peu précipitée et choquante, car dans une élection à deux tours, comme dans un match de football, il faut attendre le coup de sifflet final pour fêter la victoire.
Cette précipitation lui sera reprochée et la comparaison avec le Fouquet’s de Nicolas Sarkozy a fait mouche. Autre différence notoire par rapport à 2002, Marine le Pen et le Front National sont à ce point intégrés dans le jeu démocratique qu’aucune manifestation d’envergure n’a eu lieu. Le Front National ne fait plus tellement peur, et la certitude de gagner pour l’ensemble des soutiens d’Emmanuel Macron permet de relativiser. Il faut dire que Marine le Pen a bien peu de chances de l’emporter. Elle a contre elle la quasi-totalité des familles politiques. Tout au plus, certaines d’entre elles laissent le choix à leurs électeurs soit de voter Macron, soit de s’abstenir ou de voter blanc. De même, Jean-Luc Mélenchon a surpris et agacé en ne donnant pas une consigne de vote claire en faveur d’Emmanuel Macron dès le soir du premier tour.
Alors, comment vont réagir « les gens » comme dirait l’illustre Jean-Luc ? La gauche votera massivement pour Emmanuel Macron puisqu’il est le fils naturel de François Hollande. Idem pour le centre et les Républicains de centre droit. Il en va différemment pour l’extrême gauche qui voit en Emmanuel Macron le champion des banques et de cette méchante finance internationale qui n’hésite pas à faire fermer des usines rentables en France pour améliorer encore ses profits. Le peuple de droite attaché aux valeurs conservatrices a aussi du mal à se reporter comme un seul homme sur le leader d’En Marche. Ils ont eu le mariage pour tous avec Hollande et voient bien qu’ils auront tout le reste avec Emmanuel Macron. Ces électeurs de droite, frustrés d’une victoire qui n’aurait pas dû leur échapper sans les déboires judiciaires de leur champion vont-ils voter Macron ? S’abstenir ou voter blanc ? Franchir le pas et voter Marine le Pen ? Tout est possible.
C’est pourquoi Emmanuel Macron a fait une faute en fêtant la victoire dès le 23 avril, cela ne l’empêchera pas de gagner le 7 mai, mais certainement beaucoup moins largement que Jacques Chirac en 2002. Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
Loïk de Guébriant
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