La morale toujours - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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La morale toujours

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Le discours répétitif sur la moralisation de la vie politique pouvait laisser espérer un retour en grâce de la morale, mais force est de reconnaitre qu’on n’en prend pas le chemin : Car s’il est vrai qu’il n’y a pas de morale sans actions, il n’y en a pas non plus sans fondements. Or le vide sidéral qui nous est proposé en matière de solutions est à la mesure de l’absence du socle sur lequel elles reposent ; exemple : le gouvernement va proposer une loi alors que tout existe déjà dans l’arsenal législatif que nous possédons. Et depuis quand décrète-t-on la moralité ?

La conscience morale de la personne ne se fait pas en un jour ; elle a au contraire besoin d’être éduquée et informée, comme l’enseigne la tradition catholique : or le problème est que les seuls critères qui comptent pour juger de la valeur d’une personne sont la réussite matérielle et la compétence technique : il est flagrant, à ce propos, que les rumeurs qui auraient pu écarter Jérome Cahuzac, ont été balayées au profit de sa compétence et de son intelligence jugées primordiales. L’affaire DSK avait déjà montré, il n’y a pas si longtemps qu’il serait pourtant judicieux d’intégrer le critère de la moralité pour évaluer une personne à qui est confiée la conduite des affaires publiques ; mais la leçon n’a été retenue, ni comprise. Aujourd’hui, non seulement on veut ordonner la moralisation de la vie politique d’un coup de baguette magique, mais on ne veut pas comprendre qu’elle ne peut être traitée à part d’un corps social, dont elle est l’émanation et dont tout prouve qu’il est autant malade que son personnel politique : comment expliquer autrement, par exemple, que la direction du très select hôtel Lutetia avait prévu d’accueillir en ses murs l’opération de promotion d’une clinique américaine spécialisée dans la gestation pour autrui ?

Pour se réconcilier avec le monde politique qui ne mérite pas plus que d’autres d’être montré du doigt, je vous propose de fermer votre télévision qui offre le spectacle lamentable de règlements de compte plus dignes d’un film de gangster série B que d’une démocratie civilisée et d’ouvrir deux livres commis par deux plumes du président précédent. Le plus convaincant n’est pas celui qu’on attendait : Camille Pascal est à la fois trop dans la vénération de son ex souverain et de sa propre personne pour éclairer le fonctionnement de ce haut lieu de pouvoir ; Marie de Gandt, jeune universitaire proche intellectuellement de la gauche a la naïveté de la néophyte qui laisse tomber peu à peu ses a-priori idéologiques, pour approcher en vérité de la difficulté de conduire les affaires publiques dans un monde de plus en plus complexe et rapide; elle a l’honnêteté de reconnaître les qualités humaines de personnes qui ne sont pourtant pas de son bord et réussit à démontrer que le pouvoir lui-même est corrupteur, tout autant que l’argent, et qu’il faut donc une force morale nourrie et entrainée pour y résister, et cela, quelle que soit sa couleur politique. Mais cela ne s’improvise pas, il y faudra du temps, et la nécessité de réviser de fond en comble nos critères d’appréciation.